« Alors ça, si ce n’est pas une pure association de malfaiteurs, j’m’y connais plus ma pauv’ Lucette ! ». POWERFLO est en effet composé de grosses pointures et de gros bras. Faisons les présentations : tout d’abord avec le chanteur Senen Reyes plus connu sous le nom de Sen Dog qui officie chez CYPRESS HILL (aux côtés de B. Real qui lui, joue en ce moment avec PROPHETS OF RAGE). Puis arrivent Billy Graziadei (BIOHAZARD) et Roy Lozano (DOWNSET) aux guitares, ces trois-là couplés au bassiste Christian Olde Wolbers (ex-FEAR FACTORY) et au batteur Fernando Schaefer (WORST). Des sidérurgistes confirmés à l’exception de Sen Dog qui serait plutôt du genre bûcheron, lui qui s’enfume le cornet avec des blunts de la taille de troncs d’arbre… Timber ! Et ce disque de POWERFLO alors, maintenant que l’on connait le pedigree de ces chiens de guerre ? N’oubliez pas le guide à la fin de la visite, merci.
On avait eu un aperçu du (power) flow de Sen Dog sur une rythmique en metal suite à la connexion que CYPRESS HILL avait effectuée avec VELVET REVOLVER et le remix du morceau "Rap Superstar" en "Rock Superstar". C’est donc plein d’assurance que celui-ci prend le mike et chevauche la rythmique tissée par le supergroupe derrière lui. "My M.O." est un parfait titre d’intro avec un refrain presque neo-metal. Il pose les jalons et les enfonce bien dans le sol. Sur "Resistance", les premières secondes trompent l’ennemi et lorsque le titre démarre vraiment, c’est pour éliminer toute résistance justement. Ça tape dur et on est dans le hardcore pour de bon (toutes proportions gardées, je vois déjà les puristes froncer le sourcil). Les guitares qui tissent la trame de "Where I Stay" évoquent aussi bien l’univers de BIOHAZARD (dans le son de Billy) que celui de Sen Dog avec quelques notes qui rappellent les samples familiers qu’on trouve dans le hip-hop. Juste les « na na na » du refrain qui tapent un peu sur le système. Le sautillant "Crushing That" confirme le côté pop qu’on entend ci et là depuis le début. Ça fonctionne, alors pourquoi pas ?
"Less Than A Human" plus anecdotique que le reste s’oublie vite. N’y pensez pas une seule seconde, "The Grind" n’est pas du grind. Si vous êtes familiers des sonorités US de groupes tels que SKILLET ou SHINEDOWN, vous y êtes. Le chant rappé en plus. Le concis "Victim Of Circumstance" est un des meilleurs morceaux de cet album avec une rythmique précise. On ne révolutionne pas le genre bien sûr mais pourquoi faire compliquer quand on peut faire simple ? "Made It This Way" est à nouveau un titre dispensable (seul le refrain sauve – un peu – les meubles) et on accueille avec plus de plaisir un "Finish The Game" qui, bien que doté d’un riff rappelant un des titres précédents, n’en est pas moins bon. Grosse claque avec le sombre "Up And Out Of Me". Là, ce sont ET la musique ET les paroles qui sont pachydermiques. Un titre rouleau-compresseur qui aurait mérité d’avoir des petits frères. Bien qu’il évoque « commencer une guerre », la dernière piste de ce premier album éponyme, "Start A War", n’est pas vraiment une déclaration de guerre. Une querelle au mieux et une déception de finir ainsi.
Bilan : surprenant dans le/les style(s) empruntés par POWERFLO sur ce premier essai, si tant est qu’il l’ai vu ainsi. Vu le curriculum vitæ de ses membres, on aurait pu s’attendre à une castagne constante et il n’en est (presque) rien. Parti pris du groupe de prendre à contre-pied l’auditeur et volonté de créer un style qui leur est propre ? Il faudra demander au groupe.
Comme dit, cela ne réinvente pas la poudre mais la fait parler suffisamment souvent pour avoir envie de poursuivre la découverte et que POWERFLO mette enfin avec un deuxième album les poings dans les "i". Sur scène par contre, ça doit méchamment faire mal...