Papa Emeritus III et ses Ghouls anonymes nous font l’offrande d’un EP intitulé « Popestar » en cette période qui s’annonce automnale. Il s’agit du prolongement narcissique de leur dernier et excellent album en date, « Meliora », dans l’attente du prochain, à venir l’année prochaine. Jouant sur les mots "pop" papesques, le choix mystique des titres des reprises mais aussi sonore est particulièrement curieux, judicieux, un peu aventureux même ! Le groupe continue son ascension artistique. Il commence, en même temps que la sortie de ce mini-album produit par Tom Dalgety (PIXIES, ROYAL BLOOD, KILLING JOKE...), une longue tournée nord-américaine qui va se poursuivre en Europe.
« Popestar » est résolument orienté musicalement sur les trois premières lettres de son titre, ambiance année 1980, avec une chanson originale et quatre reprises. "Square Hammer” a tous les ingrédients GHOSTiens, tant au niveau de la musique, des mélodies que des arrangements. Papa et ses acolytes sont dans le BLUE ÖYSTER CULT rencontre ABBA avec des éléments métalliques. Du tout cuit pour la scène ! Des mots bien choisis au bon moment « Right here, right now » !
Parlons du sujet épineux qui a agité les réseaux sociaux depuis la sortie de l’EP : les quatre reprises. Elles forment un bloc et génèrent probablement des frustrations chez certains fans, des réponses euphorisantes chez d’autres et encore plus de haine chez les haters… Mais ainsi va la vie, la frustration place l’individu dans l’attente de la réalisation de quelque chose qui ne se fera pas. Freud avait d’ailleurs écrit : « La frustration trouve toute son utilité à l’épanouissement de l’individu. Elle serait à l’origine des plaisirs et susciterait ainsi le désir. » Et ça, GHOST sait le faire.
"Nocturnal Me", du post-punk d’ECHO AND THE BUNNYMEN datant de 1984, est repris en plus punchy par le groupe avec cette atmosphère mélancolique, planante. Papa récite "I Believe" comme une prière. Ce titre de SIMIAN MOBILE DISCO, un groupe anglais de musique électronique de 2007, issu de l’album « Attack Decay Sustain Release », est complètement revisité à la sauce GHOST. Surprenant dans tous les sens. "Missionary Man", un des (derniers) hits d’EURYTHMICS de 1986, met en avant le côté crooner de Papa version seconde partie de ses concerts. C’est plus rock que l’original avec toutefois la voix féminine groovy, funky, bluesy en chœur et un solo d’harmonica saturé. La grosse surprise de cette étoile papale est le dernier titre biblique. C’est "Bible" du groupe suédois post-punk/new wave des années 1980 IMPERIET (qui a eu une carrière de 1983 à 1988). GHOST est sublimé par ce titre. Tout d’abord parce qu’il aurait pu l’écrire et que sur scène, ce sera un grand moment de communion qui file des frissons sur le refrain babylonien. Si vous ne ressentez aucune émotion (positive) à son écoute, réécoutez leur titre "He Is", puis repassez-vous la bible. Epique et grandiose.
Papa Emeritus IV prendra probablement le relais avec le prochain album. La pop de cet EP n’est en rien prédictive de la suite des choses. La trace mnésique eighties de « Popestar » va au-delà de nos conflits psychiques les plus enfouis et nous fait découvrir des sensations sonores que nous n’envisagions même pas. "Bible" m’a "tuer" !
