4 mai 2017, 19:00

AT THE DRIVE-IN

"In•ter a•li•a"

Album : In•ter a•li•a

Vous aimez le death mélodique et le thrash ? Ah… pas de bol car là je vais vous parler de… ben je ne sais pas trop... Trêve de plaisanterie, parlons d’un groupe qui avait disparu depuis 17 ans et qui effectue son grand retour : AT THE DRIVE IN.

Les origines de la formation remontent à 1993, dans le garage d'Omar où les garçons ont répété en boucle. Passant de concerts improvisés et illégaux à El Paso (Texas) aux clubs locaux, ils ont rassemblé peu à peu un grand nombre de fans fidèles. Trois albums, puis le silence. Après cette parenthèse désenchantée l’occasion nous est donnée de les retrouver. Verdict de ce « In•ter a•li•a » ?

Bienvenue dans un univers de post-punk énervé. Attention à ne pas confondre avec celui de la pop énervée. AT THE DRIVE IN est plus un héritier de la scène underground grunge, un écho des clameurs écorchées des AFGHAN WHIGS, MUDHONEY ou FUGAZI que de FRANZ FERDINAND ou THE HIVES.

L’album ne fait pas l’économie sur la sueur et l’énergie. "No Wolf Like The Present" et "Continuum" sont des directs enrobés de larsen. Voilà un retour à un rock minimaliste et abrasif qui va à l’essentiel : guitare, basse et batterie n’ont aucune retenue. Le tout baigne dans un chant révolté, une poésie urbaine déclamée à toute vitesse, dans l’urgence la plus totale. "Tilting At The Univendor" est un morceau qui rappelle à mon souvenir le choc qu’avait été ma découverte avec les AFGHAN WHIGS.

Autre moment très fort, cette virée entre des paysages peints au néon et meublés de fantômes humanoïdes : "Governed By Contagions". Des fulgurances à la SONIC YOUTH en pleine face ! Mmh… une basse entêtante et une frappe de fou me rappellent les rodéos électriques de ma jeunesse. Vous avez en plus introspectif et limite desert-rock la ballade "Ghost-Tape NO.9", où la voix de Cedric Bixler-Zavala est hypnotique et suave. Une perle.

Si on veut résumer le groupe, l’album aussi car il constitue une vitrine parfaite pour appréhender le combo, prenons "Incurably Innocent". Musicalement c’est à contrecourant du politiquement correct que peut être un rock "easy listening", c’est tellement plus riche au final, avec ses duels de guitares saturées qui chatouillent impertinemment et à contre-sens une rythmique déjantée, omniprésente et punk. Certes dompter cet album, y prendre du plaisir n’est pas chose aisée. "Call Broken Arrow" et son introduction électro, suivie d’un déchaînement sonique, demande de la pratique auditive.

Vous l’avez compris, la philosophie de AT THE DRIVE IN est de caresser le chat dans le sens contraire du poil. Cet album est une pépite. Non pas une pépite de jouissance instantanée, plutôt une invitation à la réflexion musicale, les morceaux ayant tellement de facettes qui brilleront pour nous suivant l’angle du soleil. Des punks qui pensent me demanderez-vous ? Oui, il suffit de partir à leur rencontre sur leurs terres, autrement dit rendez-vous… AT THE DRIVE IN !

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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