16 juin 2023, 23:59

MÖTLEY CRÜE

@ Clisson (Hellfest Open Air)


Après une absence de près de vingt ans suite à sa venue au Zénith de Paris en 1989, MÖTLEY CRÜE avait investi l’unholy land du Hellfest en 2009 et était revenu trois ans plus tard, à nouveau dans ce même Zénith parisien. De cette première date à Clisson, beaucoup en étaient ressortis avec un sentiment en demi-teinte, entre joie d’avoir revu en France le "gang de chiffonniers" et celle d’un concert sans vraie scénographie, un peu expédié diront certains, bâclé diront d’autres, formidable pour une petite proportion du public qui était présent ce jour-là. On ne peut donner tort à quiconque, le plaisir de revoir le CRÜE ayant été bien réel mais l’enthousiasme aurait en effet pu être bien plus intense, de part et d’autre des musiciens et des spectateurs. Le concert au Zénith avait été en cela plus convaincant, date solo oblige, et on attendait de pied ferme leur nouvelle venue pour juger de la pérennité de leur jeu. Las, l’annonce début 2014 de leur souhait de mettre fin à la carrière du groupe avait douché les espoirs de nombreux fans. Mais c’était sans compter sur l’appât du g… euh, l’amour des fans. Et Vince Neil & Co. de se rabibocher et repartir en tournée avec visite des stades US en compagnie de DEF LEPPARD, POISON et Joan Jett & The Blackhearts. Entre océan à traverser, COVID à vaincre, on ne peut pas dire que c’était gagné d’avance pour entendre à nouveau en nos contrées des titres de « Too Fast For Love » ou des référentiels « Shout At The Devil » et « Dr. Feelgood ». Mais ça, c’était sans compter sur Ben Barbaud et le Hellfest ! Sûrement soucieux de proposer aux festivaliers une prestation d’un standing supérieur à celle de 2009, on imagine ce qu’a pu être la conversation entre Ben et le CRÜE : « Bon les gars, je vous booke à nouveau en tête d’affiche mais va falloir vous sortir les doigts comme disait Aimé, que Vince fasse une diète et prenne du Lisopaïne© et, je vous en conjure, rameutez-vous avec un show à l’américaine, "larger than life" bon sang de bois ! » Et, ma foi, il semblerait que ce message ait été entendu...

D’emblée on se dit que les choses vont être bien faites avec l’ouverture des hostilités par une courte vidéo d’introduction où l’on découvre une fausse chaîne d’information télévisuelle baptisée MCNN (pour MÖTLEY CRÜE News Network), détournement de la vraie chaîne d’info en continu CNN, et dont le présentateur explique qu’un piratage d’envergure a eu lieu avec un message d’avertissement diffusé : « We can’t undo the past, the future is oürs. For one night and one night only. » (« Nous ne pouvons revenir sur le passé, le futur est à noüs. Pour une nuit et une nuit seulement. ») Et c’est au son de "Wild Side", extrait de l’album « Girls, Girls, Girls » que Vince Neil, Nikki Sixx, Tommy Lee et le nouveau guitariste, John 5, remplaçant le démissionnaire Mick Mars (ne comptez pas sur nous pour entrer dans les détails de cette histoire qui a pris depuis des proportions juridiques) font leur arrivée. Et alors ? Eh bien, le son est massif, le light-show à l’avenant, la production pharamineuse, bref on est bien là hein, Tintin ? Et pour faire un peu trivial, ça ne va pas débander une seconde pendant l’heure et demie qui leur est allouée. L’avantage de ces groupes et de ces prestations en festival est que l’on a affaire à de véritables juke-box vivants, enchaînant hit sur hit, morceaux de bravoure aux hymnes. De "Shout At The Devil" à des "Live Wire", "Looks That Kill", "Dr. Feelgood" ou autre "Same Ol’ Situation (S.O.S.)", ça enfile des perles comme à la parade. Alors certes, quelques parties sont enregistrées et sortent de la console mais on ne va pas pinailler lorsque le plat est bien fait même s’il contient quelques exhausteurs de goût. Et pour relever la salsa picante, deux danseuses accortes et parfois fort peu vêtues ma foi viennent pimenter un peu le show, comme à l’époque des Nasty Habits dans les années 80. A l’instar de Mick Mars lorsqu’il était des leurs, nous avons droit à un solo de John 5, dispensable (comme tout solo) et à l’intervention de Tommy Lee demandant à quelques demoiselles peu pudiques dans l’assistance d’exhiber leur poitrine, ce à quoi certaines se feront un plaisir de lui répondre de visu et sur écran géant s’il vous plaît. A notre époque #metoo, cela reste fait de manière consentie et se veut bon enfant finalement car ça fait partie du show MÖTLEY CRÜE depuis des lustres.

Se prendre des obus plein les mirettes c’est bien mais des scuds entre les oreilles, c’est mieux ! Ainsi, les moments de cette soirée qui sont plus particulièrement à retenir (selon l’avis de votre serviteur) ont été les suivants hormis la ribambelle de morceaux cultes déroulés : tout d’abord le sympathique medley rock'n'roll constitué de reprises ("Smokin' In The Boys Room" (par BROWNSVILLE STATION et qui  figure sur l’album « Theatre Of Pain » paru en 1985), "Helter Skelter" (THE BEATLES), "Anarchy In The U.K." (SEX PISTOLS) dans une version bien plus rentre-dedans que celle des pourtant légitimes GENERATION SEX que l’on a vu la veille, et enfin "Blitzkrieg Bop" (RAMONES). Même si, pour ronchonner un peu (à la française...), on aurait préféré un titre supplémentaire issu de leur propre répertoire, nombre d’entre eux n’ayant pu être joués. Puis, sur "The Dirt (Est. 1981)", le featuring du rappeur Machine Gun Kelly, interprétant Tommy Lee dans le biopic The Dirt à voir sur Netflix, qui a par ailleurs donné une prestation convaincante plus tôt dans la journée (pour peu que l’on ait l’esprit ouvert bien entendu) et la frappe de son batteur, JP "Rook" Cappelletty, remplaçant Tommy Lee sur "Girls, Girls, Girls". Bien sûr, la double salve finale imparable de "Primal Scream" et "Kickstart My Heart" aura achevé de faire taire les sceptiques dans la fosse dixit Manard d’ULTRA VOMIT et a permis aux fans de finir "à la Bruel", c’est-à-dire en se cassant la voix. Bref, en toute honnêteté, je ne vois pas grand-chose à redire d’une prestation carrée, ultra rodée, certes très américaine comme dit plus haut mais qui a fait le job et l’a bien fait, du moins beaucoup plus qu’en 2009 il faut l’admettre. 15 chansons qui, au final, n’auront pas laissé les spectateurs... chiffon. Et surtout pas cette jeune fan que Nikki Sixx a fait monter sur scène (le hasard est bien fait, elle portait un t-shirt SIXX:A.M.) et qui lui aura donné le temps de faire un selfie en sa compagnie, fixant sur smartphone un moment impérissable. Classe je trouve et... if John 5 5 5, Nikki Sixx Sixx Sixx!


Set-list :
Requiem in D minor, K. 626 (Wolfgang Amadeus Mozart)
Breaking News (intro vidéo)
Wild Side
Shout At The Devil
Too Fast For Love
Don't Go Away Mad (Just Go Away)
Saints Of Los Angeles
Live Wire
Looks That Kill
The Dirt (Est. 1981) (avec Machine Gun Kelly)
Solo John 5
Rock'n'Roll, Part 2 / Smokin' In The Boys Room (BROWNSVILLE STATION) / Helter Skelter (THE BEATLES) / Anarchy In The U.K. (SEX PISTOLS) / Blitzkrieg Bop (RAMONES)
Home Sweet Home
Dr. Feelgood
Same Ol' Situation (S.O.S.)
Girls, Girls, Girls (avec JP "Rook" Cappelletty)
Primal Scream
Rappel :
Kickstart My Heart

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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