« Depuis la ville improbable de Birchwil, en Suisse, HELLHAMMER, un groupe à la durée de vie relativement courte mais remarquablement incendiaire, complète la poignée de pionniers du black metal incontournables de la première vague – avec CELTIC FROST, qui s’élèverait plus tard de ces cendres. En tant qu’ancêtres du metal extrême, ils ont, comme VENOM et BATHORY, inspiré de nombreux sous-genres de metal, et pourtant c’est au black metal qu’ils sont le plus souvent associés et leur influence sur le mouvement résonne encore aujourd’hui ».
C’est en ces mots que Dayal Patterson, journaliste anglais et rédacteur au sein de nobles institutions telles Terrorizer, Decibel ou Metal Hammer, introduisait le chapitre qu’il consacrait à cette formation historique dans son volumineux ouvrage de plus de 630 pages : Black Metal, l’évolution du culte, paru aux Publications du Crépuscule. Une formation résumée en trois personnages incontournables et avant-gardistes : Tom G. Warrior au raclage de gosier et à la guitare, Martin E. Ain (décédé en 2017) à la basse et Bruce Day alias "Denial Fiend" aux matraquages de fûts. Et lorsqu’il est question de cette influence qui résonne encore aujourd’hui, Il suffit juste de jeter un œil sur le nombre de t-shirts affichant le logo du trio fièrement arborés par des centaines de groupes aux quatre coins du globe pour se dire que oui, le groupe a compté au sein de la scène metal. Et pas qu’un peu. Tout cela avec trois démos et un unique EP dans sa besace, « Apocalyptic Raids », paru chez Noise Records en 1984 et qui, il faut bien le dire, a reçu un accueil plus que mitigé à sa sortie. C’est d’ailleurs l’un des titres présents sur le disque, "Triumph Of Death", qui donne son nom à la reformation officiant sur cet album live enregistré au printemps 2023 au Hell's Heroes Festival à Houston, Texas, au Dark Easter Metal Meeting à Munich, Allemagne et au SWR Barroselas Metal Fest au Portugal.
Et cette reformation, à l’origine des concerts captés ici, ne date pas d’hier puisque la résurrection de HELLHAMMER était un sujet donc Tom G. Warrior et Martin Eric Ain discutaient déjà depuis de nombreuses années, notamment en raison de leur collaboration au sein de CELTIC FROST dans les années 2000. Ce live est d'ailleurs une belle opportunité pour prouver que, quatre décennies après la composition de ces morceaux dans le fin fond d’un bunker désaffecté, HELLHAMMER, désormais TRIUMPH OF DEATH, se bonifie avec le temps comme un grand cru à l’abri de la lumière dans les tréfonds d’une cave bienveillante.
A l’instar des douze titres piochés dans le répertoire de cette institution, ici joués avec solennité, qui bénéficient de conditions d’enregistrement plus que respectueuses. En complétant ce line-up emmené par Tom G. Warrior, Jamie Lee Cussigh, brillante bassiste au sein des géniaux SACRIFIZER (dont je vous recommande chaudement le dernier album « Le Diamant de Lucifer » paru chez Osmose) et André Mathieu (chanteur arraché chez PUNISH) envoient une partition impeccable. Tim Iso Wey, préposé aux fûts, achève de donner à ce line-up ses lettres de noblesse. Le reste appartient à l’histoire. Black ? Punk ? Heavy ? Tout simplement du metal, dans son jus, joué avec ce qu’il faut de tripes et de sueur pour rappeler une bonne fois pour toute que Tom G. Warrior n’a pas encore dit son dernier mot. Et qu'il a triomphé de la mort... une fois encore. Ugh !
