8 septembre 2023, 19:15

IRON MAIDEN

"Dance Of Death" (2003 - Rétro-Chronique)

Album : Dance Of Death

Nous sommes (déjà) en 2023 et cet album fête ses... 20 ans !

Il est difficile de croire qu’il s’est déjà écoulé vingt ans depuis la parution le 8 septembre 2003 (pour l’Europe) de « Dance Of Death », 13è album studio du sextet britannique IRON MAIDEN. Le deuxième alors depuis le retour conjoint du chanteur Bruce Dickinson et du guitariste Adrian Smith survenu 4 ans plus tôt. Enregistré à Londres aux studios Sarm West par le producteur Kevin Shirley, en place depuis « Brave New World » (2000) et dont la formation ne se séparera plus jusqu’à ce jour, l’album est clivant selon les retours. Alors, trop grande attente des fans après l’excellent album du retour ou bien baisse d’intensité dans le processus créatif ? Avec le recul, on dira que c’est un peu des deux Mon Capitaine. A sa parution, les fans ont pu entendre que sur cet album figuraient de nouvelles prises de risque, certes minimes, mais aussi la velléité de se tourner (« Enfin ! » dixit Bruce) vers l’acoustique ou de permettre à l’un des membres de signer une – vraie – composition, sa première depuis son intégration en 1983, j’ai nommé le batteur Nicko McBrain. Petit flashback sur un disque mal-aimé, à tort ou à raison mais qui n’a laissé personne indifférent. La marque des grands dit-on ? J’en entends certains grincer des dents… Armé d’une lampe Petzl™ et de mon matériel de spéléologue, je vais creuser un peu en votre compagnie si vous le voulez bien afin de redécouvrir ce qu’était vraiment cette danse de la mort.

Prolifique au possible, d’aucuns – les détracteurs mal informés – diront despotique, le bassiste-leader Steve Harris appose ici son nom sur dix des onze compositions constituant « Dance Of Death », l’exception étant à aller chercher du côté de "New Frontier", un morceau traitant de la religion (le clonage et le droit de se prendre pour le Créateur plus particulièrement) composé conjointement par Adrian Smith et Bruce Dickinson sur des paroles écrites par Nicko McBrain, un born again christian (chrétien récemment converti). En la réécoutant aujourd’hui, impossible de nier sa filiation Maidenienne et je trouve qu’elle n’a pas à rougir de la comparaison, et sur ce disque et avec des titres d’autres albums. Pour le reste, le kaiser du gang anglais s’est associé avec chacun des autres membres de son groupe pour accoucher de titres typiquement MAIDEN, à l’image de "Rainmaker", choisi comme single, un format dont Steve n’est pas forcément coutumier, "Gates Of Tomorrow" ou bien encore "No More Lies", une chanson épique qui sied mieux à sa marque de fabrique. Hormis les redondances que ce dernier titre peut contenir (l’un des gros défauts du skip comme on le sait, quelques cycles de mesures en moins n’auraient en effet pas manquées à l’ensemble), on ne peut nier son efficacité ainsi que le groupe a pu le démontrer en concert sur la tournée qui s’ensuivit. ‘Arry prêta également main forte au guitariste Dave Murray sur "Age Of Innocence", l’exemple d’un titre qui n’est pas mauvais du tout pris à part mais qui diffère un peu de ce que l’on a connu jusque-là et qui détonne légèrement dans l’atmosphère globale de l’album. Alors que lorsqu’il s’affaire aux côtés d’Adrian Smith, chose pas si courante par ailleurs, le résultat est tout autre ("Wildest Dreams" qui se retrouva propulsée en tant que premier single). Adrian justement n’est pas en retrait et cosigne, toujours avec Harris, l’un de ses meilleurs titres toutes époques confondues pour "Paschendale", un format long pour le guitariste qui prouve qu’il sait aussi créer des pièces à tiroir et qu’il n’est pas qu’une simple machine à singles, ce que l’on ne saurait de toute façon lui reprocher. Si l’on observe attentivement les crédits, on relèvera que son nom apparaît sur cinq titres, celui de Bruce sur six dont trois en commun, les deux ayant de tous temps toujours apprécier de travailler ensemble et n’ayant jamais commis d’impairs par le passé ("Flight Of Icarus", "2 Minutes To Midnight", "Moonchild", etc). Ce qui tend à démontrer quelque part que la qualité sur ce disque n’est pas aussi faible que ce que certains ont clamé à sa sortie ou encore maintenant.

Nouvelle incursion dans le domaine de l’Histoire, une matière chère au sieur Dickinson qui en est diplômé, "Montségur" joue sur deux tableaux, un bon et un moins, c’est-à-dire convaincant sur les couplets mais un tantinet décevant lors du refrain, poussant un poil trop la tessiture du vocaliste qui se voit légèrement à la peine en montant dans les cimes sur la première phrase du refrain, « At the gates and the walls of Montségur ». Le morceau-titre pour sa part, est une aubaine pour les velléités du chanteur de jouer la comédie sur les planches, s’en donnant ainsi à cœur joie sur la tournée « Death On The Road », paré d’une longue cape noire rappelant l’apparence de La Grande Faucheuse, virevoltant au gré des couplets et entamant là une série d’apparitions théâtrales en costumes qui ont toujours cours en 2023. Grandiloquente, orchestrale, "Dance Of Death" est l’une de ces chansons qui auraient méritées d’être conservées plus souvent dans les setlists suivantes et se pose comme la composition qui domine de la tête et des épaules cette cuvée 2003. Renvoyé dans ses pénates en 1987 lorsqu’il essaya de convaincre ses camarades de passer à l’acoustique, Bruce vit enfin ses vœux exaucés seize ans plus tard sur "Journeyman", un morceau également de la fête pour la tournée « Death On The Road », tabourets de bar et instruments acoustiques inclus. Rassurez-vous, lorsque l’on chasse le naturel, il revient au galop, en l’occurrence dans sa version électrique en face B de l’un des singles. Libre à chacun d’en apprécier l’une ou l’autre des versions, les deux réponses étant également admises. D’une durée déjà conséquente de 68 minutes, IRON MAIDEN aurait pu enfanter un autre classique de sa discographie en taillant dans le gras – maigre au demeurant – et en ne conservant que l’épine dorsale de ce « Dance Of Death » et l’ADN de ce qu’il est en tant que groupe. Même si, je le répète, ces chansons ne soient pas de mauvais titres, "Face In The Sand" et "Age Of Innocence" par exemple n’auraient pas manqué à l’appel, soyons honnêtes bien que la première aurait tout de même eu sa place sur « Brave New World » et qu’elle fut l’occasion d’entendre Nicko taquiner de la double pour l’unique fois de sa carrière. Extrêmement bien reçu dans de nombreux pays avec une première place dans les classements en Finlande, Suède et Italie, une deuxième en Angleterre, Ecosse, Grèce, Suisse ou Allemagne et une troisième pour la France, la Norvège, la Pologne, l’Espagne, la Hongrie ou encore l’Autriche, voilà une belle performance rarement atteinte dans un aussi grand nombre de pays en ce qui concerne les trois plus hautes marches du podium. L’occasion d’être largement certifié or principalement en Europe ou encore en Argentine et au Brésil. A ce jour, on en dénombre près d’un million et demi d’exemplaires vendus, pas mal pour un album « pas terrible », non ?


Etonnamment, le plus gros reproche qui a été fait à « Dance Of Death » aura concerné sa pochette. Commandée auprès de l’artiste Simon Fowler, celui-ci livra une ébauche au groupe sur laquelle figurait seulement Eddie en Faucheuse et des moines encapuchonnés en fond d’illustration, cette version ayant plu telle quelle au groupe. On ne comprit pas ensuite quelle mouche les piqua pour demander à un membre du staff MAIDEN de s’occuper de rajouter des personnages créés numériquement avec un logiciel 3D (si ce n’est qu’ils rappellent les photos intérieures), aboutissant à un résultat bancal, inachevé et à une pochette pour laquelle Fowler demanda expressément à être retiré des crédits. Ce qui n’empêchera pas les collectionneurs de se réjouir, leur compte en banque un peu moins, avec l’avalanche de formats parus pour l’album et les singles, ici au nombre de trois. CD-single, DVD-single, pock-it CD (l’unique fois que ce format de micro-CD 3" fut choisi, un gadget de l’époque), vinyles 7" de couleur verte ou bleue selon le single et même en DVD-audio pour l’album mixé en 5.1, un premier et unique essai dans le genre. Le single "No More Lies - Dance Of Death Souvenir EP" ne sortit qu’en 2004 et se démarqua des deux précédents, se voulant un « cadeau » du groupe à ses fans à la suite de la tournée dans lequel on trouvait dans un sympathique petit coffret, outre le CD et un livret de notes et de photos live de la tournée « Death On The Road », un goodie prenant la forme d’un bracelet-éponge bleu et blanc avec le logo du groupe, un collector unique en son genre. Bref, de quoi contenter tout le monde, y compris musicalement avec divers titres bonus et/ou live, versions alternatives électriques et orchestrales et plusieurs parodies, à l’instar de "Small Tea Vicar" ou bien "Age Of Innocence… How Old? ", version délirante du morceau « sérieux » figurant sur l’album où Nicko s’empara du micro pour débiter un monceau d’âneries tel qu’on avait pu l’entendre précédemment avec ses "Listen With Nicko" en 1990 pour la réédition des singles parus dans le coffret « The First Ten Years 1980-1990 ». Comme la Peugeot 205 en son temps, un sacré numéro… Comme quasiment tout ce qui est postérieur à l’an 2000, « Dance Of Death » ne sera que peu remis à l’honneur, en 2017 avec une nouvelle édition double vinyle noir remasterisée incluse dans le coffret « The Complete Albums Collection 1990-2015 » et en CD digipack pour la série « The Studio Collection Remastered » en 2019.


En s’attardant sur le calendrier et en menant l’enquête façon Scotland Yard, on remarque que les sessions d’enregistrement de « Dance Of Death » eurent lieu en janvier 2003, le mixage en avril avec une date de sortie initiale planifiée courant juin. Or, l’album ne sortit finalement que deux mois et demi plus tard. C’est sans doute pour cette raison qu’IRON MAIDEN prit la route par deux fois en 2003, lors du « Give Me ‘Ed ‘Til I’m Dead Tour » entre le 23 mai et le 12 juillet en Europe tout d’abord. Les villes de Toulouse et Toulon seront visitées les 26 et 27 mai (avec STRAY en première partie, groupe adulé par Steve Harris et dont le titre "All In Your Mind" fut repris en 1990 par MAIDEN en face B du single "Holy Smoke"), ainsi que Paris le 25 juin avec cette fois MURDERDOLLS, puis du 21 juillet au 30 août et un périple aux Etats-Unis et au Canada avec, comme premières parties de luxe, DIO et MOTÖRHEAD. Il est fort probable que ce premier périple ait été dû au décalage dans la date de sortie de l’album et qu’il se soit donc transformé en concerts « best of », première excursion dans ce genre en ce qui les concerne, la tournée-réunion de 1999 se voulant à part même si le principe était similaire. Pour la deuxième partie, la « vraie » tournée en promotion de l’album débuta le 19 octobre en Hongrie pour s’achever le 8 février 2004 au Japon. En moins de six mois, Bercy aura donc reçu le groupe par deux fois avec un nouveau passage le 22 novembre et le concert prévu initialement à Nancy le 29 novembre fut reporté au 18 décembre et déplacé à Amnéville. La raison en est que le Zénith de Nancy (6 000 places environ) était finalement trop petit pour accueillir les fans tandis que le Galaxie d’Amnéville d’une capacité de 11 000 personnes répondait mieux au besoin. Pour l’anecdote, ce sont les Allemands de HELLOWEEN qui ouvrirent les hostilités à Paris, un peu trop longtemps au goût de Nicko McBrain d’ailleurs, les Hambourgeois dépassant allègrement leur temps de set devant le batteur furieux qui les couvrit de noms d’oiseaux exotiques en bord de scène, leur indiquant par de grands gestes équivoques que l’heure était venue d’en finir. Le public d’Amnéville lui, dut se contenter de FUNERAL FOR A FRIEND, un groupe britannique nommé fort à propos car dissous depuis. Repose en paix l’ami.


Pour finir, si vous souhaitiez prolonger cette lecture, vous pouvez la compléter par un dossier recensant et expliquant les références artistiques, culturelles et historiques de chaque titre de l’album « Dance Of Death ». Pour ce faire, il vous suffit de cliquer sur le titre de l’article « Please Professor Maiden Part 13 ». A vot’ bon cœurs, m’sieurs dames…

Rétro-Chroniques d’IRON MAIDEN déjà parues :
« Iron Maiden »
« Killers »
« Piece Of Mind »
« Somewhere In Time »
« Seventh Son Of A Seventh Son »
« No Prayer For The Dying »
« Fear Of The Dark »
« A Real Live One »
« Brave New World »
« Rock In Rio »

Sources :
The Iron Maiden Commentary
Wikipedia

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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