22 septembre 2020, 18:30

LABELS ET LES BETES

• "Le côté obscur de la force métallique" - épisode 38

Blogger : Crapulax
par Crapulax


Un vieux proverbe américain dit : « Si tu te Trump le lundi, il y a beaucoup de chances que tu fasses un gros Biden le samedi ».
Sous cette tentative horriblement pathétique et d'un goût douteux de faire de l'humour se cache pourtant (histoire de sauver les meubles) un problème bien réel : la difficulté de se projeter aujourd'hui dans un futur toujours plus incertain que la veille. Dans ce quotidien tourmenté par des peurs qui tournent en boucle dans les médias comme le symbole d'un monde dépressif, dans ce quotidien rongé par des formes d'intolérance protéiformes qui polluent autant le virtuel que le réel, il est difficile de conserver un semblant de positivité.
De la même manière que le héros du film 1917 qui tourne le dos aux horreurs de la guerre à chaque fois qu'il le peut comme pour retrouver sa boussole interne ou tout simplement son humanité, face aux remous de l'actualité il nous reste heureusement notre refuge commun qu'est le metal en général, l'underground ici en particulier, cette musique qui nous unit chaque mois et qui nous fait tant de bien !
Ça et une bonne dose d'humour même un peu naze...
D'ailleurs il y a un proverbe russe qui dit : « si tu as les roues qui Poutine, c'est que la boue glisse Eltsine »... Désolé. (Crapulax)

 

RAVENED : « From The Depths » (JONO Music)

Ils sont jeunes (19/24 ans), ils sont teigneux, ils sont suédois et leur spécialité n'est pas ce petit pain brioché ovale délicieux qui croustille sous la dent le matin, c'est plutôt le gros pain dans la tronche qui soulage la mâchoire de quelques molaires au passage !

Si l'influence manifeste des Américains LAMB OF GOD ("We'll Rise") plane tout au long de ce premier album comme un vautour au dessus de sa proie à l'agonie, force est de constater que les compositions de RAVENED, solides aux ambiances variées, tiennent franchement bien la route (l'excellent "Blackened One") et dénotent d'une belle maturité musicale.
Un metalcore qui ne souffre en effet d'aucune fausse note, violent à souhait (l'intro du titre éponyme), percutant quand c'est nécessaire ("Onyx"), ambiant même parfois ("Denial") mais au final assez convenu dans le sens positif du terme. Car encore une fois, « From The Depths » est du bel ouvrage, impressionnant et très encourageant pour un groupe qui n'a que 2 ans d'existence.

Pas de quoi envoyer mémé faire un tour de piste le déambulateur accroché à une formule 1 mais quand même !
(Crapulax)


CYTOTOXIN : « Nuklearth » (Unique Leader Records)

Si vous avez quelque chose de coincé dans les oreilles et que la pharmacie n'a pas encore ouvert ses portes, voici un puissant remède allemand à base de cytotoxine. La cytotoxine est comme chacun sait une substance nocive qui attaque et détruit les cellules (nécrose). L'abus est donc déconseillé pour la santé du metalleux sous peine de voir une dégradation élevé du nombre de synapses dans le cerveau et de finir par prendre le bruit de son rasoir électrique pour le dernier hit de NAPALM DEATH !

Bref ceci dit pas de grands changements dans la composition chimique de CYTOTOXIN : brutalité h5n1, puissance 4 et technicité h2o similaires aux 3 albums précédents. Moins de sweeping et de cris porcins peut-être et encore... Le batteur est quant à lui toujours un grand malade ("Atomb") et les autres dans leur tête c'est visiblement pas mieux ! Oui la Cytotoxine produit d'importants dégâts sur la santé ("Drown In Havoc" et son solo final de folie), presque autant que le rhume, la grippe et la fameuse gastro-entérite cet hiver...

D'ailleurs depuis la mode des masques, personne ne sera surpris si le gouvernement nous oblige prochainement à porter des couches ! Contre la Cytotoxine en revanche, à part se crever les tympans...
(Crapulax)


OVER THE VOIDS : « Hadal » (Nordvis Produktion)

OVER THE VOIDS, groupe polonais de black metal, est apparu avec un album éponyme en 2017 puis, sans nouvelles du combo, on pouvait se demander s'il y donnerait une suite. La voilà, trois ans plus tard sous le titre de « Hadal ». Celui qui arrive à outrepasser le visuel "spéléologique" de la pochette pour le moins déstabilisant mais très représentatif de l'album, prendra plaisir à découvrir une bande son caverneuse, brute mais emprunte de nombreuses atmosphères.

Après une intro acoustique aux vocaux clairs telle une complainte funeste, « Hadal » démarre en trombe avec de gros riffs rapides et des growls agressifs. La batterie blastée est prépondérante et l'ambiance se veut froide. Des titres comme "Witchfuck" ou "Stone Vault Astronomers" sont martiaux et violents alors que "Prodigal King" par exemple mêle efficacité tranchante et riffs beaucoup plus mélodiques.
Le dissonant "Corridors Inside A Glacier" nous emmène alors au plus profond d'une terre gelée avant de finir sur un "Thin Ice" très éthéré. Bref, ce petit voyage dans les entrailles de la Pologne est tout à fait intéressant et OVER THE VOIDS en est un très bon guide sonore.
(Aude)


VASSAFOR : « To The Death » (Iron Bonehead Productions)

Les sulfureux néo-zélandais de VASSAFOR ne sont pas des petits nouveaux dans le black metal puisqu'ils officient depuis 1997. Malgré tout, « To The Death » n'est que leur troisième album donc il mérite qu'on s'y attarde un tout petit peu. Que les choses soient claires, n'y attendez aucune finesse, aucune empathie, aucune once de joie ou de lumière.

Tous les titres de cette sombre offrande révèlent une profonde misanthropie, une fascination pour la mort et une réelle envie d'en découdre avec le monde. VASSAFOR produit un black metal extrême et chaotique, torturé parfois mais surtout plein de haine. Que ce soit grâce à des morceaux de true black metal comme "Eyrie", blasté et dévastateur ou des titres plus lents mais d'une grande lourdeur comme "Emanations From The Abyss", le groupe nous convie à un rituel glauque et nihiliste, sans concession.

Ce n'est pas la petite intro acoustique de "Singularity" qui nous fera dire que VASSAFOR diversifie ses horizons. Non, définitivement, il se complaît dans la haine et la colère dans un tourbillon de riffs endiablés et de rythmes ultra rapides. Mais c'est ça qu'on aime non ?
(Aude)


PROSCRIPTION : « Conduit » (Dark Descent Records)

Tendez l'oreille, faites le vide autour de vous. Ça y est...vous l'entendez ? Cette froide mélopée qui résonne au fin fond d'une caverne obscure souillée par mille abominations. Lugubre, hum ? L'on y devine aussi des échos, à peine palpables, de voix déformées par on ne sait quelle souffrance infligée par de viles divinités vengeresses.

Voilà ce que l'on imagine sans mal à la découverte de ce "Conduit" énigmatique et habité. Cthuhlu et ses frérots ont dû passer un sacré bon moment dans cette antre finlandaise où l'on célèbre le death metal dans sa forme antédiluvienne, au son des premiers méfaits d’un certain INCANTATION. Oui, tout ici fleure bon la fin des années 80, le riffing mammouth et percutant, les parties de batterie monolithiques et écrasantes, le chant profond et ténébreux en bonus.

Le travail d'orfèvre délivré sur chacune des neuf compositions de ce "Conduit" est remarquable, des solis maléfiques aux rythmiques vertigineuses délivrées par la paire Cruciatus/Christbutcher (bouh !), en passant par les coups de latte bûcheronnesques assénés avec passion par un Mikko Koskinen aux abois. Tout sonne juste, sans chichis et ravira à n'en point douter les amateurs d'un death poisseux et grassouillet...
(Clément)


CREPUSCULE D'HIVER : « Par-Delà Noireglaces et Brumes-Sinistres » (Les Acteurs de l'Ombre)

A la lecture de la biographie de ce one-man band français, il soufflait comme un vent glacial évoquant les premiers albums de SATYRICON et EMPEROR. Pensez-donc ! « De la vision des champs de bataille à celle des forteresses spectrales, CREPUSCULE D’HIVER est un appel à contempler à nouveau l’esthétique glorieuse et romantique du black metal médiéval. »
Voilà qui met en appétit hein ? Bon, trêve de mélancolie baveuse, je range la naphtaline, ça commence à sentir. D’autant que même s’il prend ses inspirations à la source norvégienne, Stuurm, le principal compositeur, saupoudre le tout d'une bonne pincée de mélodies givrées et de synthés brumeux. Pas une surprise cependant puisqu’il officie également aux manettes de GARGOYLIUM, son autre projet dévoué au dungeon-synth (MORTIIS en guise de repère pour ceux qui se demandent bien ce que c’est).

Ce qui est sûr, c’est que CREPUSCULE D’HIVER est indéniablement le plus black metal des groupes signés chez Les Acteurs de l’Ombre. Et, avec plus de 70 minutes brutales et épiques forgées dans la pure tradition nordique du milieu des années 90, il donnera sur ce premier album son lot de sueurs froides aux amateurs de rythmiques gavées à l'acide sulfurique. J'en suis !
(Clément)

Blogger : Crapulax
Au sujet de l'auteur
Crapulax
Véritable touche-à-tout venant du metal underground : ancien animateur radio de l'émission TRANSAM ROAD (1989/1995), rédacteur de fanzines (CREME D'ANDOUILLE), ex-chanteur et guitariste rythmique au sein du groupe de Post-Hardcore SCREAMING SHORES (2006/2011). Également artiste graphique : affiches de concerts, jaquettes de démos, logos, caricatures de stars du Metal et divers comics (SEXUAL TENDENCIES, PAPY METAL, NEOBLASPHEMATEURS).
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