1 octobre 2017, 8:15

WHITESNAKE

• "1987" 30e Anniversaire - Interview David Coverdale

Il y a trente ans, déjà, sortait l’album mythique « Whitesnake ». Couronné de 8 disques de platine, contenant des titres devenus tubes internationaux tels "Still Of The Night", "Here I Go Again" ou encore "Is This Love", il est difficile d’ignorer l’impact de WHITESNAKE sur la scène hard rock/metal passée et actuelle. C’est avec un plaisir non dissimulé que les fans accueilleront, le 6 octobre prochain, l’album remasterisé en double CD et vinyle, mais pas uniquement. La version Deluxe 4 CD/DVD, prévue pour le 27 octobre, permettra aux auditeurs de découvrir des titres live de la tournée 87-88 jamais édités jusque-là, ainsi que des versions démos et remixées des 11 chansons de la version européenne de l’album original. David Coverdale, leader du groupe et figure légendaire du hard rock revient avec nous, et avec beaucoup de bonne humeur, sur cette sortie, son partenariat avec Geffen/Warner et nous dévoile ses projets pour l’année à venir, une actualité chargée qui montre toute la ferveur qui anime encore le maître.


Et voilà ! 30 ans après la sortie du monumental «Whitesnake» en 1987, voici sa réédition pour en célébrer l'anniversaire. Cela doit être très excitant de faire ce retour en arrière à travers toutes ces années et exposer à nouveau ces morceaux non ?
Oh oui, très excitant en effet ! C’est l’un des projets sur lesquels nous avons travaillé cette année. Nous en avons en tout 7, je crois. Tout a été fait avec grande attention, beaucoup de sensibilité et l’une des choses que je préfère écouter dans tout l’album est le CD «Whitesnake Evolutions» avec des morceaux que nous avons joués au tout début dans le sud de la France. C’était lorsque John Sykes et moi avons rassemblé nos idées de chansons dans une villa que j’avais louée dans un petit village français, près de Saint-Tropez, qui occupe une place toute particulière dans mon cœur. Ces chansons sont vraiment bonnes, car c’est la première fois que John et moi nous sommes assis pour écrire ensemble, ce qui était nouveau pour moi. On peut entendre dans les démos toute l’électricité créative qui nous animait et c’est très excitant. Tous les gens autour de nous à qui nous avons joué ces chansons nous ont dit : «Mon dieu, cette chanson s’appelait différemment au début !» ou «Oh, cette chanson était différente !». Mais c’est super pour moi de faire ce voyage dans le passé. Je ne suis pas nostalgique d’habitude, mais cela n’a rien à voir avec de la nostalgie. J’ai été vraiment enchanté de réentendre comment John et moi avions créé ces chansons et comment elles ont évolué jusqu’à devenir ce qu’elles sont sur l’album en définitive. Tous les membres du groupe y ont laissé leur griffe, chaque chanson a sa propre identité, c’est l’album de tous les membres de WHITESNAKE. J’en suis très content. C’était la direction logique pour moi après m’être penché sur mes projets parallèles. Je voulais que WHITESNAKE soit résolument plus électrique. Et rencontre aussi plus de succès ! (rires). Et tous mes vœux se sont réalisés !

C’est un accomplissement autant pour toi que pour les fans, en somme !
Oui, absolument ! Du coup, c’est super de sortir les bases expérimentales des chansons. Pour "Give Me All Your Love", avant que j’ai établi la mélodie, je n’avais que les accords, c’était fascinant. Quand je fais mon cardio et que j’ai mes écouteurs sur les oreilles et que j’écoute la partie «Evolutions», c’est beaucoup de plaisir ! Je pense que c’est plus quelque chose pour les fans de la première heure. Il a aussi été cool de remasteriser les vidéos, qui ont maintenant une bien meilleure qualité que celle pourrie de l’époque.

Ceci étant, ils faisaient avec les standards dont ils disposaient, j'imagine !
Oui, mais on a tout remasterisé en 5.0 pour les gens qui possèdent un home-cinema, pour tout rafraîchir. Il y a toujours la version originale de "Still Of The Night" mais aussi la version remasterisée avec un équipement très sophistiqué. Et en même temps, nous travaillons sur un nouvel album studio, qui sortira l’année prochaine. Aujourd’hui, nous avons terminé d’enregistrer une toute nouvelle vidéo qui fera partie du prochain DVD de la tournée "Purple" que nous avons faite il y a deux ans, quand j’ai lancé mon tribute à DEEP PURPLE. Quand j’ai fini de tourner l’an passé, je pensais que tout serait terminé pour Noël mais bien sûr, cela n’a pas été possible. Du coup, on l’a fini là et il sortira en novembre avec aussi un énorme livre illustré de 300 pages, qui contient une superbe collection de photos du making-of de «The Purple Album» et de toute la tournée. Des photos que personne n’a vues auparavant. Voilà votre prochain cadeau de Noël WHITESNAKE ! La vidéo que nous avons faite et qui sortira probablement après l’album Deluxe du 30eme anniversaire est vraiment une vidéo qui devrait raviver l’attention des gens envers «The Purple Album». On passe vraiment du bon temps et on a été vraiment très occupés cette année. Je voulais me prendre une année sabbatique, mais je dois terminer ces sept p****ns d'autres projets !

Mais la musique est ta passion !
Oui, c’est ma passion absolue ! Je suis dans une phase très créative de ma vie, qui est très spéciale pour moi. La passion est toujours là et la créativité l’est tout autant. C’est épuisant mais très excitant. J’ai bien tenté de prendre ma retraite plus de fois que Frank Sinatra, mais ça n’a pas tenu ! (rires)

Tu nous manquerais !
Il y a bien un jour où ça arrivera ! J’ai 66 ans. Si on m’avait dit qu’à 66 ans, je serais toujours en train de composer un nouvel album, j’aurais perdu tout l’argent du pari ! Mais je suis toujours très reconnaissant pour ce qui m’arrive, toutes ces opportunités, tout ce soutien. Je suis très impliqué dans les réseaux sociaux, ce qui n’est pas classique pour les musiciens. Mais j’aime communiquer, raconter mes histoires et amuser les gens dans un monde parfois très rude, surtout quand on suit un peu l’actualité qui peut être terrifiante.
 

"Josh Homme de QUEENS OF THE STONE AGE a dit être enchanté
par la sortie du CD de ce 30e anniversaire.
C’est génial à entendre, car j’ai acheté leur nouvel album la semaine dernière.
Je lui retourne donc le compliment !" -
David Coverdale



Avril 1987 : Tommy Aldridge - Rudy Sarzo - Vivian Campbell - David Coverdale - Adrian Vandenberg
Le line-up de la tournée de promotion de l'album - photo © Neil Zlozower


Pour toi, quels sont les avantages des versions remasterisées des chansons de l’album ?
Pour moi, c’est vraiment un souvenir incroyable qui perdure chaque jour grâce à cela. Une façon de montrer que l’on est toujours là alors que les gens postent des photos de l’époque de « Whitesnake » en 1987, des clips des tournées, des vidéos sur les réseaux sociaux. C’est glorifiant en tant qu’artiste de savoir que les gens sont toujours touchés par ce que tu fais. Quand j’ai publié le post promotionnel de Warner pour dire que le coffret sortait, la réponse du public fut énorme ! Des millions de personnes qui sont abonnées à mes réseaux sociaux l’ont diffusé à d’autres de leurs connaissances qui l’ont diffusé à d’autres millions de gens. Je viens de parler à l'un de tes confrères qui venait d’interviewer Josh Homme de QUEENS OF THE STONE AGE, et celui lui a dit être enchanté par la sortie du CD de ce 30e anniversaire. C’est génial à entendre, car j’ai acheté leur nouvel album la semaine dernière. Je lui retourne donc le compliment ! C’est super pour les gens de pouvoir acheter un vinyl tout neuf. Il y en a pour tous les goûts mais objectivement, celui que je préfère est la version super Deluxe qui contient tout. Fascinant à découvrir. Je n’ai jamais été fan d’albums live. Je n’ai jamais enregistré de live avec Vivian Campbell, Adrian Vandenberg, Tommy Aldridge et Rudy Sarzo. Officiellement en tout cas, car on a trouvé la meilleure des chansons sur un bootleg ! Une des bonnes choses d’être présent sur les réseaux sociaux c’est d’interagir avec les fans partout dans le monde. Quand j’ai fait ce sondage pour savoir ce que les gens aimeraient de la part de WHITESNAKE après 45 ans de carrière, ils ont répondu : «un best of live, un DVD live et un nouvel album studio». Je me suis dit «Ok ! C’est ce que vous voulez !», et on a réussi à combler leurs attentes avec "Still Of The Night" qui reste une de mes vidéos live préférées, «Live In The Shadow Of The Blues», qui est juste un album audio et on a fait un album qui s’appelle «Good To Be Bad». Alors, j’ai dépassé ma période «je n’aime pas les live» ! Il y a le fait d’aimer les live mais aussi d’aimer jouer en live. La tournée "Purple" a connu un grand succès. J’ai pensé à prendre ma retraite, puis l’idée est venue de faire ce tribute, surtout au moment de la mort de John Lord en 2012. Nous avons parlé de faire quelque chose avec Ritchie Blackmore. J’ai commencé à écouter les vieux morceaux et j’y ai vu mon innocence de l'époque. «Burn» de DEEP PURPLE est le premier album que j’ai fait. Je peux y entendre de la naïveté, de l’innocence, et je voulais remettre ces chansons au goût du jour. Mais en y travaillant, je me suis dit «Mince, pourquoi je fais ça ?». J’ai donc appelé la maison de disques pour lui demander ce qu’elle pensait de l’idée d'un tribute. Je ne regrette pas.



En parlant de maison de disques, la réédition de «Whitesnake» marque un nouvel accord avec Warner sur une base mondiale. Comment s’est concrétisé ce nouveau partenariat ?
C’est une expérience formidable ! Je ne voulais pas vraiment être en première place, mais j’étais chez Geffen et quand David Geffen a vendu la maison de disques à Universal, aux Japonais qui la possédaient, je n’avais pas le choix en tant qu’artiste. Donc pendant 10 ans à peu près, je n’avais pas le choix des personnes avec qui je travaillais. Et pour moi, il est très important de discuter des idées avec la maison de disques. Warner travaillait avec DEEP PURPLE et la première fois que j’ai travaillé avec Geffen, c'était une branche de Warner Bros. donc j’y connaissais tout le monde. Mais la grosse dynamique a changé quand l’entreprise a été vendue à Universal, je n’étais plus impliqué dans Warner mais j’ai été impliqué pendant des dizaines d’années dans Warner Chappell, qui est la plus grosse maison d'édition du monde. Je leur ai confié les licences de mon travail. Et nous avons une relation fantastique. J’ai bouclé la boucle. Mais je continue mon partenariat avec une petite maison de disques en Italie (Frontiers Music S.r.l. Ndr). C’est bien d’avoir un pied dans une énorme multinationale et aussi garder le contact avec de plus petits alliés.

Revenons un peu dans le temps. Est-ce que tu peux nous parler de l’atmosphère autour de l’album «Whitesnake» à l’époque de sa sortie en 1987 ?
J’étais dans une phase très triste de ma vie. Je venais de me séparer de ma première femme et ma fille m’en voulait énormément. Elle vivait à Munich et moi à Los Angeles. Je suis revenu à la maison pour Noël et quand je suis descendu de l’avion j’avais une grippe horrible. Quand je suis arrivé à l’hôtel où je vivais à l’époque dans l’ouest d’Hollywood, l'album venant de chez Geffen m’y attendait. J’étais absolument exténué, mais je me suis dit : «il faut que j’écoute ça». Et je me suis alors dit : «c’est mort, c’est la fin, c’est complètement nul !». Mais je n’étais pas en condition pour apprécier pleinement la musique et être bon critique. Mais ensuite je l’ai réécouté et j’ai changé d’avis. Il est très important pour moi de donner aux gens des choses qu’ils aiment. Je n’étais donc pas très confiant à l’époque et je ne pensais pas que l’album rencontrerait tant de succès. Quand je faisais écouter l’album aux gens autour de moi, tout le monde trouvait ça super et je me suis dit alors qu’il ne devait pas être si mauvais que ça. J’avais aussi coupé les ponts avec les membres du groupe avec lesquels nous avions fait l’album, pour des raisons personnelles, beaucoup à cause des affaires. Beaucoup ont pensé que c’était à cause de l’argent, mais ce n’était pas le cas. Comme beaucoup de relations, que ce soit personnelles ou professionnelles, elles sont arrivées en fin de course à un moment donné. Mais quand j’ai commencé à travailler sur les vidéos des morceaux, j’ai rouvert le dialogue avec Adrian Vandenberg, avec qui j’ai gardé de très bonnes relations, Vivian Campbell, Rudy Sarzo and Tommy Aldridge. Je leur ai demandé s’ils voulaient faire des clips avec moi pour l’album et ils ont été fantastiques, comme tu peux le voir à l'image. On a ensuite fait une tournée partout dans le monde qui a connu un grand succès. Ils ont fait une très belle promotion de l’album. C’est un anniversaire à célébrer aussi !
 

"Quand je suis arrivé à l’hôtel, l'album venant de chez Geffen m’y attendait.
J’étais absolument exténué et je me suis alors dit :
«c’est mort, c’est la fin, c’est complètement nul !».
Ensuite, je l’ai réécouté et j’ai changé d’avis.
Quand je faisais écouter l’album aux gens autour de moi, tout le monde trouvait ça super
et je me suis dit qu’il ne devait pas être si mauvais que ça.
" - David Coverdale



Et aujourd’hui comment te sens-tu en tant qu’artiste accompli, en tant qu’icône de la musique ? Est-ce que tu arrives à mesurer l’impact que tu as sur la scène hard rock/metal ? Ce doit être un réel défi de rester parmi les musiciens de haut niveau ?
Ça, c’est au public de décider si je suis au top niveau ! Mais je fais toujours de mon mieux. Je prends tout ce que je fais très au sérieux, que ce soit avec ma famille, ma carrière, ma musique, le bien-être de mes musiciens. Tout est important à mes yeux. Je suis très impliqué, peut-être trop responsable, je prends tout sous ma responsabilité. Et tu sais, quand tu t’exposes sur les réseaux sociaux, tu peux être encensé mais aussi vite démoli. J’ai une base de fans très loyale tout autour du monde qui me fait confiance. Mais je ne sais pas comment je me vois, comment je me considère. Ces deux dernières années, nous avons fait une tournée couronnée de succès, c’était sold-out à chaque date. C’est très gratifiant et cela nous donne confiance.

Vous avez l’intention d’offrir à vos fans un vaste choix de supports avec des CD, des vinyls, du streaming, des téléchargements. Est-il important pour vous de vous adapter à la nouvelle demande de consommation ?
Oui, car chacun a sa propre façon d’appréhender la musique. J’achète beaucoup de musique sur iTunes mais je continue à acheter des CD aussi, je télécharge des mp3 et je me les mets en voiture. Ces dernières années, j’ai vu beaucoup de groupes faire des Blu-ray, c’est très intéressant. Il y a plein de supports qui me touchent. Mais j’ai toujours envie de prendre la guitare, le micro, monter sur scène et de dire aux gens : «regardez-moi, écoutez-moi !».

Si tu fais le point sur ta carrière, quels sont tes meilleurs souvenirs ?
Ceux que nous créons maintenant !

Bonne réponse, mais un peu facile !
Mais c’est sincère ! Je ne suis pas quelqu’un de nostalgique. Quand j’écoute le CD anniversaire, je ne suis pas du tout dans la nostalgie, il me rend heureux. Bon, avoir 66 ans m’embête un peu ! (rires). Mais j’ai une vie personnelle géniale et une vie professionnelle super ! Je travaille avec des gens qui me respectent et me soutiennent. Quand on part en tournée, tout le monde s’entend bien et on fait de bons concerts tous les soirs. Et c’est tout ce dont j’ai besoin. Personne n’essaye de se mettre en avant plus que les autres, c’est un super groupe. Le projet n’a pas encore deux ans, il est tout frais mais tout le monde est très pro. C’est une période très particulière de ma vie. Chaque jour est un jour spécial, que j’apprécie à sa juste valeur.

Y aura-t-il une tournée prévue pour la promotion de cet album ou du prochain en 2018 comme tu nous l’as annoncé ?
On viendra sûrement en Europe en mai ou juin prochain pour la promotion de notre nouvel album. Je ne sais pas par où nous allons commencer, mais c’est prévu. Ce n’est pas facile car on fait partie du peu de groupes de rock qui pourraient ne faire des tournées qu’avec les grands classiques. Mais nous devons trouver de la place pour de nouvelles choses car les nouvelles chansons vont être géniales ! Très hard rock, très fun ! J’en suis très content ! Comme tu peux le constater !


Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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