1 février 2016, 21:09

Steven Wilson

@ Paris (Palais des Congrès)


Un an après son passage triomphal à l’Olympia, Steven Wilson est de retour à Paris, dans le cadre plus inhabituel du Palais Des Congrès (13 ans que votre serviteur n’y avait pas mis les pieds, depuis un concert de KING CRIMSON). Toujours largement centré autour de son dernier véritable album, « Hand.Cannot.Erase. » (2015), et même plus encore car il sera cette fois interprété en intégralité (seul le court interlude “Transience” avait été écarté lors du précédent passage) et d’une traite lors du premier set qui lui est consacré, la soirée en comptant deux pour une durée totale de 2h45 de musique !

Nous ne sommes donc pas dépaysés lors de l’épique “3 Years Older”, si ce n’est que le son est moins bon qu’à l’Olympia (où l’on atteignait rien de moins que la perfection !), et que l’ambiance est elle aussi très différente, beaucoup plus calme. Il faut dire que le bel amphithéâtre moderne de la Porte Maillot, bien que proposant une excellente vue de la scène, a le désavantage d’être en configuration intégralement assise. Wilson ne s’y trompe d’ailleurs pas, là où il déclarait l’an dernier au public parisien qu’il était l’un des plus enthousiastes, il déclare cette fois : « Cette salle est un peu étrange non ? Cela fait bizarre de vous voir tous assis et silencieux. Ça nous ferait du bien de profiter de votre énergie… même si notre joie ne se verrait probablement pas vu que nous sommes anglais ! ».

De quoi dérider la salle et d’emblée de remarquer que, s’il prend au fur et à mesure de sa carrière de plus en plus confiance sur scène, Wilson a franchi un énorme cap de ce côté-là, étant aujourd’hui pleinement épanoui et parfaitement à l’aise, donnant presque dans le stand-up à la manière de son compère Mike Akerfeldt (avec moins de brio cependant !). Mais le grand changement du soir est indéniablement le remplacement de Marco Minneman à la batterie par Craig Blundell, et le virtuose Guthrie Govan remplacé à la guitare par son ami Dave Kilminster, pas vraiment un novice non plus, le bonhomme ayant joué, entre autres, les parties de David Gilmour sur les dernières tournées de Roger Waters consacrées à PINK FLOYD – de quoi situer le personnage !

Des petits nouveaux à l’approche différente de leurs prédécesseurs mais tout aussi excellents, même si, malheureusement, le mixage les dessert quelque peu, la guitare de Kilminster étant beaucoup moins forte que celle de Wilson, l’exemple le plus flagrant ayant lieu sur la dantesque doublette “Home Invasion/Regret #9”, où Kilminster assure comme un dieu mais voit son solo étouffé par le son de la rythmique massive de Wilson, ce dernier nous gratifiant au passage également d’un solo aérien du plus bel effet avec sa pédale de volume, et le claviériste Adam Holzman de nous éclabousser également de toute sa classe. Pas présente sur toutes les dates de la tournée, la chanteuse Ninet Tayeb est parmi nous ce soir et interprète seule au chant le magnifique et poignant “Routine” en s’imprégnant très bien de son rôle en étant même parfois en parfaite synchronisation avec le film projeté en fond de scène pour illustrer les chansons. Elle revient plus tard sur le très noir “Ancestral” et rejoindra le groupe sur ce second set, qui, après une pause de 15 minutes, débute au son du “Drag Ropes” de STORM CORROSION, une très bonne surprise !

On poursuit dans les autres projets de Wilson, avec “Open Car” de PORCUPINE TREE, une nouvelle occasion de constater la puissance du son de guitare de Wilson ce soir au détriment de ce pauvre Kilminster ! L'EP « 4 1/2 », vient de sortir et nous avons droit ce soir à ses 2 titres les plus marquants, le très accrocheur “My Book Of Regrets” et l’instrumental “Vermillioncore”. Toujours aussi tonitruante, la version remaniée d’“Index” à laquelle on avait déjà eu droit l’an dernier et que l’on retrouve ici avec plaisir comme seule rescapée de « Grace For Drowning » (2011). Wilson évoque ensuite la période triste que traverse le monde du rock et de la pop avec cette série de disparition, tout en signalant qu’à Paris, avec les événements récents, cette période est encore plus sombre bien évidemment. Steven Wilson tient à rendre hommage à David Bowie, dont la disparition l’a particulièrement touché, en lui dédiant son “Lazarus” à lui, celui qu’il a écrit avec PORCUPINE TREE il y a douze ans, la coïncidence étant que le dernier single de Bowie se nomme lui aussi “Lazarus” et que le personnage dans la chanson de Wilson se prénomme David.

Seul titre des années 90 de la soirée, “Don’t Hate Me”, extrait de “Stupid Dream” (1999), suit dans la version présente sur le nouvel EP avec Ninet au chant sur le refrain. Après le ravageur “Sleep Together”, le groupe revient pour un rappel réjouissant, tout d’abord en livrant un nouvel hommage à Bowie en signant une très belle reprise de “Space Oddity” accompagné de Ninet Tayeb, très à l’aise sur ce titre. Wilson demande alors au public de se lever, au moins le temps d’un de ses rares titres catchy comme il dit, à savoir “The Sound Of Muzak”. Ce concert très long et où l’on n’aura pourtant jamais vu le temps passer (bon signe !), s’achève avec le désormais classique absolu, un de ses meilleurs titres selon Wilson lui-même, qu’est “The Raven That Refused To Sing”, de quoi mettre un magnifique point final à cette très belle soirée ! On est seulement en février mais on a déjà l’impression d’avoir assisté à un des tous meilleurs concerts de l’année !


Galerie complète par Marjorie Coulin dan le portfolio.


Blogger : Laurent Reymond
Au sujet de l'auteur
Laurent Reymond
Passionné de musique (et de basket-ball), j'ai fondé mon webzine Heavy Music en 2004 afin de partager mon avis sur l'actualité musicale, tenter de poser des questions pertinentes à mes musiciens favoris et mettre la lumière sur des formations chères à mes yeux. De 2008 à 2012 j'ai officié au sein de Rock Hard, avant de revenir à Heavy Music cette même année et de participer depuis 2014 à l'aventure Hard Force. Une manière de boucler la boucle pour moi, lecteur assidu de la version papier de Hard Force dans les années 90, mon magazine de chevet pendant l'enfance et l'adolescence. Metal, Hard-rock, Classic-rock, Rock sudiste, Stoner, Doom, Rock Progressif, Blues, Jamband, Funk, Jazz...peu importe, pourvu que la musique soit bonne, organique et personnelle !
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