13 avril 2024, 19:02

BLACKRAIN

Interview Swan Hellion & Franky Costanza


​Depuis plus de 20 ans maintenant BLACKRAIN distille avec une joie communicative son hard rock. Mais avant de se lancer dans la production de son nouvel album, le groupe a décidé de sortir de manière indépendante, un disque comprenant des chansons issues de « Lethal Dose Of… » (2011) et « It Begins » (2013), revues et ré-imaginées à la sauce 2024 avec sa nouvelle recrue, Franky Costanza à la batterie. Comme le soulignera le chanteur Swan Hellion, ces titres ne sont plus disponibles depuis longtemps sur les plateformes de streaming, mais ils restent très présents dans le cœur de leurs géniteurs et des fans. L’occasion donc de faire une pierre deux coups avec ce « Hot Rock Time Machine » paru le 12 avril.
 

L’album reprend des chansons qui ont plus de 10 ans maintenant. Comment fait-on pour travailler des titres que l’on connaît et qui, pour certains d'entre vous, sont joués en live depuis ongtemps ?
Swan : Finalement il n’y a pas tant de titres que ça que nous jouions en live, c’est même pour cela que nous les avons sélectionnés. Après, c’est une belle opportunité d’améliorer et de réarranger certaines choses que nous n’avions pu faire à l’époque. On nous a beaucoup parlé de nostalgie, mais je n’ai pas ressenti cela à titre personnel. C’était vraiment dans l’optique de rendre les choses meilleures et au goût du jour. J’ai beaucoup évolué en tant que musicien, surtout au niveau de la voix. Au début de ce projet, je savais que je pouvais faire beaucoup mieux. Quand tu regardes la production de « Lethal Dose Of… », elle n’est vraiment pas satisfaisante. Ça sonnait tout petit. Même si cela plaît à certains, il était important d’en sortir un sound-design moderne et avec l’arrivée de Franky, cela a permis de l’inclure dans notre histoire.

Justement Franky, quel a été ton impact sur le réarrangement de ces chansons ?
Franky : Dès que Swan m’a parlé de rénover certains morceaux, cela m’a tout de suite branché. Dans un premier temps, parce que c’était des chansons que j’adorais et c’était un vrai plaisir pour moi que d'ajouter mes idées et plans de batterie, des breaks, mes accents et ma frappe dessus. Mais surtout, cela permet aux fans les plus récents du groupe, ceux qui ont découvert le groupe à partir de « Dying Breed », d’avoir accès à ces morceaux qui ne sont plus disponibles en streaming. Pour moi, ce sont des secrets trop bien gardés, car seuls ceux qui ont les albums d’époque peuvent avoir accès à ces titres. Un de mes préférés du répertoire de BLACKRAIN c’est ''Nobody But You''. On vient de tourner hier un clip pour cette chanson et, pour moi, c’est presque comme un rêve de gosse de la jouer et d'attendre la sortie du clip... Je trouve ça inconcevable qu’un titre aussi beau reste inaccessible. C’est une belle surprise que ce projet soit arrivé peu de temps après mon intégration dans le groupe.

Comment s’est fait le choix des titres ?
Swan : Au final, je ne leur ai pas beaucoup laissé le choix (rires). Il a été fait selon plusieurs critères : des chansons que l’on continuait à jouer en live et donc qu’il était nécessaire de proposer au public en streaming, des chansons dont nous n’étions pas satisfaits des arrangements - où nous avions fait des compromis - et qui ont été réarrangées de la manière dont nous le souhaitions initialement. Puis des titres comme ''Nobody But You'', au fort potentiel, auxquels nous avons voulu donner une seconde chance.


Selon toi, qu’est ce qui a fait que vous n’aviez pas pu obtenir le résultat que vous espériez ?
Swan : Sur « Lethal Dose Of… » nous avions fait ce que l’on voulait mais le son… Ce n’est pas possible, ce n’est juste pas bon. Et « It Begins » c’est autre chose, car nous étions beaucoup entourés, tout le monde donnait son avis et nous ne prenions pas forcément les décisions finales. Encore aujourd’hui, je me dis que nous n’aurions pas dû faire les choses comme ça. Quand tu prends le titre ''Revolution'' que nous venons de sortir, il y a beaucoup de changements par rapport à l’original et c’est le parfait exemple de ce que je viens de te dire. C’est bien plus fidèle à l’image que nous avions en tête. Johannes (Braun de KISSIN' DYNAMITE) a fait un super travail ; il ne nous restait plus qu’à ne pas massacrer les morceaux (rire). Mais a contrario, il y en a certains que j’ai laissés de côté car lorsque je les rechantais, on perdait quelque chose. Il y avait une certaine flamme à l’époque que je n’arrivais pas à reproduire.

C’est aussi le souci entre spontanéité et maturité, plusieurs années après...
Swan : Tout à fait. Nous étions plus jeunes, un autre état d’esprit, une autre énergie. On fait quasiment tout mieux maintenant, mais il faut être réaliste, à ce moment-là, on avait une autre énergie, impossible à reproduire.

Le temps faisant, as-tu changé certaines paroles avec lesquelles tu aurais pu ne plus être en accord ?
Swan : Pas directement. J’ai changé beaucoup d’erreurs d’anglais et d’erreurs d’accent tonique. Ce sont des choses qui m’étaient totalement étrangères à l’époque. Pour « It Begins », on avait travaillé avec Jack Douglas qui avait essayé de me corriger sur certaines passages et je ne le comprenais pas ; je n’entendais pas de différences. Par exemple sur ''Revolution'', je prononçais ça ''revooolution'' alors qu’en réalité tu dois prononcer ''revoloootion''. L’accent n’est pas au même endroit. C’est un truc super important pour les anglophones mais qu’en général les Français ne saisissent pas. Comme je ne vis plus en France puis 8 ans, cela m’a permis de m’en rendre compte et de le corriger assez naturellement dans les textes du groupe.

Franky, ton son et ta façon de jouer sont très reconnaissables. Comment as-tu fait pour te fondre dans le collectif ?
Franky : De manière purement technique j’ai un home-studio où je me prends bien la tête pour faire de bonnes prises. Et donc pour ce style - sans prétention aucune - ma frappe plus metal, a contribué à apporter un côté plus ''brutal'' au niveau de la caisse claire, plus ''musclé''. Après, j’aime beaucoup le mixage de batterie qu'a fait Johannes. Je le trouve très moderne et j’ai bien aimé le fait qu’il n’ait pas triggé mes prises. Je lui avais proposé toutes les prises acoustiques et d'autres avec des samples dessus. Il n’a gardé que les prises acoustiques et il a eu raison, car cela aurait sonné trop ''metal''. A mon sens, cela garde ce coté organique du rock et la puissance d’une batterie moderne. Après, j’aimais déjà beaucoup les parties de batterie de mes prédécesseurs et j’ai vraiment essayé de garder cet esprit. Ce que j’aime, c’est enregistrer 5/6 versions de chaque titre et après, je fais un best of de mes idées. Je me dis parfois après réécoute que non. Souvent je me mets les morceaux au casque, je me fais une balade d’une heure ou deux et me mets dans la peau d’une personne lambda. C’est même surprenant, car parfois c’est différent de ce que j’ai pris plaisir à jouer. Mais le but final, c’est le plaisir de l’auditeur et pas la technique.

Tu es clairement associé à un jeu plus moderne du fait de tes années avec DAGOBA. Le public risque d’être surpris par ta prestation, non ?
Franky : Cela aurait été une très grosse erreur de ma part de charger en ''double'' et en breaks. Cela n’aurait ni servi le groupe, ni les chansons, et je serais passé pour un fou (rires). J’aime tellement cette musique et j’adule tellement de batteurs de ce style...
Swan : C’est ce que les gens ignorent et on s’en est rendu compte sur cette journée. C’était évident pour nous, parce qu’on se connaît depuis toujours et qu’on a les mêmes goûts musicaux. Mais effectivement, personne ne sait qu’il adore les années 80 autant que nous. Alors, non, Franky n’allait pas en mettre partout et on le savait.
Franky : Effectivement, ceux avec qui j’ai grandi savent que j’aime cette musique. Si tu regardes bien, j’ai toujours eu ce look bandana qui est à contre-courant du metal extrême. Même avec BLAZING WAR MACHINE, on m’a dit « qu’est ce que c’est ce look, pour du black metal !?!». Et j’avais un patch MÖTLEY CRÜE en plus (rires). Mais je l’ai toujours précisé dans les interviews, c’est mon style de cœur et je me demande toujours pourquoi j’ai attendu autant de temps pour rejoindre un groupe comme BLACKRAIN. Franchement, sur 20 ans, des bons groupes de hard rock, il n’y en a pas eu beaucoup et je suis BLACKRAIN depuis ses débuts. Pour moi, le plus important, ce sont les morceaux. Comme avec DAGOBA, on cherchait toujours le bon refrain. J’aime cet aspect de la musique et même si c’était vraiment pêchu, on aimait ce côté accrocheur. Tu vois, comme chez PANTERA ou MACHINE HEAD, que ce soit chantant. Il faut que ce soit chantant. Un exemple tout bête : on travaille sur le prochain album et il y a des titres dans l'esprit d'AC/DC et je me régale a faire du ''poum tchac'. Jouer à la Phil Rudd, c’est magnifique !

Le prochain album est donc quasiment terminé ?
Swan : Même si nous avons mis de côté la composition pour s’occuper de « Hot Rock Time Machine », nous avons quand même composé de manière régulière depuis l’arrivée de Franky. Nous ne sommes vraiment pas loin de la fin et de toute façon, nous n’avons pas vraiment le choix, car nous aimerions une sortie en début d’année prochaine.
Franky : Et surtout que l’on puisse se caler sur de beaux festivals d’été, c’est l’objectif.

La sortie physique de « Hot Rock Time Machine » a-t-elle modifié un peu vos plans ?
Swan : Nous n’avions pas prévu d’en faire autant pour ce disque, c’est certain. Comme je le disais, le but premier était de rendre disponible en streaming des titres qui ne l’étaient plus et au départ et il n’était pas question de le sortir en physique. Mais au fur et à mesure, cela a suscité de l’intérêt chez pas mal de personnes. On ne s’y attendait pas, mais tu suis le mouvement... Au final, cela nous a permis d’avoir une actualité bien fournie et ce n’est que du positif.


​Qu’est-ce qui a fait que ces titres n’étaient plus disponibles sur les plateformes de streaming ?
Swan : Nous nous sommes rendu compte que nous n’avions pas les droits sur nos morceaux et donc que nous ne pouvions pas les uploader à notre guise. Nous avons également repensé à ce qui ne marchait pas ou à la production un peu vieillotte. L’ensemble de ces paramètres a fait que nous nous sommes lancés dans cette aventure. Ce problème de droits arrive plus bien souvent que ce que l’on croit, ce qui fait que beaucoup de groupes sont amenés à réenregistrer leurs propres morceaux
Franky : C’est triste, mais c’est le monde dans lequel on vit actuellement.
Swan : On savait que le seul moyen de les récupérer était de les réenregistrer, mais cela paraissait être une tâche tellement difficile qu’on n’y pensait même pas. Mais maintenant, avec les technologies qui ont évolué, nous avons tous notre propre studio. Et puis, surtout, depuis l’arrivée de Franky qui a tout ce qu’il faut pour la batterie, cela nous a permis d’envisager le projet sereinement. Entre les enregistrements, le mixage et mastering, cela n’a pris que quelques mois.
Franky : Nous sommes sur une très bonne dynamique. Si on arrive à sortir le nouvel album fin 2024, début 2025, il y aura beaucoup d’actualité pour BLACKRAIN et cela risque d’être bien cool.


D’autant que vous venez de finir un nouveau clip. On le voit d’ailleurs sur vos statistiques, vous avez de plus en plus de vues à chaque nouvelle sortie...
Swan : Nous traitons vraiment ce disque comme une vraie sortie. Et tu as raison, il y a une réelle progression au fil du temps, même si nous n’avons toujours pas atteint le million (rires).
Franky : Sur ''Untamed'' nous en sommes quand même a plus de 500 000 vues, ce qui est vraiment pas mal pour le style que nous faisons. Et je place de grands espoirs dans le prochain.
Swan : Ca sera ''Nobody But You''. Franky est un grand sentimental… (rires)

Nous avons pas mal parlé du travail de production et de réarrangements, mais il faut surtout noter la performance vocale, qui est d’un tout autre niveau...
Swan : J’ai commencé à être agacé par mon chant assez rapidement, trop nasillard. J’avais vraiment du mal à m’écouter et je savais que ça dérangeait pas mal de gens. Donc il fallait avancer, résoudre le problème. Je devais évoluer en tant que chanteur. Depuis un peu plus d’un an, je prends des cours, car chanter comme ça pendant 1h ou 1h30 en concert, c’est assez technique. J’ai découvert plein de choses. Je me suis fait la réflexion dès l’enregistrement du premier morceau : le gap était très net et le résultat bien plus agréable à écouter. C’est important de se remettre en question. Pour moi, cela n’apporte que des bonnes choses et du positif. Mais je suis sincère quand je te disais que je n’arrivais plus à m’écouter.
Franky : (se tournant vers Swan) C’est fou ça, quand même ! Tu me l’avais dit, mais cela ne m’a jamais dérangé. J’ai vu la progression, bien sûr. Sur ''Untamed'' j’ai trouvé tes lignes de chant fabuleuses. Avant même qu’ils ne me contactent, c’est un disque que j’ai écouté en boucle...

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