18 août 2020, 18:30

UN JOUR, UN ALBUM

• KORN : "Follow The Leader"


Le 18 août 1998 sortait « Follow The Leader » de KORN. L'idée n'est pas d'en faire la chronique, mais d'effectuer une rapide remise en contexte, tout en rappelant quelques faits ou anecdotes que vous ignoriez peut-être sur le troisième album des instigateurs du néo-metal qui fête aujourd'hui son 22e anniversaire.


• Quand KORN investit les NRG Studios de Los Angeles en mars 1998, les musiciens savent qu'ils jouent gros. Après leur album éponyme sorti en 1994 qui a posé directement les bases d'un nouveau genre, baptisé nu-metal ou néo-metal selon le côté de l'Atlantique où l'on se trouve, « Life Is Peachy », leur petit deuxième, a dépassé les 2 millions de ventes outre-Atlantique. Parviendront-ils à faire mieux – d'un point de vue artistique, mais aussi commercial, ce critère entrant toujours en ligne de compte, au moins pour la maison de disques ?
« Un troisième album est toujours capital dans la carrière d'un groupe. Et dans notre cas, il l'était doublement, analysera par la suite Jonathan Davis, le chanteur. Tant de musiciens se sont mis à nous imiter que nous nous devions d'avoir un coup d'avance sur eux et de nous renouveler car quand un style musical devient trop à la mode, il finit par s'autodétruire. »

• Forts d'un budget de 500 000 dollars, soit deux fois plus que pour leur seconde réalisation, les Californiens se lancent donc dans la réalisation (chaotique) de « Follow The Leader ». Non pas avec Ross Robinson, producteur de leurs deux premiers disques et considéré comme l'Artisan du son nu-metal, Davis, James "Munky" Shaffer et Brian "Head" Welch (guitares), Reginald "Fieldy" Arvizu (basse) et David Silveria (batterie) ayant décidé de se démarquer de tous ceux qui se sont engouffrés dans la brèche. 
Ils font d'abord appel à Steve Thompson (GUNS N' ROSES, METALLICA...) qui sera renvoyé dans ses foyers quatre mois plus tard parce qu'ils ne sont décidément pas sur la même longueur d'ondes. C'est donc Toby Wright (ALICE IN CHAINS, PRIMUS...) et le groupe qui coproduisent la galette, ce qui explique que c'est en août et non en avril, comme initialement annoncé, que « Follow The Leader » arrive chez les disquaires.

• S'il n'est pas derrière la console, Ross Robinson est toutefois en studio avec Jon qu'il pousse dans ses derniers retranchements en qualité de coach vocal. Jusqu'à ce qu'il jette l'éponge quand, pour reprendre ses termes, KORN en arrive au point « où l'on se serait cru en studio avec MÖTLEY CRÜE ». Précisons que le producteur, qui fut guitariste de DETENTE, puis de CATALEPSY avec le batteur Dave McClain (SACRED REICH, ex-MACHINE HEAD), est straight edge, tandis que les musiciens, eux, nagent en plein trip sexe, drogues et picole...
Au final, le groupe aura officiellement passé trois mois en studio, dont une partie au cours desquels 60 000 dollars de bières et Jack Daniel's auront été consommés. Sans parler des dizaines de milliers de dollars envolés dans les drogues...

• Sorti pour jouer les teasers à la radio un mois avant la commercialisation de « Follow The Leader », "All In The Family" est un délire que Jonathan Davis qualifiera avec du recul de « chanson la plus stupide que KORN ait jamais enregistrée » – la faute à une trop forte consommation de stupéfiants et d'alcool, assurera-t-il. Il s'agit d'une joute verbale entre Fred Durst de LIMP BIZKIT et lui dans laquelle ils s'insultent copieusement, façon rap battle.
On retrouve de nombreuses références à des morceaux des deux groupes, ainsi qu'à la pop culture américaine qu'il est difficile de comprendre quand on est comme nous nés de l'autre côté de l'Atlantique. Et aussi beaucoup de vannes sur les gays qui passeraient nettement moins bien aujourd'hui. « On était complètement défoncés pendant l'enregistrement » s'excusera le chanteur qui n'appréciait pourtant pas particulièrement de se faire traiter de "tapette" au collège et au lycée et qui en a fait une chanson sur « Korn », "Faget"... 
 

 


• Ce n'est pas une erreur de pressage si le CD commence à la plage 13, c'est juste par superstition...

• Bien que les cinq de Barkersfield se soient longtemps demandé si "Got The Life", qui ne ressemble en rien à ce qu'ils ont fait jusque-là, apparaîtrait ou pas sur l'album, ce sera le premier single officiel. Dans lequel le chanteur s'interroge, comme sur "Freak On A Leash", "Seed" et "B.B.K." : aime-t-il vraiment le succès ? La réponse est : oui (pour les fans), mais non (pour tout le côté business et maison de disques qui lui tape sur le système)...
 


• Côté look, exit Adidas, repris par de très (trop) nombreux musiciens de nu-metal, les cinq hommes apparaissent désormais en Puma. Il faut dire que l'autre marque de sport allemande, alors moins connue que celle à trois bandes, leur a offert un joli chèque de 500 000 dollars pour les habiller et qu'un medley de leurs titres apparaîtra dans un spot publicitaire. Mais jamais ils n'enregistreront d'hymne comme "A.D.I.D.A.S." ("All Day I Dream About Sex"), qui figure sur « Life Is Peachy », que tout fan de KORN qui se respecte se plaît à brailler à pleins poumons dès qu'il l'écoute...

• D'août à septembre, les cinq hommes se lanceront dans la Korn Kampaign, sponsorisée par MTV, qui visitera 15 villes des Etats-Unis façon présidentielles américaines. Son slogan : « KORN wants you ». En moyenne, 2 000 fans se bousculent dans les magasins de disques où ils font étape et les musiciens, qui n'en reviennent pas d'attirer autant de monde, répondent d'abord aux questions des spectateurs avant de se lancer dans la traditionnelle séance de dédicace qui dure plusieurs heures, dans la mesure où ils ne partent pas tant que tout le monde n'a pas eu sa signature.

• Viendra ensuite, pour la promo, "Children Of The Korn", avec Ice Cube, poids lourd du rap et acteur, qui les accompagnera sur la première édition du "Family Values Tour" initiée par le groupe. Une idée qu'ils ont eue après un accrochage avec Sharon Osbourne, épouse d'Ozzy, quand ils ont annulé au dernier moment leur participation à l'unique date non-américaine du Ozzfest, en juin 98 en Angleterre. Head étant sur le point de devenir papa pour la première fois, il tenait en effet à être présent aux côtés de sa compagne et KORN a refusé de lui chercher un remplaçant. « C'est sa femme ou lui qui accouche ? » demandera la manageuse...

Les 27 dates américaines, du 22 septembre au 31 octobre, sont un triomphe. Elles réunissent, outre les Leaders et le rapper (remplacé sur les quatre dernières dates par INCUBUS), LIMP BIZKIT, ORGY (première signature d'Elementree, label cofondé par KORN, son management et un représentant du label Reprise Records) et RAMMSTEIN qui fait sa première incursion aux Etats-Unis. Et inaugurent la KORN Cage, une cage placée en fond de scène dans laquelle une quarantaine de fans prennent place.
 


• L'artwork de « Follow The Leader » est signé Todd McFarlane, Greg Capullo et Brian Haberlin. Ce n'est pas la première collaboration du groupe avec McFarlane puisqu'en 1997, KORN a participé à la bande originale du film Spawn, adaptation au cinéma de son comics du même nom, avec "Kick The P.A." en collaboration avec THE DUST BROTHERS. Une de ces excellentes B.O. courantes dans les années 90, mais qui appartiennent désormais à un passé révolu.
En février 1999, le groupe dégainera "Freak On A Leash" et sa superbe vidéo réalisée par Todd McFarlane, qui mêle plans du groupe en train de jouer et animation. Elle raflera trois awards, dont un Grammy pour le clip. Ce dernier termine là où commencera celui de "Falling Away From Me", premier extrait de « Issues », l'album suivant. A partir de là, KORN mettra un point d'honneur à toujours proposer de superbes vidéos aux airs de courts-métrages.
 


• Mais le succès n'est pas toujours synonyme de bonheur. Alors que « Follow The Leader » s'est directement classé en tête des ventes d'albums aux USA (et n° 5 en France !) à sa sortie et s'est écoulé à plus de 268 000 exemplaires sa première semaine de commercialisation aux States, quelques mois plus tard, le groupe est au bord de l'implosion, entre manque de sommeil, abus de drogues, d'alcool, de groupies et de stars du porno pour le frontman... Deux jours après la fin du "Family Values Tour", KORN embraye sur une tournée US en tête d'affiche en compagnie d'ORGY et INCUBUS. Et puis Davis s'écroule sur scène, épuisé. Il prendra un peu de repos avant que les Californiens ne participent au Big Day Out, un festival itinérant australien.

• Au bout du rouleau, et un peu de sa vie aussi, le quintet ne traversera finalement pas l'Atlantique (il devait jouer au Zénith à Paris le 27 février 1999) et annule sa tournée européenne, avant de partager l'affiche aux USA avec Marilyn Manson sur son "Rock Is Dead Tour". Jusqu'à ce que David Silveria se trouve dans l'incapacité de jouer et que son médecin lui prescrive du repos, beaucoup de repos. Du coup, contrairement à leurs plans de départ, la tournée ne durera pas 18 mois et ils commenceront à plancher plus tôt que prévu sur leur quatrième réalisation, « Issues », qui sortira en novembre 1999.
Reste que vingt-deux ans plus tard, « Follow The Leader » demeure l'album le plus vendu de KORN dans le monde, avec plus de 10 millions de copies écoulées, dont plus de 5 rien qu'aux USA. Et qu'il a eu une énorme influence sur de très nombreux musiciens.
 


• En septembre 2018, KORN se contentera de trois concerts, à San Francisco, Los Angeles et Las Vegas, pour célébrer le 20e anniversaire de son troisième album qu'il jouera en intégralité. Mais il est vrai que parallèlement, Jonathan Davis est en pleine tournée pour promouvoir « Black Labyrinth », son premier album solo sorti quatre mois plus tôt.
 

Discographie
Korn (1994)
Life Is Peachy (1996)
Follow The Leader (1998)
Issues (1999)
Untouchables (2002)
Take a Look In The Mirror (2003)
See You On The Other Side (2005)
Untitled (2007)
Korn III: Remember Who You Are (2010)
The Path Of Totality (2011)
The Paradigm Shift (2013)
The Serenity Of Suffering (2016)
The Nothing (2019)

Un jour, Un Album

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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