31 août 2018, 16:23

U.D.O.

• "Steelfactory"

Album : Steelfactory

Oyez braves gens, il est l’heure de rallumer les grands fourneaux de Khazad-dûm. Car si on désire obtenir l’acier le plus résistant et le plus pur à qui doit-on s’adresser ? A un nain expérimenté évidement. Un nain compétent ? Je sors. U.D.O. le guerrier, petit par la taille mais géant par son organe… vocal, sort donc une nouvelle fois des mines de la Moria avec un disque métallique fumant, le bien nommé « Steelfactory ». Du heavy metal au petit déjeuner, U.D.O. n’étant point un clown il nous crie : « what else ? ». Oui, quoi d’autre ? Il n’est pas prêt à la prendre sa retraite pourtant acceptablement méritée (42 années tout de même !) notre braillard jamais ringard. Il est même gonflé à bloc comme le révèle dès l’ouverture "Tongue Reaper" avec ses futs sauvagement martelés (bien joué le fiston) et ses riffs martiaux, un morceau qui a une rapidité de requin. Je vous renvoie également à l’interview accordée à HARD FORCE par Aude Paquot, dans laquelle on sent le plaisir que prend toujours et encore notre allemand chéri à faire son job.

"Make The Move", dernier extrait de l’album avant sa sortie en cette fin août, est judicieusement choisi car c’est une bombe, de l’énergie pour vivre ce soir. Oui il y a encore beaucoup d’ACCEPT dans les inspirations du groupe (après une tournée de deux ans consacrée à son ancien groupe ce n’est pas étonnant). Mister Dirkschneider chante : « I give it all ! », et U.D.O. quand il dit qu’il le fait, ben il le fait. Un titre qui swing grave autour de la voix mi-chantante mi-slammante du teuton flingueur. L’occasion de savourer pleinement les soli d’Andrey Smirnov qui n’usurpe pas sa réputation de virtuose, ses doigts glissent sur les cordes pour en extirper une sueur heavy et épique à souhait. Sur cet album nous avons pas mal de morceaux avec de brefs passages parlés (un plus indéniable), à l’instar de "Keeper Of My Soul", "Raise The Game" (avec son savant abord de guitares hispaniques) ou "Blood On Fire" (et hop une touche de musique classique qui rappelle… ACCEPT). Avec une rigueur musicale très militaire qui convient parfaitement.

U.D.O. est intelligent, il ne vit pas sur ses acquis, même si cela ne choquerait personne vu que ses références sont de qualité, non, il puise dans toutes les époques et laisse même un champ libre à l’expression de ses musiciens, nouveaux ou anciens. Et quand on travaille le metal à un tel degré de fusion et de passion on obtient un acier qui a une âme : "One Heart One Soul" est un hymne martial exaltant la tolérance. Personnellement ça me file la chair de poule tellement c’est beau.

Nous qui adorons U.D.O., nous aimons avoir les bouboules collées au mur par des riffs ravageurs et des soli bien mâles, non ? L’album nous attrape et nous comble avec "Tongue Reaper", "Eraser" ou encore "Rising High". « Heavy (speed) metal is the law » comme scandaient les joyeux potes-irons... En tout cas qu’est-ce que c’est jouissif ! Les titres sont empreints de moultes influences. Je pense notamment au scorpionnesque "A Bite Of Evil", quel pied musical !

Notre guerrier urbain U.D.O. frappe très fort (un authentique forgeron) sur l’ensemble des pistes. Même les morceaux les plus classiques sont des pépites musicales. Le mélodique et lourd "In The Heat Of The Night" envoie un tempo assez lourd et un gros duo basse/batterie. Fitty Wienhold et Sven Dirkscheider sont ici très à l’aise dans l’aciérie heavy metal. Avec eux les nazes goules ne passeront pas. Le seigneur U.D.O.  reste dans les anneaux… euh, annales.

L’album « Steelfactory » est disponible et l’objet encore fumant est un parfait ambassadeur du heavy metal à l’ancienne, mais dans le sens référentiel du terme. C’est si chaud qu’aucune poussière n’accroche dessus. Maître U.D.O. vous forcez le respect par votre intégrité et votre générosité. U.D.O., le retour du Roi ? Assurément ! Sans doute un des albums phares de l’année.  Ne le ratez surtout pas.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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