Après une campagne de crowdfunding polémique mais réussie en début d’année, les Finlandais WINTERSUN reviennent donc avec leur troisième album autoproduit, 5 ans après un « Time I » qui avait laissé pas mal d’insatisfactions. Les 54 minutes de « The Forest Seasons » nous emmènent avec brio en promenade au cœur de la forêt scandinave, majestueuse et mystérieuse grâce à un death/black metal à la fois mélodique, atmosphérique, rigoureux et technique. Une belle montée en puissance d’un groupe inspiré et perfectionniste qui jusque là n’avait pas su marquer les esprits.
« The Forest Seasons » comporte quatre titres, chacun retraçant l’ambiance d’une saison. "Awaken From The Dark Slumber (Spring)" ouvre le bal de façon éthérée avec intro musicale onirique et hululements de chouette puis se poursuit au rythme de guitares puissantes et claviers omniprésents, de chants tantôt hurlés, tantôt clairs mais surtout d’une atmosphère épique et lumineuse, à l’instar de la saison dont elle dépeint les traits. La forêt se réveille et les chœurs massifs sont comme un cri de délivrance d’une nature qui n’a trop fait que se reposer et se ressourcer et qui maintenant ne demande qu’à se libérer de son introspection prolongée. Le final est majestueux. Une belle entrée en matière, pleine d’énergie pour le commencement d’un nouveau cycle.
C’est au tour ensuite de l’été avec "The Forest That Weeps" et toujours cette même force et technicité dans les arrangements au clavier et à la guitare. Mais ce deuxième titre comporte plus de nuances, comme un apaisement après la frénésie vitale du printemps. WINTERSUN nous propose un bel intermède mid-tempo toujours riche avec des incantations chantées mises en reliefs par des chœurs virils mais avec juste ce qu’il faut de présence, avec, à noter, des membres d'ENSIFERUM, TURISAS, MOONSORROW ou encore TÝR. Quelques instruments traditionnels, harpe, tambours et tambourins viennent agrémenter un été frais dans la taïga. C’est le titre phare de l’album, très fédérateur et enjoué.
A l’automne le vent commence à souffler et un climat plus hostile s’installe pour ce qui semble être une éternité. Le troisième titre "Eternal Darkness (Autumn)" plonge l’auditeur dans cette austérité grandissante au rythme d’une batterie effrénée et des synthés sombres. C’est la chanson la plus dark de l’album. La voix est growlée, parfois black, parfois plutôt death et la complainte du fond des bois se fait entendre. L’atmosphère est triste voire dépressive et on sent une espèce de colère mélancolique qui se dessine tout au long du morceau. Colère maîtrisée et magnifiée mais palpable.
Enfin, l’hiver prend sa place avec "Loneliness (Winter)" qui est sans conteste le morceau le plus abouti et le plus technique vocalement. L’atmosphère est pesante, le rythme est lent et lourd. Les effets sonores sont pleins de langueur et de désespoir. Jari semble lui-même porter sur lui toute la noirceur d’un hiver interminable mais plein de mystères. La clôture de ce cycle de vie se fait en toute quiétude autour d’une nature apaisée et endormie qui n’attend qu’une renaissance tout comme « The Forest Seasons » attend une deuxième écoute. La boucle est bouclée, la roue est complète. Jari Mäenpää et WINTERSUN peuvent être fiers du travail accompli et du ressenti apporté par l’album qui parvient littéralement à transporter les auditeurs au fin fond de la nature finlandaise, hostile mais magnifique par des paysages si caractéristiques. Il suffit d’ailleurs de regarder la pochette de « The Forest Seasons » pour avoir une idée de la beauté de l’album et de la perfection recherchée par le groupe. Pour les fans inconditionnels, l’album est sorti en version deluxe avec un live contenant les meilleurs titres des précédents albums.
WINTERSUN prouvent avec ce nouvel album qu’ils sont des musiciens inspirés et inspirants et je gage que la tournée en cours fera découvrir aux sceptiques un groupe plein de ressources.
