22 juin 2018, 23:50

HELLFEST OPEN AIR

@ Clisson (jour 1)


On l’attend comme le Messie, avec un "e", car, quand bien même nous nous trouvons en pleine fièvre footbalistique pour le Mondial se déroulant en Russie, il n’est pas question de Messi (le joueur) et je parle bien sûr du festival que le monde entier nous envie, le Hellfest. Cette année encore, l'événement initié par Ben Barbaud place la barre très haut. Une météo plus que clémente (chaud sans canicule) va accompagner les 60 000 festivaliers quotidiens durant ces trois jours (plus une grosse soirée le jeudi 21 avec l’ouverture du Hell City Square et le Metal Corner en particulier où est donné chaque année le coup d’envoi des réjouissances avec une poignée de concerts de groupes qui, bien que leur statut ne leur permette pas d’égaler les mastodontes placés tout en haut de l’affiche, n’en demeurent pas moins bons.

Et c’est comme ça, entre un premier verre et un deuxième pour ne pas rester sur une guibole, que j’ai pris le set des FULL THROTTLE BABY en pleine poire. Le quintet mené par Julien Dottel (bassiste/chanteur de BUKOWSKI qui se produit le lendemain et je vais y revenir), joue devant une petite poignée de spectateurs certes mais avec une maestria qui emmène tout le monde dans la danse (ou le pogo plutôt) de leur excellent album « Rock n’ Brawl » paru en fin d’année dernière. Vu en mars en première partie de NO ONE IS INNOCENT, que les musiciens avaient mis à mal je trouve, voici un groupe qui mérite totalement sa place sur une Main Stage afin d’exploser la couenne de plusieurs milliers de personnes et pas seulement quelques aficionados présents dès le départ au Metal Corner. A bon entendeur…

Tout commence lors de cette première "vraie" journée par BUKOWSKI dont je parlais plus tôt et qui propose son hard rock racé et burné à un parterre déjà très conséquent qui l’accueille avec ferveur, chose totalement méritée. L’inconvénient des premiers groupes est leur temps de jeu limité mais festival oblige, on n’est pas en mesure de faire autrement et il faudra se contenter de peu ici mais c’est que du bon. A peine le temps de faire un tour sur l’immense site qu’arrive THE CHRIS SLADE TIMELINE, groupe de l’actuel batteur d’AC/DC avec lequel il reprend des morceaux qu’il a joué lors de sa longue carrière, soit avec eux ou avec d’autres mais aussi des reprises. Le répertoire d’AC/DC se taille la part du lion mais l’on a droit (on nous inflige serait plus adapté) également à une reprise de Gary Moore un peu bancale ou à un ''Comfortably Numb'' de PINK FLOYD qui fait peine à entendre et dont nous nous serions bien passés. Pour le reste, le chanteur assure la quiche sur les titres des ères Johnson et Scott et c’est bien là l’essentiel avec notamment un ''Riff Raff'' des familles.

L’envie de papillonner m’amène directement à ROSE TATTOO qui est attendu de pied ferme, un groupe se faisant rare dans l’hexagone et une semi-déception à l’arrivée car si les musiciens s’en sortent très bien, le chanteur Angry Anderson semble, au choix, jet-laggé ou beurré. Si l'on note qu’il a une bouteille de bourbon avec lui sur scène, on pencherait plus pour la deuxième option. Discours un peu décousu mais il assure quand même sans trop ciller. Donc indulgence finale, eu égard à sa large contribution au rock'n’roll (outlaw). Journée rock (et oldies) dans son ensemble et j’enchaîne avec Joan Jett & THE BLACKHEARTS, qui elle aussi, est bien accueillie par les métalleux en masse, sensibles à son statut de légende féminine du rock, peu de femmes ayant à l’époque défriché le terrain comme elle l’a fait. Une prestation impeccable (l’hymne ''I Love Rock n’ Roll'' est en bonne place), bien que l’envie d’être un peu plus secoué se fasse ressentir. Vœu exaucé par MESSHUGAH, première grosse branlée de la journée. Dur à suivre mais intense et corsé à l’heure de l’apéro (il est 18h à la moitié de leur set).

La valeur ultra sûre EUROPE foule les planches à 18h35 pour une courte heure de jeu au cours de laquelle les Suédois proposent un set partagé entre titres de leur dernier album en date, « Walk The Earth », et classiques (''Cherokee'', ''Rock The Night'' et ''The Final Countdown'' reprise comme d’accoutumée par chaque personne présente). Un groupe professionnel qui, s’il ne cultive pas la spontanéité en ce contexte, n’en fait pas moins bien son boulot, laissant le public satisfait. Je suis, de loin, la prestation de Steven Wilson car j’avais la crainte d’un set trop atmosphérique alors qu’il n’en fut rien à l’arrivée. Le génie appuie sur la pédale d’entrée de jeu (on est au Hellfest quand même), et ne laisse pas l’audience amorphe pendant son set. Un artiste complet qui a rempli l’Olympia en mars dernier et qui a toute légitimité à se retrouver sur l’affiche. Il est 20h45 et la foule s’est massée devant les deux Main Stages pour accueillir le "super-groupe" HOLLYWOOD VAMPIRES qui effectue là son premier concert dans nos contrées, une belle exclusivité Hellfest. Merci, car le concert est juste énorme.



Il faut dire qu’avec Alice Cooper au chant (et son guitariste Tommy Henriksen), Joe Perry d’AEROSMITH à la guitare et Jack Spa… euh, Johnny Depp à la guitare et au chant, le line-up a de la gueule et en remontrera à plus d’un ce soir-là, surtout avec les répertoires auxquels ils s’attaquent. L’acteur attire tous les regards et si certains ont glosé sur sa présence et douté de sa légitimité, ils en seront pour les frais car il assure GRAVE. Il prend même le micro lead par deux fois avec, entre autres, une reprise du ''Heroes'' de Bowie montrant que non seulement il joue bien mais qu’il chante très bien également. Entre titres d’Alice Cooper (''I'm Eighteen'', le final ''School’s Out''), d’AEROSMITH avec ''Sweet Emotion'' ou encore un medley de THE DOORS sur ''Break On Through (To The Other Side)'' couplée à ''Five To One'', on en a plus que pour notre argent.
On poursuit avec STONE SOUR, le premier groupe du chanteur Corey Taylor qui défend son dernier rejeton, « Hydrograd » avec cinq titres qui en sont extraits, introduits par ''Whiplash Pants'' et concert lors duquel on entendra ''30/30-150'' et ''Song #3'' par exemple. Court, sauvage, carré et ultra heavy, voilà quelques qualificatifs pour exprimer mon ressenti après le rock bien plus light des Vampires d’Hollywood.



La grand messe peut ensuite commencer avec l’arrivée d’une des légendes du heavy metal britannique (la plus grosse de ses institutions est programmée le dimanche), JUDAS PRIEST. Le decorum est en place et le show démarre sur le titre éponyme du dernier album en date, « Firepower ». D’entrée, Richie Faulkner prend possession des lieux avec Rob Halford, laissant Andy Sneap, le remplaçant de Glenn Tipton, un peu en retrait visuellement (mais pas en termes de présence guitaristique), tout comme le bassiste Ian Hill. Le son : fort et clair comme on dit à l’armée, les titres s’enchaînent comme à la parade et nous avons droit à des perles telles que ''Sinner'', ''Grinder'' ou bien ''Turbo Lover''. Richie en fait des tonnes (trop peut-être), sans pourtant en mettre une seule à côté et ce garçon n’en finit pas d’impressionner. Rob Halford est en voix mais quelque chose dans tout ça ne prend pas chez moi et je m’en étonne.

A quoi bon alors rester et mourir d’ennui en cherchant à comprendre une raison à cela tandis que CORROSION OF CONFORMITY joue en même temps et que je ne les ai jamais vus ? Alors direction la Valley pour assister à la fin de leur concert ! Grand bien m’en prend car la claque est toute autre avec notamment ''Wiseblood'', ''Clean My Wounds'' et ''Albatross'' lorsque j’arrive. Le groupe de Pepper Keenan est au taquet malgré un son perfectible mais le public s’en délecte quand même. Et sentiment de regret de ne pas avoir suivi l’intégralité de l’heure qui leur était allouée. Le nouvel album de A PERFECT CIRCLE n’ayant absolument pas emballé votre serviteur (les goûts et les couleurs…), je quitte le site sans regret pour cette première soirée. Désolé pour les nombreux fans de la formation !


Photos © Leonor Ananké / Ludovic Fabre / Fred Moocher - HARD FORCE


Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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