20 janvier 2017, 17:21

ANNIHILATOR

"Triple Threat"

Album : Triple Threat

Petits mangeurs, passez votre chemin car le master chef canadien Jeff Waters, à la tête de l’établissement réputé ANNIHILATOR (maison fondée en 1984) a mis les petits plats dans les grands afin d’offrir un menu roboratif mais néanmoins digeste à tous les amateurs de thrash metal fin et technique. « Triple Threat » est par le détail un menu entrée, plat, dessert et qui, comme au Scrabble, compte triple quand vient l’heure des additions.

Le premier CD est un live enregistré lors de l’édition 2016 du Bang Your Head Festival qui se déroule en Allemagne et qui comprend onze titres puisés dans le large répertoire du groupe. Prestation en festival et temps de jeu oblige, les morceaux présents font la part belle aux valeurs sûres telles que "King Of The Kill", "Set The World On Fire" et aux morceaux ultra-cultes "W.T.Y.D." (acronyme pour Welcome To Your Death), "Never, Neverland", "Alison Hell" ou un "Phantasmagoria" – et son solo en tapping dantesque – en guise de final. Non moins efficaces sont les versions de "Second To None" ou "Refresh The Demon" que l’on a toujours plaisir à entendre ou encore un récent et efficace "Creepin’ Again" tiré du dernier album studio en date, « Suicide Society », paru en 2015. Nul besoin de s’appesantir plus avant car c’est du live et on ne va pas « refaire le match » comme le dit si bien le commentateur sportif Saccomano. En tout cas, ça va… droit au but.

Pour contrebalancer avec le feu laissé en bouche par cette entrée, il vous est proposé un deuxième disque d’une durée de 45 minutes et renfermant 10 titres joués en acoustique et en compagnie d’invités, à l’instar d’un ami de longue date du patron qui officie derrière le micro, Marc LaFrance (celui-ci est également le… batteur de Randy Bachman). Ces sessions ont été enregistrées au domicile de Jeff Waters dans les bien-nommés Watersound Studios. Se focalisant sur les morceaux les plus mélodiques du catalogue et, surtout, aptes à subir cette transformation, le choix est du coup – presque – inattendu et remet en lumière des morceaux pas/plus joués en live de nos jours et surtout que l’on a connus en version électrique. Ainsi, "Bad Child", "Innocent Eyes" ou "Holding On", pour ne citer que ces trois-là, sont revisités et parfaitement interprétés. "Sounds Good To Me", morceau traitant des addictions diverses de Waters par le passé, supporte parfaitement bien la transposition et est à l’arrivée l’un des meilleurs titres de cette session unplugged. Moins évidente, "Snake In The Grass" étonne mais dans le bon sens. Quelques classiques avec "Stone Wall" ou l’incontournable "Phoenix Rising" (on se serait étonné de ne pas la trouver sur la liste) et surtout la magnifique "Crystal Ann" jouée ici en trio de guitaristes uniquement. 

La troisième et dernière partie de ce luxueux digipack est un DVD/Blu-ray (selon l’édition choisie) qui contient en format vidéo les prestations des deux CD ainsi que plusieurs documentaires.  Concernant la partie live au Bang Your Head Festival, rassemblement à taille humaine et qui contraste avec le gigantisme d’un Wacken ou d’un Hellfest français, la décontraction affichée de Jeff alliée à la précision de son jeu (sans compter qu’en plus, le bonhomme gère le chant depuis le départ de Dave Padden) nous font passer un très bon moment. Si on ajoute que la captation son est excellente, on a là une heure qui file sans que l’on s’en aperçoive. Bémol ensuite (♭ en musicologie) car le set acoustique a contre lui le fait qu’il est un tantinet soporifique à regarder. L’immobilisme des musiciens, tous assis, et l’ambiance paisible du jeu unplugged ont d’ailleurs failli avoir raison de moi la faute à, je l’avoue, l’heure tardive à laquelle j’ai effectué le visionnage. En d’autres circonstances, cela n’a pas l’effet somnifère que j’évoque. On voit que les musiciens, Waters en tête, prennent du plaisir à ce qu’ils font et petite jubilation, les "pains" ont été conservés, ce qui n’est habituellement pas le genre de la maison au vu de la précision nécessaire pour un bon rendu de la musique d’ANNIHILATOR.

C’est tout bête mais ça fait plaisir à entendre et le groupe s’en amuse même. Dans la foulée, on a un commentaire de Jeff Waters sur les titres joués et dans lequel le guitariste se montre franc, honnête et dévoile une partie plus intime de lui. « Kudos » pour lui ! On conclut avec le mini-documentaire – 1 heure quand même. Pour le format mini, on repassera mais on ne s’en plaint pas – qui nous permet de faire connaissance avec le groupe, chaque musicien ayant une partie bien à lui afin de raconter son parcours et son rapport à ANNIHILATOR. On peut également y voir quelques figures connus du thrash tels que Mike et Schmier, du groupe DESTRUCTION ou le bassiste de MEGADETH, Dave Ellefson, qui ne tarissent pas d’éloges sur le guitariste. Jeff Waters s’ouvre aussi à ses souvenirs d’enfance et on voit le groupe passer quelques moments fun à la plage ou sur un circuit de karting ainsi qu’une partie plus dispensable avec des témoignages de fans envoyés depuis le Canada, l’Allemagne ou bien la Pologne. Pour finir, une session questions/réponses clôt ce documentaire loin d’être ennuyeux et placé sous le signe de la bonne humeur.

Vu la qualité et la quantité de matière que l’on trouve dans ce « Triple Threat », on ne peut rien trouver à y redire et l’achat est largement amorti lorsque l’on a fini le visionnage et l’écoute des presque 5 heures qu’il contient. Dave Ellefson le rappelle d’ailleurs dans le documentaire et il a bien raison : « ANNIHILATOR rules ! »

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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