19 septembre 2016, 18:58

METALLICA

"Back To The Front" - la chronique du livre de Matt Taylor

1986. Trois ans seulement après la sortie de « Kill ’Em All », son premier album en forme de coup de poing (ou de “sodomie métallique”, remember “Metal up your ass”), METALLICA est en passe de devenir un groupe majeur. Grâce à « Master Of Puppets », successeur de « Ride The Lightning » (1984), aujourd’hui encore considéré comme le point culminant de leur discographie, rien ne semble pouvoir arrêter ceux que l’on surnommera les Hommes en Noir.

Ils ont une petite vingtaine d’années, ils ont défini un genre musical – le thrash –, ils sont morts de faim, possédés, ils ressemblent à leurs fans qui leur vouent une admiration sans bornes grâce à d’incessantes tournées dans des salles de plus en plus grandes qui affichent désormais sold-out et ils sont sur le point de réaliser l’impensable : atteindre les 500 000 ventes (soit le statut de disque d’or) aux USA sans le soutien d’aucun grand média. Juste grâce au bouche-à-oreille, à leur force de frappe en live et à la presse spécialisée qui les encense.

Du jamais vu à une époque où Internet n’existe pas, encore moins les réseaux sociaux, et où la toute-puissante chaîne MTV qui ne diffuse que du hard US n’a que mépris pour le thrash. De toute façon, METALLICA ne mange pas (encore) de ce pain-là et ne sortira son premier clip, “One”, qu’en 1988. Et ce sera un événement. Mais ceci est une autre histoire.

A l’image du “Crazy Train” d’Ozzy qui, en les prenant en première partie de la tourné américaine de « The Ultimate Sin », leur a permis de toucher un plus large public, rien ne semble pouvoir les arrêter. Jusqu’au 27 septembre, sur une petite route quelque part du côté de Ljunby, en Suède. Il est 6h45 et tout le monde dort dans le tour bus quand le chauffeur perd le contrôle du véhicule. S’est-il assoupi ? A-t-il, comme il le soutiendra toujours, roulé sur une plaque de glace noire, cette mince couche de verglas invisible pour les conducteurs ? On ne le saura jamais. Cliff Burton, 24 ans, sera le seul à ne pas sortir de l’épave. Ce qui hante encore aujourd’hui Kirk Hammett qui aurait dû se trouver dans la couchette occupée par le bassiste. Cliff, la star, celui que James Hetfield et le soliste en particulier admirent et respectent plus que tout, le king of cool. Celui dont le charisme, sur scène et dans la vie, force le respect. Qui est l’un des maîtres d’œuvre de la griffe METALLICA. Cliff’ em all… La fin de l’innocence pour des musiciens qui, aspirés par la spirale du succès, se sentaient sans doute indestructibles. La vie, qui est une garce, est là pour leur rappeler que ce n’est pas le cas.

Back To The Front…, qui emprunte son titre au refrain de “Disposable Heroes”, un des morceaux phares de « Master Of Puppets », commence par ce tragique épisode de la carrière de METALLICA qui aurait pu signifier la fin du groupe. Les minutes s'égrènent jusqu'au moment où se produit l’irréversible. Mais bien que l’ombre de Cliff plane sur les 274 pages de ce pavé de 2 kilos, l’heure n’est pas au pathos. Papa Het, qui signe le préambule, a beau débuter par : « I MISS CLIFF!!! » (Cliff me manque !) et Ray, le père du bassiste aujourd’hui âgé de 91 ans, signer un émouvant épilogue dans lequel il explique à quel point l’amour que porte toujours la METALLICA family à son fils le touche, c’est de vie et de passion dont il est question.

On y retrouve quatre jeunes hommes dans un van qui jamais n’auraient osé imaginer qu’un jour, ils deviendraient l’une des plus grandes formations de metal au monde. On découvre leur vie, leurs galères, les relations entre musiciens et, surtout, la période 1985-1986, années de genèse de « Master… », de sa sortie et de la tournée qui s’ensuivit. Le livre regorge d’anecdotes savoureuses qui rappellent aussi que ce n’est pas un hasard si les Californiens avaient gagné le surnom d’“Alcoholica”…

A travers les centaines de photos tirées des archives personnelles des musiciens mais aussi envoyées par des proches et des fans, de lettres, textes originaux de lyrics, passes, etc., Back To The Front… est un véritable voyage dans le temps. Sans DeLorean, sans Marty ni Doc, mais en compagnie de James, Lars, Kirk et leur garde rapprochée, leurs proches et amis des débuts. Il y a les parents de Cliff, sa petite amie, Jim Martin, ex-guitariste de Faith No More, Mike Bordin, batteur de FNM et d’Ozzy, Flemming Rasmussen, le producteur de l'album, John Marshall, le roadie guitare et futur METAL CHURCH qui se retrouvera sur scène avec METALLICA quand Hetfield se cassera le poignet en skate, ou encore Charlie Benante et Scott Ian d’ANTHRAX qui les accompagnent sur le “Damage Inc. Tour”.

Sans oublier des témoignages de fans, principalement américains. Même si la barrière de la langue a certainement joué, il est dommage – et c’est le seul reproche que l’on peut adresser au livre réalisé de main de maître par Matt Taylor – de ne pas avoir inclus quelques souvenirs de Français, les quatre hommes ayant dès le départ été accueillis à bras ouverts sur le vieux continent en général et chez nous en particulier.

Au-delà du formidable moment passé en compagnie des musiciens, ces “chroniques du front” sont également un instantané. Celui d’une époque à tout jamais révolue où un groupe ne devait sa réputation, si ça n’est qu’à son talent du moins à sa propension à partir à la rencontre de son public, encore et toujours. Et, pour ceux qui ont grandi avec James & Co, ceux qui les ont découverts avec leur premier album et les ont fidèlement suivis, ceux qui sont de la même génération qu’eux, c’est aussi une façon de revivre au travers de ce livre leur adolescence et leurs 20 ans. La frénésie des concerts, la fierté de faire partie de leurs fans et de “savoir” que METALLICA était un groupe immense, certainement promis à un bel avenir, l'attente des magazines dans lesquels on aurait des news, une chronique de concert, une interview peut-être ou un poster... Mais les plus jeunes ou ceux qui les ont découverts plus tard ne devraient pas bouder leur plaisir non plus.

Disponible officiellement depuis le 13 septembre dans sa version anglaise, le livre, baptisé Back To The Front, L’Histoire officielle de l’album et de la tournée Master Of Puppets, sera disponible en France le 21 octobre. Essentiel !
 


 

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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1 commentaire

User
KillMunster
le 19 sept. 2016 à 16:54
Bel article qui donne envie de lire un bouquin qui, pourtant, ne m'attirait pas tant que cela au départ !
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