Avec sa liste d’invités longue comme mon bras, ce cinquième album du trio new-yorkais a de quoi intriguer. Pensez donc, réunir sur une même embarcation Colin Marston (BEHOLD THE ARCTOPUS, KRALLICE et accessoirement producteur de renom au sein de la scène black metal américaine) le vétéran du smooth jazz Kenny G au saxophone, Alex Skolnick (TESTAMENT, ex-SAVATAGE entre autres), Trey Spruance (MR. BUNGLE) ou encore Snake (VOIVOD) et faire que tout ce petit monde cohabite sans que cela vire au joyeux foutoir, voilà qui mérite plus qu’un clin d’œil appuyé. Il faut dire que l’univers d’IMPERIAL TRIUMPHANT est fascinant : au-delà des dissonances qu’il affectionne pour nourrir son black metal extraterrestre, celui-ci convie à la noce influences jazz, tempos épileptiques et rythmiques hallucinées avec en guise de décor les bas-fonds de la nuit new-yorkaise.
Et pour ceux qui suivent le groupe depuis son exposition grandissante avec la signature chez Century Media Records et la sortie de « Alphaville » en 2020, peu de surprises figurent à l’ordre du jour. En effet, IMPERIAL TRIUMPHANT propose ici ce qui en constitue la suite logique, toujours aussi déglinguée. Un grand barnum evil à souhait où se côtoient ces rythmiques désarticulées nourries jusqu’à l’excès de dissonances infernales. Le tout baigne une nouvelle fois dans une ambiance chaotique où les seuls survivants sont ceux qui auront pris le soin de laisser leur santé mentale à l'entrée du magasin.
Parce qu'il faut être un minimum préparé pour attaquer ce bestiau de cinquante-cinq minutes par le flanc puisque celui-ci ne laisse filer qu'une quinzaine de secondes avant de lâcher "Chump Change", une épaisse glue de riffs démoniaques qui s'abat sur les tympans sans crier gare. Ambiance, ambiance. Impossible d’y voir clair sur ce salmigondis qui réunit en son sein embardées furibardes et breaks de dingos, le tout délivré avec un certain doigté. Tout cela s'apparente à la première écoute à un gigantesque foutoir rythmique qui part dans tous les sens. Puis l’album se dévoile au fil des écoutes et distille un certain charme qu'il convient de saisir sans trop se poser de questions. Ce qui est pris n’est plus à prendre.
« Spirit Of Ecstasy » pousse encore et toujours le bouchon plus loin, perdant parfois au passage l'auditeur dans ses recoins hantés pour mieux le saisir par le cou lorsqu’il s’y attend le moins ("Merkurius Gilded" mettra tout le monde d’accord à ce sujet). Un album de cinglés ? Sans nul doute. Et fier de l’être.