9 avril 2024, 23:59

MARDUK + ORIGIN + DOODSWENS

@ Wasquehal (The Black Lab)

Après un premier passage en mars 2022, en compagnie de VADER, MARDUK est de retour au Black Lab, salle à la programmation très haut de gamme de la banlieue lilloise.

L’affiche comptait quatre groupes mais les Français SKAPHOS ont déclaré forfait suite à une blessure au bras de leur frontman. La soirée débute donc avec les Néerlandais DOODSWENS ; ce nom, qui signifie "souhait de mort", est révélateur de la musique du trio dont l’essentiel du chant est assuré par la batteuse, Inge. Elle débute le concert par un rituel à base de bougies noires, de chandelier, d'un crâne, d'un drap marqué d'un pentagramme et d’encens qui crée une atmosphère propice à un black metal brut, old-school, très 90’s ("In mijn bloed"), qui pousse sur un terreau norvégien arrosé des notes magnifiques de DARKTHRONE. Cet arbre décharné s’élève vers un ciel gris où menacent des nuages ; ils éclatent sur le malsain et rapide "IJsheiligen". Derrière leur corpse-paint, le bassitse et le guitariste sont impassibles au cœur des lumières tantôt bleues, tantôt rouges. Les ambiance se font noires au fil de grésillements inquiètants, de vocaux menaçants et de riffs pesants ("Het Zwartewaterland" qui oscille entre lenteur et virulence). Le set s’achève en miroir, avec Inge retournant devant son autel pour clore une cérémonie hantée.


Changement radical d’atmosphère avec l’arrivée d’ORIGIN. Le public, jusqu’alors bien sage, entre en transe dès les premiers morceaux, poussés à la folie par le death metal technique – wahou, la virtuosité en tapping de Mike Florès à la basse ! – et les interventions vocales de Jason Keyser, chanteur en feu. Il demande aux fans des circle-pits et des walls-of-detah. Il les incite à venir stage-diver ; tant pis si un micro est parfois malmené ! Il finit par donner des leçons de crowdsurfing à un jeune homme avant de se jeter dans la fosse !
Les morceaux sont d’une intense brutalité, portés par une batterie trépidante et saccadée, des riffs complexes et des hurlements puissants. Le son, comme toujours au Black Lab, est d'une grande qualité qui permet aux compositions complexes de développer leur furie et leur vitesse insensée, digne d’un TGV pilotée par un chauffeur sous cocaïne. Le compteur à BPM a dû parfois frôler l’explosion ! Quelles claques sans cesse renouvelées que "The Burner" et "The Aftermath" ! Quoique fondé en 1997 au Kansas, ORIGIN fait toujours preuve d’une vitalité supersonique - « give me gin and tonic » ? – : le death metal, une fontaine de jouvence ?


Dès son entrée sur scène, MARDUK, martial et charismatique, impose une admiration respectueuse. Morgan et Mortuus dégagent une force, une autorité qui tendent vers la froideur. Avec les Suédois, il n’est pas question de laisser un spectateur monter sur les planches : le quatuor, sur son territoire, jamais ne se laissera envahir. Bien que la tournée porte le nom du dernier album du groupe, l’excellent « Memento Mori », MARDUK n’en joue que deux morceaux. "Blood Of The Funeral" est un cri de rage blasté quand le sinistre mid-tempo "Shovel Beats Sceptre" et son ambiance morbide illustre la volonté de la horde impassible de privilégier l’angoisse ("The Blood Beast", le malsain "Wartheland" tous deux tirés de « Frontschwein » ou l’incontournable, vicieux et obsédant "Wolfes") à la rage, même si les brûlots incontournables, comme "Panzer Division Marduk" en rappel ou "Throne Of Rats" sont bien évidemment présents.


Le mariage de la puissance et de la vitesse, de la voix satanique de Mortuus et des riffs de Morgan (l’immense "Souls For Belial"), sous la bénédiction d’une section rythmique impeccable, est une fête païenne célébrée par un prêtre défroqué. Dans la fumée, le monstre visite une grande partie de sa longue discographie. Il pioche ainsi dans pas moins de 11 de ses 15 albums, plongeant jusqu’à l’origine du mal avec le très typé death metal "The Funeral Seemed To Be Endless" tiré de « Dark Endless », sorti en 1992.

Les musiciens assènent leurs titres avec conviction et efficacité, sans fioriture. Mortuus s’asperge d’eau avant de secouer ses cheveux mais se contente de rares interactions avec le public. MARDUK est une créature à sang froid, un serpent dont la langue siffle ses hymnes de haine en capturant sa proie de ses yeux hypnotiques. Jamais les flammes de l’enfer, les feux de la guerre n’ont semblé si glacés.


Photos © Sébastien Feutry - Portfolio

Blogger : Christophe Grès
Au sujet de l'auteur
Christophe Grès
Christophe a plongé dans l’univers du hard rock et du metal à la fin de l’adolescence, au tout début des années 90, avec Guns N’ Roses, Iron Maiden – des heures passées à écouter "Live after Death", les yeux plongés dans la mythique illustration du disque ! – et Motörhead. Très vite, cette musique devient une passion de plus en plus envahissante… Une multitude de nouveaux groupes a envahi sa vie, d’Obituary à Dark Throne en passant par Loudblast, Immortal, Paradise Lost... Les Grands Anciens – Black Sabbath, Led Zep, Deep Purple… – sont devenus ses références, comme de sages grands-pères, quand de jeunes furieux sont devenus les rejetons turbulents de la famille. Adorant écrire, il a créé et mené le fanzine A Rebours durant quelques années. Collectionneur dans l’âme, il accumule les set-lists, les vinyles, les CDs, les flyers… au grand désarroi de sa compagne, rétive à l’art métallique.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK