20 avril 2014, 18:56

DOOMED GATHERINGS - jour 3 @ Paris (Glazart)

DARK BUDDHA RISING + THE SOCKS + THE EARLS OF MARS + GONGA + MR. PETER HAYDEN

Par comparaison avec Londres, à la fin des années 90, Paris c’était la zone : pas un concert underground qui tabasse un peu, pas moyen de se chauffer la nuque en cadence avec des potos minimum trois fois par semaine, rien ! La zoooone ! Mais ça, c’était avant. Les choses ont bien bougé, heureusement, et depuis 2009, par exemple, les Stoned Gatherings se sont imposés, en parallèle avec les Glad Stone Fest, comme des fouteurs de bordel de tout premier ordre sur cette scène, option stoner – et plus si affinités.

 

Les Stoned Gatherings peuvent par exemple s’enorgueillir d’avoir récemment fait jouer les un-tout-petit-peu-légendaires CORROSION OF CONFORMITY à Paris. Bientôt ce sera le tour des Japonais de CHURCH OF MISERY – pas tout à fait des inconnus non plus. Le plus souvent, pourtant, c’est bien de parfait underground dont il est question : ainsi la première édition des Doomed Gatherings organisée à Glazart, pendant le week-end de Pâques. Le genre d’évènement où l’un des fers de lance de la rédaction de HARD FORCE s’infiltre en profondeur, incognito, comme un veilleur, une avant-garde à lui tout seul, le week-end entier, sans prévenir quiconque (je vais pas balancer, je suis pas un chien).

Pour ma part, c’est intrigué par le thème de la troisième journée que je me suis incrusté à Glazart, le dimanche : « DesertFest London Stage » ! En effet, l’affiche du jour, quasi exclusive pour la France et plus éclectique que celles de vendredi et samedi, reprenait pour partie celle de l’édition londonienne de ce festival du Désert heavy-doom-psyche (par là, quoi), qui avait lieu le week-end suivant.

A l’heure du thé, juste après une chasse aux œufs acharnée qui permit à quelques chanceux de remporter T-shirts et places de concerts, MR. PETER HAYDEN investit la scène devant la trentaine de forcenés qui avait attendu l’ouverture du Glazart, sous un timide soleil à peine printanier. Le quintet finnois (maintenant imaginez Sophie Favier essayant de dire « le casse-têtes chinois » - désolé) distille un trip progressif, onirique, quasi-expérimental et globalement assez indescriptible, mais pas vilain du tout. Parfait pour l’échauffement des cervicales.

Le groupe suivant à l’affiche a connu depuis lors son « quart d’heure warholien » grâce à une reprise de « Black Sabbath », chantée par Beth Gibbons de PORTISHEAD (intitulée « Black Sabbeth »…). Ca démontre que les mecs (dont deux frangins) ont un peu de relations, ça sert toujours. Pour le reste, trio instrumental, GONGA serait une sorte de KARMA TO BURN britannique et intello-bobo, aux morceaux constellé de pains (manque de précision de l’auriculaire gauche du guitariste, clairement) et beaucoup trop froid. Plutôt moyennement emballé, à l’exception d’un morceau d’inspiration floydienne, tendance climax de « Careful with that axe Eugene ».

   

THE EARLS OF MARS, avec son contrebassiste halluciné et son chanteur/claviériste/imprécateur, apportent à la soirée sa première touche un peu festive et chaleureuse : franchement bienvenue. C’est foutraque, puissant, mais précis, on se retrouve effectivement transporté à Camden, à l’Underworld ou dans un pub voisin, à l’époque de la première insurrection à l’artillerie lourde contre la britpop triomphante. Défendant son premier album, « The Earls of Mars », sorti en octobre 2013, le groupe a déjà été invité à tourner en Grande-Bretagne avec ORANGE GOBLIN. C’est pas par hasard : apparemment ils ont une potion magique et secrète – c’est eux qui le disent dans une chanson. A suivre.

On pouvait déjà connaître THE SHOES, restait ensuite à découvrir THE SOCKS. Les quatre Lyonnais ont bien la pêche, ils adulent BLACK SABBATH et LED ZEP – comment leur donner tort ? Et… ça s’entend tout de suite. Résolument hard rock et psyché, les Frenchies cultivent aussi de manière très méritoire des tronches des années 70. Un très bon moment, sans aucun doute, et c’est bien le principal, mais pas beaucoup de points pour l’originalité – dommage.

Restait à déguster DARK BUDDHA RISING, la star du jour avec ses plus de 3 700 likes sur facebook. Les cinq Finlandais (je vous remets pas le quintet finnois, du coup) proposent depuis 2007 un univers où le psyché le dispute au dark : heavy, grandiloquent, étrangement envoutant, au moins pour quelques minutes : malheureusement, bien des morceaux ressemblent à d’interminables intros et l’on se surprend souvent à attendre que ça démarre... Mais cette appréciation est personnelle et le public, désormais conséquent et bien chaud, répond avec une belle ferveur.

Cinq bonnes grosses heures de musique bien heavy, d’intéressantes découvertes, une salle toujours aussi agréable (et des conditions de lumière toujours aussi exigeantes pour les photographes) : merci à Glad et Nico pour leur accueil – mais surtout, merci à eux et à leurs potes de contribuer à faire vivre un Paris underground qui tabasse un minimum, pour des tarifs plutôt tranquilles.

Blogger : Naiko J. Franklin
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