Il arrive parfois, à la faveur de l'été, que les chroniqueurs partent eux-aussi en vacances. Mais en règle générale ils pensent emmener consciencieusement dans leurs bagages quelques petites "friandises musicales" histoire de ne pas perdre la main... Hélas, suite à une erreur d'étiquetage à l'aéroport sans doute, notre cher acolyte Clément s'est retrouvé à l'autre bout de la planète avec l'intégrale de Bézu et du Club Dorothée en CD dans ses bagages. Malgré une volonté évidente de sa part de bien faire, nous sommes au regret de vous annoncer que ses chroniques récemment transmises, bien que particulièrement extrêmes, ne pourront exceptionnellement pas passer ce mois-ci dans la rubrique Labels & Les Bêtes. Elles restent néanmoins consultables au siège de HARD FORCE une personne à la fois... à la queuleuleu, quoi !!! Aude et Crapulax ont donc accepté de prendre le relais sans tenter de profiter de la situation (cela va de soi !). Bonnes vacances à lui ainsi qu'à vous tous et à vous toutes !
VAEGON : « The Particle Eclipse » EP (Autoproduction)
Amateurs inconditionnels de death metal technique comme OBSCURA, ARCHSPIRE, SPAWN OF POSSESSION, THE FACELESS, DEATH, FIRST FRAGMENT et autres NECROPHAGIST de fort bon aloi, voici un nouveau-venu qui s'attache au convoi comme un bon petit wagon, comme un VAEGON devrait-on dire (ah ah ah...) !
En l'espace de 5 titres et 25 minutes chrono, la formation originaire d'Edmonton de la province d'Alberta au Canada convainc largement sur l'étendue des capacités techniques de ses solistes sur "The Righteous" ou "Aphelion" ou de son infatigable batteur à 8 bras ("Volified"). Opinion plus mesurée pour le chanteur qui fait certes le job ou pour le bassiste qu'on ne capte pas vraiment même sur sa vidéo de basse playthrough ("Blank Lexicon"), un comble ! Faudra un jour que les bassistes du monde entier nous expliquent à quoi sert une vidéo de démonstration si personne ne les entend !
Bref, techniquement parlant ça cause et pas qu'un peu sur « The Particle Eclipse ». Donc si par malheur vous ratez le dernier VAEGON (re-ah ah ah...), il faudra prendre son mal en patience jusqu'au prochain train !
(Crapulax)
THORNAFIRE : « Leprosario Lazareto » (Great Dane Records)
Preuve vivante que même venant d'un petit pays on peut proposer un death metal de qualité, les Chiliens THORNAFIRE possèdent une sacrée maîtrise instrumentale à l'image de leur dernier single "El Coro De Los Hambrientos En Tus Oidos Conchetumadre" récemment sorti en lyric-video. Une carte de visite qui en ferait rêver plus d'un !
Il faut dire que les bougres en sont déjà à leur sixième album alors, la musique qui bétonne, ça les connaît. A part "La Red Que Nos Mantiene Unidos" avec sa guitare acoustique et son chant féminin qui fait office de rai de lumière au milieu des ombres menaçantes, l'air d'opéra de "Diogène de Sinope" (un philosophe grec qui a dit un jour : « nous avons deux oreilles et une langue pour écouter plus et parler moins ») et le moment electro de l'outro qui prouvent que l'univers musical de THORNAFIRE est beaucoup plus étendu qu'on pourrait le croire. Tout le reste a été gravé dans le marbre avec une brutalité sans pareille. Des coups de burin habiles qui laissent des traces ("Saturno") dans les esgourdes dilatées qui forcément en redemandent.
THORNAFIRE, un nom à retenir.
(Crapulax)
SCAR SYMMETRY : « The Singularity (Phase II - Xenotaph) » (Nuclear Blast Records)
Dire que 9 longues années auront été nécessaires pour que résonnent à nouveau les notes de la formation suédoise !
SCAR SYMMETRY, c'est la conjugaison de plusieurs talents : celui de la paire Per Nilsson/Jonas Kjellgren, véritables génies de la composition et du maniement de la 6 cordes, et celui de Christian Älvestam à la voix claire cristalline et au chant growlé surpuissant. L'espace de 3 albums (« Symmetric In Design » en 2005, « Pitch Black Progress » l'année suivante et « Holographic Universe » deux ans plus tard), SCAR SYMMETRY s'est haussé au niveau des plus grands, mettant littéralement la planète metal à genou. Hélas les départs du chanteur prodige et de Jonas signèrent en quelque sorte le début de la fin.
Depuis, armé de deux chanteurs qui se partagent la tâche (décriés par le passé, ils assurent plus qu'honorablement cette fois-ci), Per Nilsson a semble-t-il retrouvé de son côté la pêche comme le prouvent des refrains toujours aussi redoutables d'efficacité ("Chrononautilus", "Overworld"), des parties solo irréprochables ("Scorched Quadrant") et des passages inoubliables (l'intro de "Overworld"). C'est le grand retour du death mélodique classieux, nerveux et beau comme une scène s'illuminant sur un immense mur d'amplis.
(Crapulax)
BROUILLARD : « Brouillard » (Transcendance)
BROUILLARD est de retour avec son black metal atmosphérique dépressif, sombre et torturé. Le one-man band français vous propose ici une heure de musique glaciale sur quatre titres intitulés "Brouillard", comme d'ailleurs tous les autres morceaux des cinq albums précédents nommés... « Brouillard » eux aussi.
Cela peut paraître déstabilisant au mieux, facile au pire mais on peut y voir là simplement une prolongation d'un thème musical infini, sans frontières et insondable. Car l'extrême côtoie ici la mélancolie, le black metal hargneux se confond avec de belles atmosphères et se dessinent alors sous nos yeux, des paysages embrumés, comme dans un rêve éveillé ou plutôt un état de transe incontrôlable. Le flou s'installe et on se laisse bercer par des rythmes soutenus ou des passages d'une grande sérénité, par des hurlements caverneux ou de l'ambient fantastique.
Un album de BROUILLARD ne fait pas que s'écouter : il se vit, il se ressent. Inutile de résister, l'appel de l'inconnu vous envahira dès les premières notes de "Brouillard". Alors faites une pause, respirez, voyagez... recommencez sans modération. Un peu de fraîcheur s'offre à vous, délectez-vous-en.
(Aude Paquot)
ADVERSVM : « Vama Marga » (Moribund Records)
Troisième album pour les Allemands ADVERSVM et toujours autant de noirceur dans leur appréhension de la musique qu’ils délivrent. Les dix titres de ce « Vama Marga » sont d’une lourdeur infinie mise en œuvre grâce à un doom/death funestement réalisé. Les guitares sont lentes, les rythmes pesants et les vocaux growlés viennent encore appuyer ce côté lugubre fascinant et hypnotique. Les claviers viennent apporter une atmosphère ésotérique à l’ensemble tout en se gardant bien de laisser passer quelconque lumière qui pourrait venir égayer une bande son diaboliquement sombre.
Si ADVERSVM reste résolument doom, il propose ici une version plus death de lui-même mais aussi un côté plus mystérieux, plus profond, peut-être plus mature avec des riffs galvanisants et une envie furieuse de nous plonger dans le noir chaotique. Il y fait froid, il y règne une atmosphère effrayante mais on s’y sent irrémédiablement attiré.
Que ce soit la voix susurrée de "Vindex" ou les blast-beats de "Sinistrum", tout concorde à garder l’auditeur en haleine au fur et à mesure d’un album des plus réussi. Allez en paix, vous savez ce que l’avenir vous réserve.
(Aude Paquot)
HENGET : « Beyond North Star » (Season Of Mist)
Nouveau groupe finlandais évoluant dans un black metal innovant voire avant-gardiste, HENGET vous propose un premier album d’une grande richesse, brutal, technique et saisissant. Dès les premiers riffs de "Dive", on sent la déferlante qui nous emporte mais les nombreux breaks rock groovy nous rappelle que le groupe de Tampere ne se limite pas à du black basique. « Beyond North Star » va bien au-delà et nous sert des dissonances à foison, des moments jazzy, des passages blastés, une voix growlée et des atmosphères envoûtantes.
Du rock, de l’épique, de la mélancolie, du true-black bien sûr, des soli envolés, bref, il y a tout dans cet album. A chaque écoute, on en découvre un peu plus. Il ne faut pas être pressé évidemment et prendre le temps d’écouter pleinement les nuances des huit titres mais c’est tellement satisfaisant, mot à la mode mais qui prend tout son sens ici.
Mention spéciale à l’éponyme "Beyond North Star", cosmique, hargneux, fougueux même, presque symphonique ou au très death "The Chalice Of Life And Death" qui referme l’album avec puissance. Les amateurs de DØDHEIMSGARD ou ARCTURUS devraient se régaler à l’écoute de HENGET.
(Aude Paquot)
