21 mai 2018, 14:56

TREMONTI

• "A Dying Machine"

Album : A Dying Machine

Dire que le nouveau TREMONTI est très attendu par les fans, dont votre obligée fait partie, est un euphémisme ! Après déjà trois albums solo à son actif, le talentueux guitariste et créateur d’ALTER BRIDGE et du défunt CREED nous prouve une fois de plus qu’il est un artiste accompli. « A Dying Machine » dépasse de loin tout ce que l’on pouvait espérer.

Il s’agit d’un projet ambitieux pour ce  grand amateur de livres. Avec ce quatrième CD, TREMONTI nous propose un concept-album basé autour d’une histoire qui sortira sous forme de roman, co-écrit par Mark et l’écrivain John Shirley, racontant la tentative de cohabitation à la fin du siècle prochain entre les humains et des machines appelées "Vessels". Le personnage principal est l’un de ces humanoïdes que son concepteur a fabriqué pour remplacer sa femme décédée. Mais le robot finira par se rebeller contre son créateur. Si le thème de la guerre entre machines et humains est un sujet récurrent dans le milieu de la science-fiction, il n’en reste pas moins fascinant, surtout dans notre monde actuel où les écrans et la technologie prennent de plus en plus de place au détriment des vraies relations. D’après Mark Tremonti, le CD suit la ligne directrice du roman, tout en étant une entité à part entière et ne nécessite donc pas forcément d’avoir lu le texte pour écouter la musique. En espérant cependant que le livre sera traduit pour que les fans de tous horizons et non anglophones puissent en profiter, mais aucune certitude pour l’instant.

Qu’à cela ne tienne, ils pourront s’éclater avec cet album qui démarre au triple galop avec "Bringer Of War", un morceau bien speed doté d’une belle complexité technique qui nous plonge illico dans l’univers que Mark Tremonti a créé. Toujours accompagné par Eric Friedman à la guitare, à la basse et aux chœurs (chœurs très bien travaillés, soit dit en passant, qui donnent une nouvelle dimension à l’œuvre et offrent un support de toute beauté à la voix de Mark), ainsi que de Garrett Whitlock à la batterie, il a réussi à doter cet album d’un son et d’une ambiance bien particuliers. On reconnaît évidemment le style de jeu du guitariste, mais ce qui frappe de prime abord l’auditeur, c’est la qualité de son chant. Il a atteint un nouveau palier et sa voix a gagné en maturité, en puissance et en subtilité.              

L’album se poursuit dans le même ton, bien speed, puissant et agressif à souhait avec "From The Sky", la plus "Alterbridgienne" de l’album, puis le titre éponyme "A Dying Machine" qui déboule comme une cavalcade et donne l’impression d’un dialogue entre l’humain et sa créature avec l’alternance de ses deux lignes mélodiques bien distinctes. "Trust" apporte des sonorités différentes avec un rythme plus mid-tempo, et la voix de Mark est superbe. Excellente chanson avec son break envoûtant. Puis on repart à l’attaque avec "Throw Them To The Lions", parfaite pour le headbanging et autres circle-pits déchaînés. Ça cogne fort, c’est rugueux et viril, tout comme "Make It Hurt". TREMONTI joue vite et fort et nous délivre un metal d’excellente facture, parfaitement maîtrisé sur le plan technique et cependant avec un souci constant de mélodie. Ce qui fait la force du groupe, c’est précisément la richesse de cette dualité.

"Traipse" nous montre précisément cette double facette, avec une intro mélodique et un refrain plus brutal. Le genre de power-ballad qui nous amène dans une spirale allant crescendo. "The First The Last", quant à elle, est une véritable ballade, teintée de mélancolie et dotée d’un refrain imparable, comme Mark Tremonti sait nous en délivrer. Pas très surprenante, peut-être, mais très agréable. "A Lot Like Sin" repart dans la bataille avec un son plus massif, plus heavy. Et toujours les guitares en avant, incisives. "The Day When Legions Burned" tabasse violemment, elle est la plus rapide de l’album, même si c’est la plus courte et fera des merveilles en live, un peu à l’image de "Wish You Well" sur « All I Was », le premier album du groupe.

Sur un rythme plus doux et cependant qui prend aux tripes grâce à son aura dramatique, "As The Silence Becomes Me" est un titre sublime à la mélodie puissante sur lequel la voix de Mark prend toute son ampleur. Une des très belles réussites de cet album, à n’en point douter !  "Take You With Me" est la chanson qui rappelle le plus les dernières créations de TREMONTI, avec son refrain accrocheur, ce qui n’est pas étonnant quand on sait qu’elle est une rescapée des sessions de « Dust », retravaillée pour s’intégrer à l’histoire. Elle est aussi un hymne à l’espoir, un message de foi en nous-mêmes, pour ne jamais oublier nos racines et être fiers de ce que l’on est devenu et de ce que l’on a construit. "Desolation" dévoile une facette bluesy de Mark Tremonti et nous plonge dans un paysage désertique d’après-guerre. Un constat triste d’une société partie à la dérive et cette question qui nous hante tous : "Can We Start Again ?" (Peut-on recommencer ?). Recommencer pour tout effacer ou recommencer pour commettre les mêmes erreurs ? La question reste en suspens, et c’est surtout une magnifique chanson sur laquelle la musique et les voix sont en harmonie parfaite. L’album se referme sur un bel instrumental, "Found", à l’ambiance industrielle post-apocalyptique d’une machine en train de s’éteindre, littéralement, a dying machine.

Guitariste, compositeur et chanteur de talent, Mark Tremonti se révèle également un auteur passionnant. On se laisse embarquer sans retenue dans ce conte des temps modernes aux allures de présage un brin sinistre. Et cependant, malgré la tristesse qui se dégage de cette histoire, il nous reste dans l’oreille comme un relent d’espoir, une lueur au loin, une envie d’aller de l’avant. Et TREMONTI, le groupe, avance à pas de géant, laissant les autres derrière lui.
« A Dying Machine » sera, sans l’ombre d’un doute, une œuvre majeure dans la carrière déjà bien remplie du trio.

Blogger : Sly Escapist
Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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