18 juin 2023, 23:58

HELLFEST OPEN AIR

@ Clisson (Jour 4)


Pour ce quatrième et dernier jour du Hellfest 2023, c’est un ciel gris plomb, chargé de nuages menaçants, qui nous accueille sur le site. La météo annonce des orages et pour une fois, elle ne se trompe pas. Mais on ne va quand même pas se laisser gâcher la fête, alors on emporte l’équipement nécessaire pour résister aux caprices du temps...

Avant de se prendre des trombes d’eau sur la tête, on va tout de même pouvoir assister au concert de BEYOND THE STYX sur la Warzone. Au programme, 30 minutes de hardcore/crossover brutal et sans concession par le quintet venu de Tours. De quoi réveiller les festivaliers de leur torpeur matinale et les mettre en condition pour le reste de la journée. Les musiciens sont carrés et hargneux à souhait et le discours du frontman, Emile Duputié, est intelligent et concerné. Il évoque la liberté d’être, liberté de choix, liberté d’afficher ses différences. On parle de respect de l’autre, mais aussi de respect de soi. Ce sera le mot d’ordre du jour d’ailleurs, puisque le même genre de discours sera évoqué par Lzzy Hale de HALESTORM plus tard... Pendant qu’on arrive à passer entre les gouttes, on en profite pour descendre vers la MS1 où se produit le trio FLORENCE BLACK, excellent groupe de gros rock'n'roll groovy et endiablé. Impossible de résister à l’envie de bouger tant la musique du groupe est entraînante et frontale. Le concert est mené à fond de train, avec, cerise sur le gâteau, une très bonne version du "Breadfan" de BUDGIE, popularisé par METALLICA en son temps. Une chouette découverte comme on les aime. Seuls regrets, le temps de jeu du trio est trop court, et le dernier morceau est gâché par les gouttes de pluie qui se transforment rapidement en averse intense. On fait donc l’impasse sur la prestation de RESOLVE sur la Warzone... Hélas.


Pour ne rien louper du concert de THE OLD DEAD TREE, dont la participation en première partie de KLONE en février dernier au Trabendo m’avait interpelée, on file directement sous la Temple. La tente se remplit vite de fans, à l’image de mes deux voisins, père et fils, bruyamment enthousiastes, mais aussi de festivaliers venus se réfugier des seaux d’eau qui se déversent sur le site. Il est certain que ces derniers n’ont pas regretté leur choix, tant la prestation du groupe a atteint un niveau d’intensité qui fait dresser les poils. Loin de desservir les musiciens, ce temps morose et cette proximité avec le public renforce la puissance émotionnelle de leur musique. Avec un décor fait de branchages morts, éclairés d’ampoules diffusant une lumière tamisée, le quintet entre en scène pour un set de 40 minutes de metal sombre, extrême, mélodique et gothique. Plongée dans le passé avec d’anciennes chansons telles "Sorry", "Start The Fire", "Unrelenting", "My Friends", "It Can’t Be", "We Cry As One", mais également mise en avant du tout récent "Terrified", qui passe merveilleusement l’épreuve de la scène. Les musiciens sont habités, particulièrement le chanteur Manuel Munoz qui dégage une émotion à fleur de peau, entre solidité et fragilité, maîtrisant aussi bien ses growls que son chant clair. Le son permet de distinguer chaque subtilité et se diffuse harmonieusement sous la tente. Les festivaliers sont sous le charme et le font savoir sans se faire prier. Le concert se fait de plus en plus intense pour atteindre son climax lors du dernier morceau, "What Else Could We’ve Said" et son passage acoustique sublime de beauté qui fait monter les larmes aux yeux. THE OLD DEAD TREE nous a offert, sans conteste, le concert le plus envoûtant de ce dimanche, de ceux qui restent gravés à jamais dans le cœur.


Il pleut encore à verse et le sol herbeux, en épongeant toute la flotte, s’est mué en bain de boue spongieux. Après une petite pause et pour vaincre la morosité de ce temps sinistre, on retourne sous la Temple pour groover et danser au son du metal indus de TREPONEM PAL, avec Marco Neves au chant et en grande forme. Ses acolytes distillent rythmes poppy, reggae, funky, soul, en fonction des titres avec une facilité déconcertante et une maîtrise épatante. Le public entre dans la transe sans résister tant le groupe sait faire monter la pression et l’on ressort de ce show avec le sourire. D’autant plus que la pluie a enfin cessé de nous enquiquiner. Excellente nouvelle pour le heavy rock de HALESTORM qui investit la MS2 devant un public copieusement garni. Il faut dire que la voix surpuissante et irrésistible de Lzzy Hale attire immédiatement les festivaliers et cloue sur place ceux qui avaient décidé d’aller voir un autre concert. Absolument impériale de bout en bout, la frontwoman la plus burnée de tout le festival prouve que les femmes ont toute leur place dans le monde du rock et metal. Et que le plus bel organe à exposer est bien la voix et rien d’autre ! Ses compagnons de scène sont absolument parfaits tant musicalement que dans leur attitude. C’est un groupe soudé et complice que nous admirons, qui envoie du lourd avec des morceaux issus de tout le répertoire du groupe ("I Miss The Misery", "I Get Off", dédié à toutes les femmes dans le public, "Wicked Ways", "Familiar Taste Of Poison", "Back From The Dead") et Arejay Hale, batteur et frère de la chanteuse, va se faire plaisir avec un solo de batterie déjanté. Haut en couleur, c’est un concert ultra dynamisant que nous donne HALESTORM. A entendre les fougueuses acclamations que récolte le groupe, les festivaliers sont conquis. A juste titre.


Sur la MS1, HATEBREED prend la suite avec son metal hardcore mâtiné de thrash. Référence incontournable du genre, le groupe est très attendu. Le sourire et la bonne humeur de Jamey Jasta, barbu et au look de bûcheron, font plaisir à voir. HATEBREED enchaîne des titres tous plus jouissifs les uns que les autres, entre violence brute et groove imparable. Les musiciens enfilent les tubes et les festivaliers sont ravis de cette montée de téstostérone. Changement d’ambiance radicale sur la MS2. Il faut dire que la transition entre HATEBREED et ELECTRIC CALLBOY est pour le moins... particulière ! La foule est dense et les caméras, pour combler le retard pris par le groupe allemand, s’amusent à filmer certains festivaliers en gros plan. On voit ainsi naître une idylle prometteuse (à moins que ce ne soit qu’un coup d’un soir...) entre la peluche Scratch et sa copine la Licorne blanche, qui vont s'échanger un bisou sous les vivas des spectateurs. Une saynète qui résume bien le concert qui va suivre : ambiance cours de récré pour "Techno Train". Avec force, confettis et serpentins, changements de costumes et perruques, ELECTRIC CALLBOY va transformer la fosse en dancefloor fun et coloré. Si la prestation du groupe est enjouée, à la mesure de ses tenues ultra colorées et décalées, les morceaux sont tous construits sur le même schéma : un début calme/pop/electro/sucré, avant un final bien plus agressif et metal. Ce qui fonctionne sur un titre ou deux devient donc lassant sur toute la longueur du set. La grande majorité du public adhère toutefois à ce show qui mêle humour, parodie, refrains entêtants et gros riffs, et la musique débridée du groupe n’est sûrement pas faite pour ceux qui se prennent trop au sérieux, mais peut laisser franchement dubitatif. Et comme tous les groupes de cet acabit, ELECTRIC CALLBOY attire autant de fans que de détracteurs...


On retrouve la Warzone pour le concert de THE AMITY AFFLICTION, groupe australien de metalcore mélodique. Quelques pointes de brutalité viennent enrichir le propos du groupe, mais l’ensemble reste très soft et pourrait servir de porte d’entrée pour ceux qui souhaiteraient découvrir en douceur l’une des facettes les plus accessibles du metal. Avec sa voix claire d’adolescent qui n’aurait pas encore mué, le guitariste rythmique Dan Brown apporte un joli contraste avec Ahren Stringer, le préposé aux cris, chargé de donner plus de rugosité aux compositions. Agréable moment en compagnie d’un groupe fort sympathique, qui fait slammer en priorité les filles sur leurs titres les plus mélodiques.

LORD OF THE LOST nous accueille sous la Temple pour un show déjanté à l’énergie contagieuse. Les Allemands au look décalé (on notera le mini-short sexy et les collants du frontman, Chris Harms, et la petite robe du claviériste et percussionniste, Gared Dirge) vont offrir au public nombreux de quoi contrer la tristesse météorologique avec une note ultra fun et colorée au sein d’un concert d’une heure mené tambour battant. Entre lourdeur des guitares et mélodies légères et entêtantes des claviers, le metal gothique teinté de glam, de pop et d’indus de LORD OF THE LOST fait mouche auprès des festivaliers qui puisent dans leurs dernières réserves pour sauter et danser au rythme de la batterie martiale. Et comme l’annonce si bien la pancarte d’un fan des premiers rangs : « Fuck Eurovision. We love you » ! Respect, tolérance, paillettes et metal se mélangent harmonieusement. Infatigables, les musiciens cavalent de long en large sur scène, donnant tout à un public qui en redemande. Chris Harms possède une voix de baryton profonde fascinante et puise encore plus profondément lorsqu’il s’adonne à ses growls rageurs. Le show est total, d’une intensité et d’une vivacité incroyables. Servi par un très bon son, les morceaux s’enchaînent comme autant de hits : "The Curtain Falls", "Morgana", "Loreley", "Blood & Glitter"... Jusqu’au final explosif de "Drag Me To Hell". Concert idéal pour terminer quatre jours de folie et de décibels, de retrouvailles et d’amitié, entre belles découvertes et consécrations.

Alors qu’une foule dense s’amasse devant les Main Stages pour la prestation de PANTERA, je sors de la Temple sur les rotules et retrouve un ami photographe, exténué lui aussi. Nous rêvons tous deux d’une bonne nuit de sommeil tandis que résonnent les notes de "A New Level" et "Mouth For War". Le départ devant se faire aux aurores le lendemain matin, il est grand temps de dire au revoir à Clisson et de retrouver mon doux félin qui m’attend sagement au studio. Grand temps de dire merci au Hellfest pour nous avoir encore une fois régalés de mille sons et d’autant de couleurs. Retour en enfer l’année prochaine et l’addiction est telle que l’on ne peut s’empêcher de rêver dès à présent à ce qui nous attend...

JOUR 1
JOUR 2
JOUR 3

Blogger : Sly Escapist
Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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