3 septembre 2017, 12:52

DAGOBA

• "Black Nova"

Album : Black Nova

« Je n'ai pas l'temps, je suis débordé ! » En règle générale, c'est la réponse que je suis forcé de donner quand on me demande de faire une chronique. C'est la stricte réalité et on ne peut aller contre le temps. Je dis souvent qu'il me faudrait des journées de 48 h pour y arriver et en même temps, je réalise que ça ne serait pas suffisant. Bref, quand je me suis installé confortablement pour écouter « Black Nova » de DAGOBA et commencer la préparation d'un entretien avec le bassiste Werther, je me suis rendu compte que les Marseillais venaient de pondre là une pierre précieuse, le noyau dur de leur discographie.

« Black Nova » marque les 20 ans de carrière du groupe fondé par le principal auteur, compositeur et producteur de ce nouvel album : Shawter. Quoi qu'on en dise, chaque album de DAGOBA a son atmosphère musicale, comme aime à le préciser son créateur. La composition des chansons est le simple reflet d'un état d'esprit du moment ou de la période, et le groupe s'interdit de faire des choix uniquement pour satisfaire son public. Non ! Jamais DAGOBA s'est dit : « On va mettre ça pour que le public aime », mais plutôt : « Faisons cela et le public aimera ». Là est la grande nuance du processus de composition, se faire plaisir avant tout.

DAGOBA n'est pas un groupe de metal industriel, cessons de poser cette étiquette que l'on voit partout simplement parce que quelques gouttes d'electro et des machines sont intégrées dans des arrangements à doses homéopathiques. Des parties de claviers sur des rythmes très rapides peuvent être écoutées dans « Black Nova » (l'intro de "The Legacy Of Ares"), ce n'est pour autant du black metal symphonique ! La musique de ce septième album est le fruit de tout ce que ses musiciens ont aimé ou aiment encore. Du metalcore au death mélodique en passant par le nu-metal et autres genres alternatifs de la planète metal qui regorge de recettes que l'on peut s'approprier pour en réaliser sa propre oeuvre.

Le groove et le refrain mélodique de "Inner Sun" en font un titre efficace, tout comme "Stone Ocean", le premier single, mais ils ne sont pas forcément représentatifs de l'album car les autres pistes proposées sont autant de claques différentes, d'où l'importance d'écouter l'album dans son intégralité avant de porter un jugement trop hâtif ! "The Legacy Of Ares" et "The Grand Emptiness" sont des morceaux où le chant clair a été mis de côté, choix plutôt logique car ces chansons n'en ont nullement besoin tant elles se veulent d'une agressivité navigant entre LOUDBLAST et MACHINE HEAD... on embrasse ici le death metal. Il en est de même pour "Fire Dies", légèrement plus épique et agrémenté, à un seul moment, d'une seule voix en guise de chœurs, inutile d'en faire plus qu'il n'en faut, ça, DAGOBA l'a très bien compris dans ce nouvel album, il y a ce qu'il faut là où il le faut.

Les rythmiques de « Black Nova » sont efficaces et puissantes et laissent suffisamment de place au chant de Shawter, qui a, sur cet album, une maturité et une assurance à toute épreuve. Allant de la colère hargneuse aux harmonies de la voix claire, d'une compatibilité parfaite avec l'instrumentation ("The Infinite Chase", "Lost Gravity"...). Au fil des titres qui composent le disque, on fait son choix, celui des préférences selon ses propres goûts musicaux, chacun d'entre nous trouvera de quoi satisfaire ses besoins. De l'agressivité, pour libérer une fosse qui ne demande qu'à être en mouvement lors des prestations live de DAGOBA, aux émotions que peuvent apporter certaines compositions ou passages dans une chanson qui font que le titre est porté vers le haut cela va s'en dire, et c'est avant tout ce que je recherche quand j'écoute un album.

Et au final, il en ressort à chaque fois une compo qui se dégage des autres. Dans un ensemble de choses il y a toujours une différence qui gagne votre préférence. « Black Nova » regorge de morceaux qui réussissent à marquer d'une empreinte musicale leur propre identité et la chanson qui représente le mieux la globalité du disque à mon avis, car on y retrouve tous les ingrédients des neuf autres avec quelque chose en plus qui ne peut être expliqué par des mots, est "Phoenix et Corvus". Assurément un parfait second single sur lequel le chant et la guitare, qui habilement l'habillent, sont d'une beauté particulière (écoutez le passage à 3'21). On n'en oublierait presque "Vantablack", la dernière piste de ce « Black Nova » dans le même moule metalcore mélodique avec un groove mid-tempo à faire hocher toutes les têtes des prochains festivals.

Ce nouvel album dont le mixage et le mastering ont été confiés à Jacob Hansen et la pochette réalisée par Spiros de SEPTICFLESH, est une grande réussite qui permet à DAGOBA de faire peau neuve pour signer un nouveau chapitre dans son évolution, avec en son sein depuis 2016 Nicolas Bastos (DEEP IN HATE) à la batterie et l’orfèvre Jean-Lau Ducroiset à la guitare. Une étoile qui explose pour mieux briller ensuite, tel est « Black Nova ».

Blogger : Christophe Droit
Au sujet de l'auteur
Christophe Droit
Animateur radio chevronné de la région toulousaine, fidèle partenaire de HARD FORCE depuis toujours, Christophe, alias "Godzilla", a participé à l'élaboration du projet Radio Force (CD & Musique) encarté dans le magazine jusqu'en 2000. Depuis 2008, il supervise l'équipe et l'actualité dans HARD FORCE et sur Facebook et anime de très nombreuses émissions sur HEAVY1, notamment NOISEWEEK tous les vendredis soirs, consacrée à l'actualité discographique de la semaine.
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