26 mars 2024, 19:12

RAGE

"Afterlifelines"

Album : Afterlifelines

Peter "Peavy" Wagner n’a pas la réputation de se reposer sur ses lauriers, et c’est avec bonheur qu’on salive devant l’arrivée de ce nouvel album de RAGE. Et Peavy étant généreux épicurien c’est un double-album, « Afterlifelines », qu’il dépose sur notre table pour un festival heavy/power metal.

Le premier volet, « Afterlife », s'ouvre avec l'introduction bien nommée "In The Begining" aux airs d’opéra, avec une guitare asséchée et des claviers symphoniques. "End Of Illusions" livre un solo impérial qui précède un heavy sonnant et trébuchant. Ça claque très fort, et très vite, avec une voix très inspirée, mi rage, mi miel. D’emblée un morceau fédérateur, j’adore. Ensuite c’est "Under A Black Crown", une envolée où le lourd de la rythmique le dispute à des guitares aériennes, pendant qu’un growl sauvage réconcilie tout le monde. Avec un goût de nostalgie dans le propos qui touche notre âme. "Afterlife" monte encore le rythme d’un cran, avec des riffs huileux heavy/thrash à la METALLICA, parfait pour un camionneur solitaire sur les routes du crépuscule, agrémenté d’un excellent refrain qui s’étire avec la voix éraillée de Peavy. En termes de puissance nous sommes servis. Des tubes qui dépotent ? RAGE semble vouloir les enchaîner sur ce disque !

Les plats copieux se succèdent. "Dead Man’s Eyes" est du pur speed metal qui balance ses riffs à la douzaine. "Mortal" rappelle la touche de basse vrombissante typique du groupe allemand, et son indomptable... RAGE. Une force omniprésente, même dans un "Toxic Wave" mid-tempo qui fait vibrer notre sensibilité de rockeur des bacs à sable. "Waterwar", à nouveau très imprégné de thrash californien, pousse la batterie à s’emballer et à suivre des guitares bien énervées. Le genre de chanson à vous retourner la tête, et pour votre plus grand bonheur. "Justice Will Be Mine" ? L’expression d’un besoin viscéral de se lâcher et de reprendre ce qui nous revient de droit. Et dans un premier temps ce sera l’expression d’une musique qui ne cède ni au mainstream ni au jusqu’au boutisme, offrant simplement le plaisir métallique des sens. Ce premier pamphlet sonore se poursuit, sans qu’il n’y ait rien à jeter, jusqu’à "Life Among The Ruins" qui explose de partout en étalant un gras et un refrain sincère. Ça swingue dans l’huile.

Nous sommes déjà bien repus, voilà qu’arrive le second disque, « Lifelines ». "Cold Desire" est une nouvelle ouverture aux notes de piano et violon, juste avant une charge de fûts et cordes martelées. Lâcher de riffs en fusion et voix poignante, c’est du bon RAGE avec une belle ligne de vie mélodique. "Roots Of Our Evil" confirme la lancée et rappelle les Lingua Mortis de monsieur Wagner. "Curse The Night" et "One World" lâchent à leur tour un heavy symphonique des plus classieux. Quelle belle alchimie entre les arrangements classiques, le bourrinage rythmique et la voix rauque de Peavy. Pour ne pas sombrer dans la monotonie "It’s All Too Much" appose ses sympho-riffs sur une rythmique tribale, le résultat donnant un rendu très harmonieux au chant de Peavy.

Séquence émotion avec "Dying To Live". La guitare s’assèche alors que les violons s’étirent sur leurs cordes, le chant paradoxalement en ressort grandi de puissance. Une majestueuse ballade. "The Flood" offre de l’épique-ahhhh... Facile jeu de mot pour rendre justice à RAGE qui sur ce deuxième volet révèle toute la force de son côté symphonique, "Lifelines" est un pendant à l’apocalypse de "Afterlife". Après un nouvel "Interlude", des guitares hispanisées vous conduisent vers "In The End", ultime ballade d’un Peavy en verve et contre tous. L’émotion se déverse du sillon de ce disque, les poils se hérissent de plaisir...

Le diptyque de RAGE se savoure dans sa dualité complémentaire, ou chaque chapitre séparé, c’est selon vos attentes dans l’instant. Dans tous les cas c’est une réussite heavy-motionnelle.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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