4 août 2017, 14:48

Marty Friedman

"Wall Of Sound"

Album : Wall Of Sound

Marty Friedman est un guitariste intéressant. Et pas uniquement parce qu'il fut le soliste d'un MEGADETH au faîte de sa gloire (de 1990 à 1995) puis au creux de la vague (de 1996 à son départ du groupe en 1999). Non. Car ceux qui ne le connaissent qu'à travers le prisme du groupe de Dave Mustaine sont passés à côté d'une pléthore de disques extraordinaires, qui ont souvent acquis un statut "culte" auprès de nombreux amateurs d'albums instrumentaux... ou pas, d'ailleurs ! Ainsi, « The Natives Are Restless » de son premier groupe, HAWAII, sorti en 1985, « Speed Metal Symphony » de CACOPHONY, en compagnie du génial Jason Becker (1987) ou son premier album solo, « Dragon's Kiss » (1988) recèlent de titres inspirés, lumineux, sur lesquels la guitare du lutin à la longue tignasse bouclée s'exprime dans ce style si particulier, aux influences venues d'Extrême-Orient (il est une véritable icône au Japon où il réside depuis plusieurs années), oscillant sans cesse entre lyrisme et fougue thrash.

Eh non, Friedman ne s'est pas mis au speed en rejoignant les protégés de Vic Rattlehead, il l'a toujours eu dans le sang ! Son apport à MEGADETH fut immense et le groupe lui doit peut-être même plus qu'il ne lui doit, lui. Mais passons. L'autre force de Marty est qu'il fait toujours preuve d'une diversité de styles, d'humeurs, à travers lesquels il réussit à chaque fois à exprimer le sien, si riche en émotions. Ainsi « Scenes » (1992) proposait une musique quasi-ambient, à des lieues de sa velocité habituelle, atteignant des sommets de lyrisme que ses concurrents, pourtant virtuoses, ne parviennent que rarement à effleurer. L'un des tout meilleurs albums instrumentaux selon votre serviteur...

Que nous réserve donc « Wall Of Sound », treizième album solo du maestro ? Un premier morceau démentiel qui démarre sur les chapeaux de roue avant de laisser place à un break atmosphérique dont seul l'ami Marty (à ne pas confondre avec Mimie Mathy, il est quand même plus grand !) a le secret. “Self Pollution”, puisque c'est de lui dont il s'agit, se termine avec la cavalcade rythmique par laquelle il avait commencé, le tout accompagné d'un solo incisif. Décoiffant ! Tout autant que “Sorrow And Madness”, sur lequel le sieur Friedman joue les duettistes avec le violoniste des BLACK VEIL BRIDES, Jinxx, pour un résultat sublime, mêlant douceur et violence. “Tristesse et folie”, on vous dit !

“Streetlight”, l'instrumentale suivante, aurait pu figurer sur « Dragon's Kiss » tant le lyrisme qu'elle dégage rappelle les meilleurs moments du premier effort solo de l'ex-soliste de MEGADETH. Une constante, d'ailleurs, de ce "Mur du son" qui renoue avec les premières amours de Marty, après quelques albums plus foncièrement brutaux. Non pas que ce disque délaisse les fulgurances thrash du guitariste (il en regorge !), mais il laisse plus d'espace aux mélodies, aux plages calmes. C'est encore le meilleur moyen de profiter des lames de fond d'une musique que votre serviteur a toujours trouvé plus excitante que celle d'un certain extraterrestre, amateur de surf justement ! Question de goût...

“Whiteworm” est construite autour d'une progression de notes qui rendent les quelques 4 minutes que dure l'instrumentale presque hypnotiques. Une fois encore, le break mélodique du milieu tirerait des larmes à un bûcheron. “For a Friend” continue de jouer sur notre corde sensible avec ses fragiles notes. Un morceau de la trempe de “Namida (Tears)”. Puis c'est au tour de “Pussy Ghost” de prendre l'auditeur par surprise avec son ambiance presque angoissante. Les changements de rythme, nombreux, renforcent l'impression d'être sur un grand huit et la mélodie, à nouveau bien présente, couplée à des blast beats rageurs vous emmène loin, très loin. Étrange et beau. “The Blackest Rose” reprend les thèmes chers à Friedman dans un esprit néo-classique proche de CACOPHONY, avant de faire place à “Something To Fight”, la seule chanson de l'album, sur laquelle Jorgen Munkeby, vocaliste de SHINING, livre une prestation remarquable... et pas uniquement au chant puisqu'il signe en milieu de morceau un solo de saxophone qui répond de manière incroyable à la guitare de son hôte ! Le bonhomme devient coutumier du fait puisqu'il avait déjà réalisé pareille performance sur le titre “Meat Hook”, tiré de « Inferno » (2014). Encore une belle réussite qui rappelle sur les couplets un certain ANNIHILATOR !

“The Soldier” arrive à point nommé pour nous démontrer la passion que Marty voue au Japon, pays dont il maîtrise la langue et dont il possède une connaissance quasi-encyclopédique de la culture, avec une intro au violoncelle qui aurait pu sans peine accompagner un film d'Akira Kurosawa. Sublime ! “Miracle”, très classique dans sa construction, se distingue par de très beaux choeurs en fin de morceau, et c'est enfin au tour de “The Final Lament” de conclure l'album de manière grandiloquente. Un titre sur lequel il n'est pas exagéré de dire que le guitariste tutoie les étoiles !

« Wall Of Sound », passionnant de bout en bout, s'inscrit comme le meilleur album de Marty Friedman depuis « True Obsessions » (1996). Un album qui synthétise à merveille les différents styles abordés par le guitar-hero au long de sa carrière, et qui est susceptible d'intéresser un public bien plus large que celui auquel ce type de production s'adresse généralement. Chapeau, l'artiste !

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KillMunster est né avec le metal dans le sang. La légende raconte que quand Deep Purple s'est mis à rechercher un remplaçant à Ian Gillan, le groupe, impressionné par son premier cri, faillit l'embaucher. Avant finalement de se reporter sur David Coverdale, un poil plus expérimenté. Par la suite, il peaufina son éducation grâce à ses Brothers of Metal et, entre deux visionnages d'épisodes de la série "Goldorak", un héros très "métal" lui aussi, il s’époumona sur Motörhead, Lynyrd Skynyrd, Black Sabbath et de nombreux autres ténors des magiques années 70. Pour lui, les années 80 passèrent à la vitesse de l'éclair, et plus précisément de celui ornant la pochette d'un célèbre album de Metallica (une pierre angulaire du rock dur à ses yeux) avant d'arriver dans les années 90 et d'offrir ses esgourdes à de drôles de chevelus arrivant tout droit de Seattle. Nous voilà maintenant en 2016 (oui, le temps passe vite !), KillMunster, désormais heureux membre de Hard Force, livre ses impressions sur le plus grand portail metal de l'Hexagone. Aboutissement logique d'une passion longuement cultivée...
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