8 octobre 2017, 10:16

EUROPE

• Interview Joey Tempest

EUROPE n’a jamais été aussi prolifique que depuis sa reformation officielle le 2 octobre 2003. Albums, tournées, il s'est forgé une identité forte mêlant le classic-rock des années 70 et le hard rock mélodique avec des sonorités modernes. Après avoir célébré les 30 ans de «The Final Countdown» sur scène, et 13 ans après «Start From The Dark», EUROPE sort son 11e album enregistré avec Dave Cobb dans les célèbres studios Abbey Road de Londres. Joey Tempest, le chanteur et leader du groupe, nous parle de «Walk The Earth», mais aussi de rock et d’autres éléments de vie...


Que se cache derrière «Walk The Earth», le titre de votre nouvel album ?
«Walk The Earth» est notre onzième album. Ce titre est fort de signification. C’est aussi le premier titre de l'album. Une chanson composée au tout début du travail de composition niveau musique et paroles. Ian Haughland, notre batteur, a très vite suggéré que ce soit le titre du disque que nous avons réalisé aux studios Abbey Road. Initialement, j’avais ce titre de travail en tête. Tu sais, c’est une chanson très optimiste, nous en sommes très fiers. C'est peut-être la meilleure chose que nous ayons faite depuis plusieurs années !

Comment la création de l’album s'est-elle opérée ?
Il y a eu plusieurs étapes. Nous avons beaucoup écrit ensemble, en tant que groupe. J'ai aussi bossé tout seul sur des titres. Une des premières chansons sur laquelle nous avons travaillé est "Kingdom United". Mic Micaeli, notre pianiste, et moi avons pas mal jammé ensemble. J'ai joué de la batterie et lui des claviers, il y a eu plus de 20 heures de jam et nous retravaillions sur nos idées par la suite. John Norum est venu avec 2-3 chansons en répétition et nous avons également travaillé dessus tous les deux. Jon Levin, notre bassiste, m’a également envoyé plein de choses... Il joue de la guitare et fait énormément de démos. "The Siege", la seconde chanson de l’album, c'est typiquement l'un de ses riffs. Nous avons beaucoup bossé pour cet album, Mic et moi avons abattu un travail considérable, notamment pour les arrangements. Nous avions 10 chansons avant d'entrer à Abbey Road. Cependant, il s'est passé plein de choses dans ce studio, il y a eu l'amélioration de l'écriture des chansons, de nouveaux arrangements, une technique de production particulière, idem pour l'enregistrement. Nous avons peaufiné les titres et «Walk The Earth» est né.

Quelles sont les différences notables, de ton point de vue, avec le précédent album «War Of Kings» ?
C'est surtout une suite, car nous sommes dans une continuité créatrice. Toutefois, nous avons été plus aventureux avec «Walk The Earth». Nous avons osé, repoussé les limites avec cet album, tant au niveau musical que des paroles. Il y a des thèmes politiques qui y sont abordés. J'écoutais beaucoup de rock progressif comme RUSH durant la période d'écriture. Je voulais un album sur lequel les choses allaient vraiment bouger...

Comme la pochette de ce disque, qui rappelle un peu le style YES ou PINK FLOYD non ?
Nous sommes de grands fans de PINK FLOYD, mais aussi d’autres groupes apparentés à ce style. Nous avions une idée précise de tee-shirts qui accompagneraient l’album et ce dessin est une complète coïncidence. Nous avons envoyé à Mike Sportes (Filth Mart) la musique, les textes, nous lui avons donné des indications sur l’ambiance de l’album, sur ce que nous aimions et souhaitions. On lui a parlé de LED ZEPPELIN, d’Hipgnosis, de PINK FLOYD, il y a donc eu ce signe triangulaire. Il s'agit d'une peinture originale faite à la main. Il n'a pas utilisé d'ordinateur pour la réaliser. Cette peinture est belle, nous sommes fiers de ce travail.

Cinq mots pour décrire ton groupe en 2017 ?
(il réfléchit puis spontanément) Aventureux, observateur, confiant, expérimenté, passionné. 

On s'interroge sur la chanson intitulée "GTO" ! Quelle est sa signification ?
Ça parle tout simplement de voiture, du fait d'aimer conduire. C'est très simple comme chanson et la thématique est définitivement rock.

Il est aussi question d'élection sur ce disque. Souhaiterais-tu secrètement être président ?
(Rires) Non, pas du tout ! Avant de commencer l'écriture de l'album, j'ai fait beaucoup de recherches, discuté avec des professeurs d'histoire. C'était important pour moi, car le monde part dans tous les sens et je me sens foncièrement concerné par la démocratie. L'idée de départ pour cet album était d'écrire quelque chose de conceptuel autour de la voie démocratique, ce qu'il s'est passé, ses moments-clés dans l'histoire. Le titre "The Siege" parle justement d'un moment clé de l'histoire de la démocratie européenne. "Kingdom United" aussi. C'est dans le même esprit mais à propos du Royaume-Uni et comment la démocratie y a pris forme. "Election Day" est plutôt une observation de la folie qu’une élection peut engendrer. C'est la première fois que EUROPE s'oriente ainsi au niveau des textes.
 

"Nous allons tous dans le même sens, nous marchons tous sur la même terre. C'est l'idée centrale de l'album" - Joey Tempest


​Quatre chansons ont objectivement attiré notre attention sur cet album. Peux-tu nous en donner ton ressenti personnel ?
"Walk The Earth" : Ma préférée, la meilleure depuis longtemps, comme je te le disais. Elle me rend heureux, me fait réagir. C'est comme la bande originale d’un film. C'est un texte positif sur l'humanité. Nous chantons pour nous, pour la planète entière. Nous allons tous dans le même sens, nous marchons tous sur la même terre. C'est l'idée centrale de l'album. Un message positif.

"Wolves", c'est nouveau pour EUROPE ?
Complètement nouveau. Nous n'aurions pas pu la faire sur «War Of Kings», par exemple. Nous repoussons nos limites ici en termes de musique, d’accords utilisés, d’expression artistique. Nous n'avions jamais fait un truc pareil. Je me souviens avoir joué cette chanson aux autres et John Norum a tout de suite réagi de façon très favorable ! Notre producteur, dès le premier jour à Abbey Road, m'a dit : "Joey, j'adore ce titre !". Il y a différents types de techniques de production utilisées sur ce titre. C'était vraiment amusant. C'est réellement une chanson atypique et intéressante.

"Haze" est un titre franchement heavy !
Elle s'appelait "Into The Haze" au départ. C'est une chanson très cool de John Norum. Ce sont ses riffs. Les paroles sont sombres, Dave Cobb nous a concocté un super son. Nous l'avons jouée ensemble en studio dans des conditions live.

Et "Turn To Dust", quel morceau !
Oui ! Mic Micaeli avait ce riff, cette idée depuis 10 ans peut-être. Il n'a jamais achevé ce titre. Nous l'avons poussé dans l'écriture des paroles et de la musique et Dave a créé une vibe spéciale à la production. Tout le monde a finalement participé à l'écriture de "Turn To Dust". Nous en sommes vraiment fiers. Une fin parfaite pour conclure «Walk The Earth».

Peux-tu nous dire un mot sur le DVD live de la tournée des 30 ans de « The Final Countdown » ? 
Le DVD est issu du concert au Roundhouse en 2016. Pour cette tournée, il y a eu 10 concerts. C’était des nuits magiques. C'était génial pour nous, on jouait «War Of Kings» puis «The Final Countdown» dans son intégralité. Sentiments mélangés, car nous pouvions jouer notre nouvel album puis tomber dans la nostalgie (rires). C’était très sympa pour nous !

En parlent de nostalgie, ta première fois en France, tu t’en souviens ?
En tant qu’artiste ?

Oui...
Je me souviens du Zénith à Paris. Nous étions souvent à Paris entre 1987 et 1988. «The Final Countdown» était un énorme succès en France. Nous étions très présents dans votre pays à cette époque. Je ne me souviens plus exactement du premier concert, je me souviens de Lyon aussi. Mes souvenirs sont cependant focalisés sur le Zénith.

Aurons-nous la chance de vous voir en France prochainement ?
Oui, nous sommes en train d'organiser notre tournée. Nous allons jouer quelques dates d'ici la fin de l'année, mais nos amis français devront attendre 2018.
 

"Un autre souvenir fort c'est d'avoir été numéro 1 en Angleterre. Il y avait une grosse émission à l'époque qui s'appelait 'Top Of The Pops', nous étions numéro 1 et BON JOVI, septième." - Joey Tempest


Quelle est ta préférence pour les concerts ? Des salles de contenance variable, des stades, des festivals ou peu importe ?
J'adore les festivals comme le RockFest à Barcelone ou le Hellfest. Il s'y brasse plein de personnes, plein de groupes différents. J'apprécie les gros concerts. Bien sûr, quand tu tournes en tête d'affiche, tu joues dans d’autres configurations, différemment, plus longtemps. Tu crées ton propre show avec une set-list spéciale. Ce sera le cas sur la tournée «Walk The Earth».

Gardes-tu en mémoire un ou deux faits plus marquants que d'autres dans ta carrière ?
(Rires) Il y en a tellement ! En 2004, nous étions nerveux avec notre retour après ce long break. Nous jouions au Sweden Rock Festival et on nous a dit : «les gars, 30 000 personnes vous attendent». On stressait, car nous n'avions pas joué depuis 8 ou 10 ans, même si nous étions dans différents groupes ou projets. Le concert a commencé, tout le monde est devenu dingue, c’était la folie, il y a eu de superbes réactions le lendemain ! Cela m'a vraiment marqué. Un autre souvenir fort c'est d'avoir été numéro 1 en Angleterre. Il y avait cette grosse émission à l'époque, Top Of The Pops, nous étions numéro 1 et BON JOVI, septième. Ils ont joué "Living On A Prayer" et nous "The Final Countdown". Nous nous sommes croisés après et on a discuté. C’était un super moment pour moi d’être premier au Royaume-Uni.

Avec le recul, quelle est la référence musicale absolue pour EUROPE ?
Pour nous, il n'y a qu'un seul groupe et c'est DEEP PURPLE (avec lequel le groupe se produira en Grande-Bretagne en cette fin d'année NdlR) ! Ça a commencé avec «Made In Japan», l'album live. On a beaucoup écouté «Deep Purple In Rock», «Machine Head», «Burn»... Nous adorions aussi «Perfect Strangers». Quand il est sorti en 1984, nous débutions avec EUROPE. Nous sommes allés les voir en concert à Stockholm et avons rencontré Ian Gillian, Ian Paice, Richie Blackmore pour la première fois ce jour-là. Nous étions trop jeunes pour les voir à leur début, nous les avons suivis depuis et ils maîtrisent la voie qu'ils ont empruntée. Ils ont de super morceaux, une production extraordinaire et leur dernier album est fabuleux. Ils rejouent à nouveau dans des grandes salles. Ils ont tout traversé. Ce sont nos héros !

Es-tu d’accord pour passer le Classic Rock Song Test ? Tu dois répondre uniquement avec un seul mot !
Un mot (rires). Ok, essayons !

"Burn" (DEEP PURPLE) :
Exceptionnel.

"Ace Of Spades" (MOTÖRHEAD) :
Impitoyable.

"Rock 'n' Roll All Nite" (KISS) :
Bonne chanson. 

"Holy Diver" (DIO) :
Cool.

"Back In Black" (AC/DC) :
UN mot ? La meilleure !

"Paranoid" (BLACK SABBATH) :
Grand.

« Breaking The Law » (JUDAS PRIEST) :
Insolent.

Que fais-tu quand tu n'es pas en studio ou en tournée ?
Je passe tout mon temps avec mes fils. On sort, ils viennent au studio. Ils ont 3 et 10 ans.

Les réseaux sociaux, es-tu addict ?
Non ! C'est quelque chose d'important, de nécessaire, mais je suis plutôt quelqu'un de discret dans le privé. Je n'ai pas de comptes personnels twitter ou Facebook, mais je suis impliqué dans ceux d'EUROPE. Cela montre différentes choses du groupe aux fans. Donc sur un plan professionnel, c'est important. Sur un plan privé, je n'aime pas ça, je ne les utilise pas.

Que voudrais-tu dire à tes fans à quelques jours de la sortie du nouvel album ?
Oh, tout d'abord, merci d'être là depuis si longtemps et depuis toujours ! C'est tout le temps un plaisir de venir en France. Je me souviens de cette tournée avec SCORPIONS il n'y a pas si longtemps. Nous avions rencontré plein de nouveaux fans. La France aime le hard rock mélodique et nous sommes vraiment honorés de pouvoir venir jouer ici à chaque sortie d'album.


Blogger : Laurent Karila
Au sujet de l'auteur
Laurent Karila
Psychiatre spécialisé dans les addictions, Laurent Karila a collaboré à Hard Force de 2014 à 2023.
Ses autres publications

1 commentaire

User
Karl Libus
le 10 oct. 2017 à 17:33
Bravo pour l'interview Doc... Finir par un Classic Rock Song Test, en un mot "excellent". ;-)
Merci de vous identifier pour commenter
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK