28 juillet 2017, 15:11

ACCEPT

• "The Rise Of Chaos"

Album : The Rise Of Chaos

Pilier indéboulonnable de la scène metal depuis bientôt 40 ans, ACCEPT revient avec ce qui pourrait être l’un de ses meilleurs albums toutes époques confondues. « The Rise Of Chaos » est une bombe à dix fragmentations, dix pour le nombre de chansons la composant et de l’aveu même de Wolf Hoffmann, guitariste et fondateur de l’institution germanique, les précédents albums qui ont œuvré au retour en grâce de la formation – coïncidant également avec l’arrivée de leur nouveau chanteur – étaient de qualité, mais trop longs. Cette fois, ACCEPT choisit de faire moins mais mieux. Les titres dotés de refrains mémorisables dans l’instant et qui sont voués à une carrière live sont légion et – forcément – les soli sont toujours ciselés et tranchants comme la lame évoquée sur le percutant titre d’ouverture, "Die By The Sword".

On ne sait pas qui est concerné mais quand on a besoin d’une personne autant qu’un trou dans la tête ("Hole In The Head"), c’est qu’elle n’est pas dans nos petits papiers. Ce morceau oui par contre, car il bastonne ce qu’il faut et fait un trou dans la nôtre pour s’y implanter durablement. La chanson-éponyme permet à Mark Tornillo de pousser dans les aigus lors du refrain et le sujet de ce titre annonce le fil rouge du disque : le démantèlement progressif de notre société par la violence liée aux actions politiques et religieuses notamment, "la montée du chaos" comme signifie le titre.
La chanson suivante, "Koolaid", ne vante pas les mérites de cette boisson en poudre américaine au goût de cerise (comparable au Tang que les plus vieux d’entre-vous ont pu connaître) mais relate une tragédie survenue en 1978 au cours de laquelle les adeptes d’un gourou nommé Jones se sont donné la mort (dont des mères tuant elles-mêmes leurs enfants) en buvant du Koolaid mélangé à du cyanure, afin d’en faire passer le mauvais goût. Glaçante histoire autant qu’effroyable mais l’un des meilleurs morceaux de cet album.

Wolf connait Edith Piaf (NDR : lire l’interview), et lui non plus ne regrette rien. Que ce soit dans sa vie privée comme professionnelle – ainsi qu’il le précise dans l’entretien que nous avons mené en sa compagnie – et il le grave pour la postérité avec "No Regrets", même si un léger vent de mélancolie flotte sur ce refrain. Exécrant la technologie sans avoir d’autre choix que de vivre avec, Tornillo chante qu’il est un "Analog Man" et qu’il est « né dans une cave où la stéréo était le summum ». Plus légère que les autres chansons de ce disque très souvent sombre dans l’ensemble des sujets abordés, elle n’en est pas moins rentre-dedans et remplit sa mission principale : faire headbanger.
Y réfléchir à deux fois est le point de départ de "What’s Done Is Done" qui souligne que lorsque le mal est fait, il n’y a plus de retour possible et qu’il faut en accepter toutes les conséquences. Ce sentiment de mélancolie évoqué plus haut revient à nouveau sur "Worlds Colliding" et surtout "Carry The Weight" dont les refrains appuyés par des chœurs sobres mais bien présents (c’est le cas sur tous les titres) enfoncent un clou déjà planté solidement depuis le début du disque. Vouée à l’extinction notre race ? Vu la tournure des choses, nous sommes en droit de nous poser la question et ACCEPT choisit de refermer ce disque avec ce titre-constat, "Race To Extinction".

Disque actuel, social et politique (pas de prise de position mais un questionnement bienvenu) car ancré dans l’actualité de ces derniers mois et années de par les sujets qu’il aborde, « The Rise Of Chaos » culmine à 46 mn et laisse l’auditeur sous le choc de ces dix morceaux d’une force constante. Exit les titres de remplissage et les durées proches de l’heure (ou plus) nuisant à la concentration nécessaire pour apprécier un disque.
ACCEPT frappe un très grand coup, prouve qu’il faudra encore compter longtemps avec lui et on ne peut que s’en réjouir. Rendez-vous début 2018 pour la promotion de ce disque sur les scènes européennes, et en tête d’affiche s’il vous plaît…

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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