10 mai 2017, 16:05

DEEP PURPLE

"Infinite"

Album : Infinite

Quel est l'avenir de DEEP PURPLE ? Nul ne le sait pour l'heure, le groupe restant évasif sur ce qu’il compte faire après sa prochaine tournée mondiale, intitulée "The Long Goodbye Tour". Après tout, nous sommes en 2017, et des formations remettant le couvert après avoir annoncé leurs adieux, à l'heure actuelle, il y en a pléthore ! Peut-être même peut-on voir là le message caché de la superbe pochette de cet « Infinite » ? Ce voyage vers une terre inhospitalière invitant le groupe à se défaire de son passé pour découvrir mille mystères cachés aux yeux du monde. La fin d'une ère se mêlant au début d'une autre... Toujours est-il que DEEP PURPLE n'a peut-être pas dit son dernier mot et c'est tant mieux ! Car je ne vous cache pas que j'ai toujours eu un petit faible pour la légende britonne et que sa cote auprès des médias, toujours plus enclins à valoriser ses collègues de LED ZEPPELIN ou BLACK SABBATH, m'a souvent laissé circonspect.
Vrai, DEEP PURPLE a toujours paru prétentieux aux oreilles des faiseurs d'opinion de la musique qui fait du bruit, comme si évoluer dans cette sphère vous condamnait à la perpétuelle recherche du bruit et de la fureur. Qui, pourtant, pourrait prétendre que les échappées "classisantes" du triptyque composé de « In Rock » (1970), « Fireball » (1971) et « Machine Head » (1972) n'ont pas posé les bases d'un genre communément appelé "heavy metal" ?

Produit, comme son prédécesseur « Now What?! », par l'énaurme Bob Ezrin (on ne change pas une équipe qui gagne !), « Infinite » est une œuvre subtile et envoûtante. Peut-être un peu moins énergique que ce « Now What?! » qui avait marqué les esprits par sa fougue et sa créativité, le nouveau (et dernier ?) disque du Pourpre Profond ne surprend pas moins par quelques audaces... à commencer par celle qui ouvre les débats : l'introduction en forme de "prière" passée au vocoder de “Time For Bedlam” ! Passée la surprise d'un prologue mystique (quoique pas très orthodoxe !), ce premier titre rassure immédiatement par son côté "classic Purple" : la frappe caractéristique de Ian Paice, le swing de Roger Glover, la patte mélodique de Steve Morse, les claviers volubiles de Don Airey et... la voix de Ian Gillan ! Hum, hum ! Je vous l'accorde, le vieux lion n'est peut-être plus très rugissant, mais désormais conscient de ses limites, il pose des lignes de chant moins démonstratives que par le passé (mais qui n'ont rien perdu de leur chaleur !), sur des mélodies que ses collègues ont l'intelligence d'adapter à ses capacités. On sait le groupe intelligent. Suffisamment, aussi, pour épicer sa musique de rythmes sautillants comme sur “All I Got Is You” ou de superbes nappes progressives comme sur “Birds Of Prey”. Ce n'est d'ailleurs pas le seul clin d'œil à ce courant présent sur « Infinite »...

“The Surprising”, sans doute LE titre de « Infinite », nous emporte dans un tourbillon sonore époustouflant, mêlant passages calmes et plus fougueux sur lesquels la paire Don Airey/Steve Morse se livre d'improbables duels. 6 minutes de folie pure que n'aurait pas reniée DREAM THEATER ! Un bon moyen de rappeler que DEEP PURPLE a eu (au moins) autant d'influence que KING CRIMSON ou YES sur le genre mené par le Théâtre du Rêve. Bien sûr, tout n'est pas de cette acabit sur « Infinite », loin s'en faut même, et si votre serviteur goûte assez le groove de “Hip Boots”, convenu mais efficace, il s'emmerde profondément à l'écoute du poussif “Get Me Outta Here” (c'est le cas de le dire !) et de l'insipide “On Top Of The World”. "On ne peut pas gagner à tous les coups", me direz-vous. Certes. Mais la présence de tels morceaux couplée à celle de chansons comme “Johnny's Band” ou “One Night In Vegas”, plaisantes mais pas non plus à même d'engendrer un enthousiasme débridé chez un auditeur exigeant (et les fans du Pourpre Profond le sont !), ne manque pas de susciter des questions sur la vraie teneur de ce « Infinite ».
A-t-on affaire à un grand album de DEEP PURPLE ou à l'album de trop ? Eh bien, la réponse se situe ailleurs. DEEP PURPLE a choisi de se faire plaisir (car le plaisir de jouer des vieux briscards est bien palpable !) tout en tentant de contenter (oooooh, les jolies allitérations !) ses fans. Si l'on considère que c'est peut-être la dernière fois, et au vu de l'extrême qualité d'une bonne moitié des morceaux, « Infinite » est une des belles surprises de ce premier semestre 2017.

Blogger : KillMunster
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KillMunster
KillMunster est né avec le metal dans le sang. La légende raconte que quand Deep Purple s'est mis à rechercher un remplaçant à Ian Gillan, le groupe, impressionné par son premier cri, faillit l'embaucher. Avant finalement de se reporter sur David Coverdale, un poil plus expérimenté. Par la suite, il peaufina son éducation grâce à ses Brothers of Metal et, entre deux visionnages d'épisodes de la série "Goldorak", un héros très "métal" lui aussi, il s’époumona sur Motörhead, Lynyrd Skynyrd, Black Sabbath et de nombreux autres ténors des magiques années 70. Pour lui, les années 80 passèrent à la vitesse de l'éclair, et plus précisément de celui ornant la pochette d'un célèbre album de Metallica (une pierre angulaire du rock dur à ses yeux) avant d'arriver dans les années 90 et d'offrir ses esgourdes à de drôles de chevelus arrivant tout droit de Seattle. Nous voilà maintenant en 2016 (oui, le temps passe vite !), KillMunster, désormais heureux membre de Hard Force, livre ses impressions sur le plus grand portail metal de l'Hexagone. Aboutissement logique d'une passion longuement cultivée...
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1 commentaire

User
UncleFester
le 11 mai 2017 à 07:09
visiblement cet album ne laisse pas de glace…
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