11 novembre 2019, 23:54

OPETH + THE VINTAGE CARAVAN

@ Paris (Olympia)

Pour grand nombre d’entre nous l’automne est synonyme de grisaille, de pluies glaciales et interminables qui vous donnent envie de se mettre sous la couette pour la soirée et d’en sortir que six mois après. Heureusement (non il n’y a pas Findus), l’automne est ses ambiances tristounes s’accompagne très bien avec certaines musiques et certains groupes et là pour le coup OPETH est pile poil ce qu’il nous fallait. Il semblerait d’ailleurs que les médecins aient prescrit la même ordonnance à tous afin de supporter cette douce entrée vers l’hiver car ce soir l’Olympia est complet pour accueillir le groupe d’ex-death/doom metal converti depuis maintenant dix ans en rock progressif.

Et c’est avec les Islandais THE VINTAGE CARAVAN que la soirée commence, le groupe délivrant un gros power-blues-rock détonnant mélangeant aussi bien les riffs groovy et endiablés que les ballades aux accents folkloriques. Un power-trio des plus efficace, avec le bassiste survolté Alexander Örn Númason ne tenant pas en place, et faisant preuve d’une belle dextérité avec même un petit solo de basse pas piqué des hannetons. Le très souriant et tout aussi expressif Óskar Logi Ágústsson à la guitare fait pleurer sa six cordes tel un Hendrix sous stéroïdes et n’est pas avare de pauses à la guitar-hero mais toujours avec le sourire. Le public comprend qu’il a affaire à du bon, du très bon et se laisse prendre au jeu, ça bouge la tête et sa frappe des mains tant les bonnes vibrations pénètrent les esprits, un cercle vertueux s’installe et le groupe se donnent à 100%, c'est vintage certes mais ce n'est pas poussiéreux loin de là, c'est de l'énergie à l'état pure. Leur prestation terminée, c’est un Olympia comblé qui applaudit la formation nordique et c’est une très belle surprise de les avoir découvert ce soir.



Vingt minutes de pause plus tard les lumières s‘éteignent et "Livets Trädgård" (ou "Garden Of Earthly Delights" si vous préférez la version anglaise) retentit dans la salle accompagné de vidéos en noir et blanc diffusées sur l’écran géant en fond de scène ainsi que d’autres plus petits situés sous les estrades de la section rythmique et du clavier en second plan.
La bande sonore annonce sans grande surprise le titre d’ouverture de « In Cauda Venenum », "Svekets Prins" (ou là encore si vous préférez "Dignity") car oui, comme vous le savez déjà, les titres du dernier album seront chantés dans leur version suédoise, version officielle des chansons dixit le maître de cérémonie de la soirée, Mikael Åkerfeldt. S’en suit le guttural et très apprécié "The Leper Affinity" qui nous renvoie aux heures sombres du quintet et c’est un plaisir non dissimuler que de retrouver la bestialité de l’OPETH d’antan. "Hjärtat Vet Vad Handen Gör" (vous me le copierez cent fois, je ramasse les feuilles à la fin), nous ramène à l’album « In Cauda Venenum » exécuté à merveille et les solos de Fredrik Åkesson sont limpides et jouissifs à souhait.
Si Mikael Åkerfeldt et Fredrik Åkesson sont mis en avant et bien éclairés sur scène, il en va autrement pour Joakim Svalberg, Martin Axenrot et Martín Méndez qui resteront la plus part du temps dans la pénombre. Les jeux de lumières et les fumées apportent une atmosphère éthérée des plus fantomatiques. Le décorum numérique fait son effet et chaque chanson emmène l’auditoire dans un voyage tant sonore que visuel avec des animations ou films uniques et variés navigants entre paysages forestiers mystérieux et animations numériques aux formes futuristes. Comme à son habitude Mikael aime parler au public entre les chansons et plaisante volontiers de son désormais célèbre chapeau qu’il arbore sur scène lui donnant des airs d’Hamish, chose cocasse après "Reverie/Harlequin Forest", Mikael nous fait part qu’en plein milieu de la chanson ils entendaient parler français dans leurs oreillettes, les perturbant un tantinet, il en rigolera et présumera que ça devait être un technicien qui commandait peut-être une pizza !?

Si comme je le disais les guitares sont bien mixées, le public dans la fosse se plaindra d’une basse trop forte et du sous mixage du clavier de Joakim Svalberg. Dommage vu la prestation aux petits oignons que nous offre le groupe.

Après un hommage à un de ses groupe préférés, MAGMA (oui la France à un incroyable talent dans le prog') Mikael lance "Nepenthe" issu de leur premier album complètement dépourvu de chant growl « Heritage » et qui marqua à l’époque le tournant officiel du groupe vers un rock progressif typé 70’s affirmé. Les amateurs de prog' fusion jazzy se régalent sur fond de jeux de lumières jaunâtres et vidéo de formes géométriques psychédéliques accompagnant les solos de Fredrik. De l’aveu de Mikael, la chanson suivante est toujours un défi pour lui tant il la trouve difficile à chanter et à jouer, quand bien même "Moon Above, Sun Below" nous est servie et le rendu est, comme jusqu’à présent, excellent.



Mikael parle souvent au public ce qui donne à cette soirée un côté intimiste, réduisant presque la salle à un concert privé. Après une vérification rapide de l’accordage de leurs guitares, Mikael explique d’ailleurs qu'ils accordent toujours leur guitare entre les chansons mais au moins ils jouent en live pour de vrai et non pas comme d’autres groupes qui ne jouent pas forcément pour de vrai et qu’au moins ils merdent de temps en temps et que ça c’est rock’n’roll.
"Hope Leaves", titre le plus court et peut être aussi le plus simple, nous fait faire un petit crochet par l’album « Damnation », belle mise en avant des chœurs mais dont la prestation sera un peu gâchée par un petit groupe de gens au fond de la salle en fosse qui ne cesse de rigoler telles des pintades irrespectueuses, chose d’ailleurs qui durera une bonne partie du concert avant de se faire reprendre à l’ordre par une partie du public avec de jolis noms d’oiseaux des plus mérités. À peine Mikael murmure l’intro de la chanson "The Lotus Eater" que le public réagit avec acclamations et nous sommes embarqués dans un voyage à travers un tunnel de lumière projeté sur les écrans, comme projetés à la vitesse de la lumière ponctué par des flashs stroboscopiques et autres volutes de fumées. "Allting Tar Slut" sera le dernier morceau issu de « In Cauda Venneum » suivi par "Sorceress" qui donne son nom à l’album précédant et nous plonge dans un tesseract en rotation des plus hypnotiques.

Enfin, après avoir présenté les membres du groupe, OPETH nous offre "Deliverance" en guise d’épilogue, nous montrant qu’il n’oublie pas ses racines en venant clore cette soirée mémorable, un concert mené de mains de maîtres avec une set-list variée, qui aura satisfait un public comblé qui désormais peut aller s’engouffrer dans sa couette en attendant le passage d’un automne bien rigoureux annonciateur d’un hiver imminent.


Portfolio
 

Blogger : Benjamin Delacoux
Au sujet de l'auteur
Benjamin Delacoux
Guitariste/chanteur depuis 1991, passionné de musique, entré dans les médias à partir de 2013, grand amateur de metal en tous genres, Benjamin Delacoux a rejoint l'équipe de HARD FORCE après avoir été l'invité du programme "meet & greet" avec UGLY KID JOE dans MetalXS. Depuis, il est sur tous les fronts, dans les pits photo avec ses boîtiers, en face à face en interview avec les musiciens, et à l'antenne de Heavy1, dont l'émission MYBAND consacrée aux groupes indépendants et autoproduits.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK