Contrairement à ce qui est indiqué sur la page promo accompagnant cette compilation « The Sleeping Gods – Thorn », les sept titres proposés ici par ENSLAVED sont certes rares du fait de l’édition limitée des 2 EP dont ils sont tirés, ils ne sont cependant pas disponibles pour la première fois en album. Pire, les cinq extraits de « Sleeping Gods » sont déjà sortis en 2011 sous la forme d’un EP digital téléchargeable gratuitement sur le site de Scion A/V (qui avait également fait le coup à l’époque avec des titres exclusifs d’IMMOLATION et REVOCATION si je ne m'abuse). Ce qui n’affecte en rien la qualité de la dite compilation, je vous rassure, mais cela se devait d’être souligné afin d’en avoir conscience au moment d’en démarrer l’écoute.
Ce qui est sûr en revanche, c’est que les morceaux proposés ici sont bons. Très bons même, si l’on s’en réfère aux deux derniers, issus de l'EP « Thorn » qui montrent un ENSLAVED en mode retro, oeuvrant dans un style glacial et dépouillé, bourré de trémolos que l’on jurerait voir exhumés de la vague norvégienne du début des années 90. Que ce soit cette flûte, inquiétante, qui traverse la partie centrale de "Striker " tout comme ses rythmiques boursouflées, chaque note ici délivrée renvoie aux premiers pas du groupe. Quant à "Disintegrator", il enfonce le clou sans ménagement là où ça fait mal avec son côté direct, sauvage, sans compromis. On jurerait voir ces deux-là, hirsutes et vindicatifs, sortis du studio Grieghallen dans ses moments de sombre gloire avec Pytten aux manettes. Dix minutes qui résonnent comme une vraie bouffée d’air vicié dont l’on se régale à pleins poumons, perdu quelque part dans une forêt montagneuse envahie par le brouillard et le froid.
Je suis un poil moins enthousiaste sur la partie composant « Sleeping Gods », tout simplement parce que celle-ci s’inscrit dans la droite lignée de « Vertebrae » et « Axioma Ethica Odini », sans véritable surprise. Trois titres aux allures de face B qui en donneront pour leur argent à ceux et celles qui portent ces deux albums en haute estime. Si vous voulez quelques sensations par ici, vous devrez vous en remettre aux envolées ambiant du mystérieux "Synthesis", parcourus d’étranges murmures sur plus de six minutes ou ce "Nordlys" surprenant, avec ses accents prog rock un peu désuets mais qui constitue un instrumental de qualité, plutôt appréciable.
Voilà ce qu’il ressort de cette compilation. Un premier EP, « Sleeping gods », qui se situe plutôt dans la lignée de ce que faisait nos cinq guerriers en 2010 et un second, « Thorn », déroutant, qui renvoie aux premiers efforts du groupe. J’ai une nette préférence pour celui-ci qui remet l’espace d’une dizaine de minutes à l’ordre du jour un savoir-faire ancestral qui fleure bon la Norvège du début des années 90. L’hiver s’annonce rude…