18 février 2015, 17:22

TOTO : "Toto XIV"

Retour en demi-teinte

Album : Toto XIV

Quand TOTO annonce sa reformation, fin 2013, la surprise est presque aussi grande que le nouveau PINK FLOYD l’été dernier. Et quand en plus on apprend qu’un nouvel album est dans les tuyaux, on ne peut que se réjouir, même si "Falling In Between", sorti il y a presque 10 ans, clôturait leur carrière à l’époque, de la plus belle des manières.

Inutile de présenter le groupe : musiciens de studio redoutables, ayant officié un peu partout, de Boz Scaggs à Lionel Richie, en passant par Michael Jackson, le groupe est à l’origine de gros tubes planétaires (« Rosanna », « Africa »…) et a connu plusieurs changements de line-up.
En 2015, en dehors du noyau immuable (Lukather et Paich en tête), c’est désormais le retour de Joe Williams derrière le micro pour la première fois depuis 25 ans, celui de David Hungate à la basse et l’arrivée de Keith Carlock (STEELY DAN, Sting…) derrière les fûts, après le départ de Simon Phillips l’an dernier. Dire que ce disque est attendu relève de l’euphémisme : d’abord annoncé pour fin 2014, c’est donc au début du printemps qu’il sort enfin. L’attente est énorme… et le plancher, savonneux, comme souvent dans ces cas-là.

La marque de fabrique du groupe est immuable depuis ses débuts : refrains imparables, production impeccable et arrangements soignés. Or, ce qui frappe ici d’emblée à l’écoute de "Toto XIV", c’est le côté offensif et presque heavy (« Running Out Of Time », « Holy War »…). On reconnaît ici clairement la patte de Lukather mais le problème est que l’on a connu le guitariste beaucoup plus en forme sur ses albums solo. Les mélodies sont à la peine et les titres ont beau tabasser (« Unknown Soldier »), et être surarrangés, ils ne décollent jamais vraiment. Seul « 21st Century Blues » (qui fait penser à d’autres blues déjà entendus chez Lukather, dont « Extinction Blues » sur l’excellent "Candyman"), sort un peu son épingle du jeu grâce à un refrain correct et agréable, sans plus. En parlant de refrain, celui de « Burn », autre titre du guitariste est en revanche criard et particulièrement pénible. On passera ensuite rapidement sur des morceaux de remplissage dispensables comme la ballade un peu mièvre « The Little Things » ou le carrément inutile « Fortune » pour se consacrer sur les trop rares chansons qui méritent que l’on s’y attarde un peu. Il y a une jolie ballade, « All The Tears That Shine », qui évoque « Lea » sur "Farenheit", mais qui brille plus par la délicatesse de ses arrangements que par sa mélodie. C’est en fait sur les compositions plus élaborées et moins attendues que le groupe excelle encore, à l’image de « Orphan » et ses différents breaks imprévus et réussis (comme ceux de « Unknown Soldier », au demeurant) ou de « Chinatown » (dont la rythmique rappelle furieusement « Georgy Porgy »), chanté à trois voix et qui est sans doute le meilleur titre de l’album. C’est en effet dans ce genre que les Américains font toujours montre de leurs inépuisables ressources techniques : ruptures de tempo, changements de voix, de tons, d’harmonies : on n’a décidément pas à faire à des néophytes, ces messieurs connaissent leur métier et cela s’entend. Une mention spéciale au morceau final, « Great Expectations », où l’influence de David Paich est évidente : composition à tiroirs, de près de 7 minutes, complexe, technique et très progressive dans l’âme.

Certes, le groupe a connu quelques rares creux de vague ("Tambu", "Mindfields") mais ces albums recelaient malgré tout leur lot de pépites. Ici, on aura beau creuser et chercher on ne trouvera hélas pas grand chose. "Toto XIV" est donc le premier véritable faux pas dans une carrière jusque là quasi irréprochable. Ce n’est pas un mauvais disque pour autant : s’il s’agissait du premier album de débutants, on le qualifierait  même de très prometteur.

Mais voilà, TOTO a dépassé ce stade depuis 35 ans et nous a habitués à beaucoup mieux depuis.

Blogger : Pierre Graffin
Au sujet de l'auteur
Pierre Graffin
Un samedi de 1983, un concert diffusé aux "Enfants du Rock", sur Antenne 2 (cela ne nous rajeunit pas !) : une tournée de GENESIS, celle de l'album où figure "Mama", titre qui fut élu, en son temps, le plus "heavy" de l'année par la presse "hard rock" (le terme "metal" n'était pas encore tellement de mise !) unanime. J'ai su, ce soir-là, ce que j'avais toujours voulu entendre sans jamais pouvoir le définir. A suivi une longue quête, éternellement inachevée, du "Saint Graal" musical. HARD FORCE, avec BEST puis, plus tard, ROCKSTYLE, furent autant de bibles pour moi dans cette soif de connaissance. C'est grâce à eux, notamment, que mes goûts, d'abord très "prog'" s'élargirent à d'autres horizons, du hard mélodique à des répertoires plus "heavy". Ce sont eux, aussi, qui m'ont inculqué l'envie d'écrire pour la musique (ROCKSTYLE, PROGRESSIA...).
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2 commentaires

User
Alain Delacre
le 19 févr. 2015 à 20:45
Tout d'abord, merci pour l'intérêt porté a l'égard de TOTO, qui restera un groupe représentatif du travail effectué durant ces dernières décennies (37 ans de carrière....and many more as possible), certes votre compte rendu est assez objectif aux vues de ce que l'on ou balance a longueur de journées sur les ondes les plus écoutées, néanmoins je voudrais souligner dans ce bref commentaire la légèreté des propos quand au travail effectué par cette bande de zikos confirmés, qui, au passage ont quand même raflé pas moins de 6 grammy awards pour l'écriture, la réalisation, la production, et les ventes.........d'un seul album en 1982 , pour info TOTO IV (a consommer sans modérations), certes les musiciens vieillissent et la musique se doit d'évoluer, et force est de constater que TOTO XIV a plus pour saveur auditive, des échos californiens réchauffés que du bon rock actuel, sachez, en outre que cet album symbolise a mon sens l'alchimie réunissant les ingrédients de l'amitié soudée (paich/luke/hungate/williams), le respect de la musique, les scènes partagées avec Mr Mike PORCARO (basse) pour info, connaissez-vous son histoire ainsi que son état de santé?....le dernier ingredient, je le réserve a celui sans qui cette aventure fabuleuse n'aurait jamais eu lieu et sans lequel, vous n'auriez jamais pu écrire votre article, MONSIEUR JEFF PORCARO, dont je vous invite a consulter le palmarès et discographie. ce dernier fait également l'objet d'un hommage a travers un titre de ce dernier album (je vous laisse deviner). Donc, pour en clôturer, je voudrais souligner le courage face au manque de la présence de la meilleure section rythmique que notre globe ait connu, a pouvoir jouer un album de ce renom, ou s'entremêlent respect, musique, travail pro, je crois foncièrement que ces personnes ne cherchent plus a plaire ou a remplir les bacs, mais simplement a véhiculer leurs vécus, a travers de belles rencontres, les mauvaises surprises que la vie nous sert chaque jour, mais malgré tout......continuer pour nous, pour vous , en espèrent foncièrement que mon commentaire pourra trouvé maigre place sur votre site, encore merci pour votre attention particulière..............VIVE TOTO.......................
User
Laurent Jaffré
le 05 mars 2015 à 06:38
si " tambu " est un album du creux de la vague , euuuh.... comment dire....je prefere me mefier de cette chronique , et me faire mon propre avis...
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