Déjà, il y a cette épique pochette et le logo, on croit savoir où on va. Et dès l’intro de "By Blood Sworn", le ton est donné, c’est bien de true metal dont il s’agit. Après quelques vers beuglés par Marc Lopez, la rythmique s’emballe pour un morceau épique, il y en a quelques-uns sur ce nouvel album. C’est sûr que ce n’est pas Eric Adams qui chante, mais ce n’est pas un album de MANOWAR. Et puis Ross The Boss a quand même fondé et composé une bonne partie des six premiers albums du groupe américan, avant que Joey DeMaio lui demande d’aller voir ailleurs (une sombre histoire de slip en fourrure ?). Mais depuis, les Kings of Metal ont rangé les épées, il faut bien que quelqu’un s’y colle. Alors quand Ross Friedman se remet au metal, c’est normal que ça y ressemble, il a même tourné plusieurs années en jouant "Kill With Power", "Fighting The World" et autres joyeusetés massues forgée avec le même métal.
Pourtant, il serait absurde, voire débile, de résumer la carrière du guitariste aux huit ans qu’il a passés avec les guerriers du metal qui jouaient très fort. Le CV du bonhomme est plutôt épais. Dans les années 1970, il a fondé THE DICTATORS, un groupe proto-punk, avant les RAMONES, avec lequel il tourne encore, sous un autre nom pour des histoires de business. Il a aussi joué avec SHAKIN' STREET, groupe français qui aurait pu avoir une carrière internationale. C’est d’ailleurs quand il tournait avec eux en première partie de BLACK SABBATH que Ronnie James Dio lui a présenté DeMaio, alors technicien basse. On connaît la suite. C’est fort ou pas de tous ces souvenirs qu’on peut écouter cet album. Après la bataille annoncée à l’ouverture, Ross The Boss et ses sbires ont concocté des morceaux plutôt variés, allant de qui on sait à des choses metalliques assez convenues, voire plus punk, des influences multiples qu’on peut même retrouver à plusieurs reprises dans le même morceau.
Ainsi "Devil’s Day" et "Mother Of Horrors" et leurs refrains que pourrait chanter le punk Dick Manitoba. Ainsi que le pesant "Lilith" et sa succession d’ambiances. Il y a même une ballade d’un genre qu’on n’avait pas écouté depuis longtemps, rien de grave à l’époque où surgissent encore de nouveaux LED ZEPPELIN. Les morceaux sont souvent enlevés, certains sont plus lourds, rien n’est lourdingue. Le tout est servi par un son puissant avec un petit côté old-school amené par la guitare. Toujours très rock’n’roll, pas trop saturée, elle est toujours prête à s’échapper en solo. A la basse, Mike LePond doit avoir presque autant de bras que Shiva, tant il lui prend d’en coller partout. Derrière, Lance Barnewold fatigue ses peaux, lance la cavalcade sur "Play Among The Godz", ne retient jamais longtemps les chevaux. L’album se termine par le bagarreur "Fistful Of Hate", qui porte bien son nom, avec son intro hispanisante.
Avec « By Blood Sworn », Ross The Boss et sa bande ont pondu dix titres, pas des plus originaux mais des plus efficaces, qui doivent mettre en joie ceux qui vont les voir en concert. Un album qui rend fort, toujours prêt à faire rendre gorge au faux metal, non mais !