14 octobre 2017, 14:09

BLUT AUS NORD

• "Deus Salutis Meæ"

Blogger : Clément
par Clément
Album : Deus Salutis Meæ

Cauchemardesque mais hypnotique. Terrifiant et envoûtant. Ce nouvel album, douzième du nom, de BLUT AUS NORD pousse encore et toujours le bouchon plus loin, perdant au passage l'auditeur qui se frottait les esgourdes d'avance d'une suite à l'épique et grandiose « Memoria Vetusta III : Saturnian Poetry », concluant alors la trilogie historique entamée dix-huit ans plus tôt. Oui mais voilà qu'à peine ce tiercé diabolique bouclé, ce bon vieux Vlad s'est empressé de renouer avec ses amours dissonantes et hallucinées dont il s'est fait l'ambassadeur le plus acharné sur la majorité de ses productions avec un « Codex Obscura Nomina » (2016) ourdi sous le signe du chaos et des ténèbres. Quatre morceaux pesants aux guitares lourdes et opaques, nappés de coassements sans fin et d'une boîte à rythme au groove méphitique, qui prenaient à la gorge pour ne lâcher prise qu'une fois leur sinistre entreprise menée à bien. Alors forcément, difficile de ne pas se dire que ce « Deus Salutis Meæ » (non, pas d'énigmatique jeu de mot sur une possible collaboration entre le quatuor Anversois et notre Cricri sautillant à déplorer ici), suivrait le chemin de croix déjà tracé.

En effet, BLUT AUS NORD propose ici ce qui en constitue la suite logique, toujours aussi sombre, désincarnée, déglinguée. Un grand barnum evil à souhait où se côtoient boîtes à rythmes désarticulées, relents distordus que l'on jurerait issus de vieux disques hardcore de Cologne, gloubiboulgas démoniaques et guitares accordées à la scie sauteuse. Le tout baigne bien évidement dans une ambiance post-apocalyptique où les seuls survivants sont ceux qui auront pris le soin de laisser leur santé mentale aux vestiaires. Pas de doute, cette marque de fabrique, ce doigté diabolique qui faisait tout le sel de la descente aux enfers initiée par « The Work Which Transforms God » est toujours présent, plus vivant que jamais. Même pas « MoRT ». Quoique.

Autant être un minimum préparé pour attaquer le bestiau par le flanc car celui-ci ne laisse filer qu'une poignée de secondes, intrigantes nappes dark ambient, avant de lâcher "Chorea Macchabeorum", un magma informe et énigmatique qui sonne comme l'improbable rencontre entre un beat hip-hop broyé sous les grattes d'un bon vieux FUNEBRARUM passées au papier émeri, le tout supervisé par une chorale de démons sous Risperdal. Ambiance. Mais cela n'est qu'un avant-goût de ce qui vous attend sur les rythmiques-centrifugeuse que déroulent sans sourciller "Impius" et "Apostasis", dissonant duo juste maléfique. Un vrai cauchemar hanté par des poltergeists remontés à mort qui cette fois-ci ne se contenteront pas simplement d'allumer cette foutue téloche en pleine nuit : "Ils sont ici".

"Abisme" aurait presque des allures de promenade de santé une fois cette éprouvante première partie passée. Faux, cela serait plutôt l'oeil d'un cyclone en formation, une épaisse purée doom qui laisse la place à un "Revelatio", alias la porte d'entrée vers l'outre-monde cauchemardesque. Larsens, bourdonnements, abandon. Le compte est bon, le chaos en sus comme cette voix déformée qui sussure, déclame, profère. Perdu ? Oui peut-être. "Ex Tenebrae Lucis" dévore un mur de dissonance, celui-là même que l'on retrouvera décuplé quelques minutes plus tard sur ce dixième et dernier morceau exquis qu'est "Métanoïa", une épaisse glue de larsens qui s'abat sur les tympans. A moins que ce ne soit l'assaut final, celui par lequel les ténèbres triomphent enfin et pour de bon, emportant au passage la raison en guise de lot de consolation. Qui sait ?

"Certaines qualités vocales sont le propre des hommes, d'autres le propre des bêtes; et rien n'est plus terrifiant que d'entendre les unes jaillir de la gorge des autres.". Voilà ce qu'écrivait Howard Philips Lovecraft dans L'appel de Cthulhu. Quelques mots qui résument parfaitement cet insondable abîme peuplé d'hallucinations qu'est « Deus Salutis Meæ ».

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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